Le MMA peine à être reconnu comme un sport de combat ni plus violent, ni plus dangereux que les autres. Certes, le MMA occasionne des traumas, mais la Fédération internationale met tout en oeuvre pour assurer la sécurité des combattants et un suivi médical poussé. « C'est ça notre priorité absolue », explique Kerrith Brown, son président. « Le suivi médical est très poussé, plus que dans les autres sports de combat. Nous voulons être sport olympique et nous nous devons de montrer l'exemple. »
De fait, l'IMMAF collecte le maximum de données : le nombre de K.-O., de K.-O. techniques, de soumissions, selon quelles modalités... Il y a un protocole spécifique selon les cas. Et tout est rendu public. « Nous n'avons rien à cacher, nous voulons être absolument transparents », explique Brown.
La prise en charge médicale n'est pas une sinécure à Bahreïn pour les Championnats du monde amateurs. « Tous les médecins présents (25 au total) lors de ces Championnats du monde sont pratiquants ou ont pratiqué le MMA durant plusieurs années. On ne peut pas bien soigner si on ne connaît le sport, les traumatismes qu'il peut occasionner », explique le médecin en chef de l'événement, le Dr Ajulenda Al Maskari.
« Dès qu'il y a un K.-O., c'est passage obligatoire à l'hôpital et IRM. Nous avons quatre ambulances disponibles en permanence »
« Il y a un médecin par cage et deux infirmiers. Chaque combattant est vu avant, et bien sûr après le combat, qu'il gagne ou qu'il perde. Et nous avons en plus des spécialistes en chirurgie plastique, neurologie, orthopédie, ophtalmologie et en gynécologie également, il y a 101 combattantes engagées », explique le spécialiste de la main qui a étudié à l'Institut de la main à Paris.
« Nous avons également des médecins à disposition des coaches et de l'entourage des combattants. Ils sont parfois âgés ou soumis au stress », lâche-t-il dans un sourire. Il y a trois salles médicales, deux pour les cas moins graves équipées de quatre lits chacune et une autre de « réanimation » pour les cas les plus graves. »
« Dès qu'il y a un K.-O., c'est passage obligatoire à l'hôpital et IRM. Nous avons quatre ambulances disponibles en permanence, une par cage, plus une cinquième pour parer les imprévus », précise le médecin en chef. Mais une entorse de la cheville, des vomissements post-combat peuvent aussi occasionner un passage à l'hôpital.
« Sept athlètes sont allés à l'hôpital le premier jour de la compétition. Il nous faut 15 minutes maximum pour nous y rendre, 6 minutes et demie au minimum. Et pour assurer le suivi des combattants en permanence, nous avons aussi un médecin et deux infirmières qui se relaient 24 heures sur 24 à l'hôtel des combattants », détaille Ajulenda Al Maskari, 10 ans de MMA au compteur.
« J'aime l'humilité des sports de combat et ce que j'apprécie particulièrement en MMA c'est son côté intellectuel »
En mode tournoi, la difficulté, c'est l'enchaînement des combats avec des traumas plus ou moins importants. « Plus les combats sont courts, mieux c'est, c'est sûr », explique Arnaud Colom, le médecin de l'équipe de France, spécialiste en microchirurgie de la main. « En pro, tu as des semaines pour récupérer. Chez les amateurs, il faut savoir se préserver. Le plus grave évidemment c'est la fracture, et le combat s'arrête, mais une entorse peut aussi te diminuer fortement. »
Un oeuf au visage, en revanche, ce n'est pas grand-chose : glaçage, anti-inflammatoire et doliprane feront leur office, explique ce pratiquant de MMA depuis 6 ans, après une vie de sports de combat qui l'a mené du judo à la boxe thaïe en passant par le karaté et le full-contact. « J'aime l'humilité des sports de combat et ce que j'apprécie particulièrement en MMA c'est son côté intellectuel. C'est un sport complexe, qui mêle le sol et les frappes debout. C'est très tactique, très stratégique, c'est comme une partie d'échecs. » Un sport de barbares le MMA, vraiment ?
Sous les mitaines, pour protéger les phalanges et éviter les fractures, on applique des bandes : le wrapping en français dans le texte. Aux Championnats du monde amateur à Bahreïn, le patron dans ce domaine, c'est Bob Plant. Robert Plant. Pas le chanteur, le wrapper. 40 ans d'expérience sur toutes les scènes du monde : l'UFC, le Brave, le One, Cage Warriors... « On a fait 264 bandages le premier jour de la compétition. On n'a pas arrêté de la journée. Moi ça me prend cinq minutes de faire les deux mains. Pour les autres c'est 10, 15, 20. Mais moi, j'ai un peu de bouteille », explique Plant. « On parle avec les combattants. En fonction de comment ils combattent, je leur fais des bandages un peu différents, selon qu'ils sont plus lutteurs, strikers... L'idée c'est qu'ils se sentent à l'aise et surtout qu'ils soient bien protégés », explique Bob. Qui, croyez-le ou non, habite à quelques kilomètres de Robert Plant, pas le wrapper, le chanteur cette fois.