« Racontez-nous ces deux jours un peu particuliers...
Je n'ai pas le souvenir d'en avoir déjà connu d'aussi difficiles... En tout cas, en dehors de la piste. Le vendredi, j'étais dans une chambre d'hôpital de Marrakech avec encore 40 degrés de fièvre et un mal de crâne terrible. En quarantaine dans une chambre minuscule avec des policiers qui gardaient ma porte parce que je voulais partir.
Mais j'avais l'interdiction de sortir de la chambre car on craignait le coronavirus et j'ai attendu le résultat (négatif) toute la journée. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus plaisant, surtout quand on regarde piloter les copains en séance d'essais libres 1. J'ai démarré le week-end avec deux handicaps, cette grippe carabinée et le fait de ne pas rouler.
Pourtant, ne pas participer à la première séance d'essais libres ne semble pas avoir trop affecté votre week-end...
Si, pour les qualifications. Car les tours autorisés à pleine puissance (250 kWatts comme en course) sont déjà peu nombreux et cela manque pour prendre confiance dans l'auto. C'est là que l'on prend ses repères de freinage qui deviennent différents d'avant. Alors, avec un seul tour à 250 kW samedi matin, c'était un peu juste. Je n'étais que onzième temps sur la grille de départ car j'en ai laissé un peu sur les gros freinages.
Une remontée incroyable, neuf places ! Et un podium inespéré ?
Samedi matin quand je me suis réveillé, je n'étais même pas certain de pouvoir courir. J'avais encore de la fièvre, ce n'était vraiment pas gagné. Alors, réussir à finir troisième est effectivement un très bon résultat et c'est probablement l'une de mes meilleures courses en Formule E. On a eu une belle bagarre, à la fin, avec Max (Günther, BMW-Andretti) !
Mais après l'avoir doublé, même si j'ai défendu ma deuxième place comme j'ai pu, j'ai su qu'il allait me repasser. Je n'avais plus d'énergie, j'ai fini à l'agonie (avec 0,1 % de batteries restantes sur la ligne). Je suis tout de même content de ma course, on n'aurait pas pu faire mieux car l'énergie qui m'a manqué en fin de course est celle que j'ai brûlée en doublant les autres. Maintenant, je vais avoir un peu besoin de récupérer de tout cela...
Comme l'an dernier, vous connaissez un début de saison un peu compliqué, qui ne vous avait pas empêché, en 2019, de conserver votre titre...
La course de Santiago (3e manche), j'aurais dû la gagner sans la casse d'un garde-boue avant. À Mexico, même chose : un problème sur la voiture m'a empêché de régénérer l'énergie comme il fallait. Pour l'instant, j'engrange des points et à un moment, les planètes finiront par s'aligner pour aller chercher des victoires car la voiture est très bonne, même s'il nous reste de petites choses à améliorer...
Craignez-vous que l'annulation potentielle de certaines courses, à cause de la situation sanitaire autour du coronavirus - Rome, Séoul...- vous prive d'occasions de refaire votre retard au championnat (8e à 36 points de son équipier Da Costa) ?
Cela ne m'inquiète pas car il y a des choses plus graves que le sport auto dans la vie. Et si ces courses-là devaient être annulées, ce serait pour de bonnes raisons. Il faut relativiser. S'il y a des annulations, d'autres courses les remplaceront peut-être et la saison se finira plus tard, en septembre. Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation ; la Formule 1 est face au même problème que nous, les Jeux Olympiques de Tokyo peut-être aussi... »