Arrivé dans le Championnat du monde d'endurance en 2023, Porsche n'a pas été en mesure de rivaliser avec Toyota ou l'autre prestigieux nouvel entrant, Ferrari, dès sa première saison. Le constructeur allemand, 19 victoires aux 24 Heures du Mans, un record, a joué les trouble-fêtes à de trop rares occasions (3e place au Portugal et à Fuji pour la 963 n°6 de Kévin Estre, André Lotterer et Laurens Vanthoor) et a surtout déçu sur LA course de l'année, dans la Sarthe, avec une 9e place pour meilleur résultat, pour la n°5 (Dane Cameron - Michael Christensen - Frédérick Makowiecki).
Des résultats qui ont « un peu déçu » Estre : « On savait que ça allait être difficile, avouait-il avant le lancement de la saison 2024. Mais on était clairement là pour gagner des courses et faire des podiums, et ça n'a pas été le cas. Il faut arriver à être constant sur la saison et être performant sur tous les circuits. »
Pointant du doigt la jeunesse du programme, ce qui n'a pourtant pas empêché Ferrari de remporter Le Mans, le Français estimait également que son équipe et sa voiture avaient progressé durant l'hiver. Au point d'imaginer un triplé en ouverture de la saison, au Qatar début mars ? Sans doute pas. « On sait ce qu'on a gagné, mais est-ce que ce sera suffisant ? », arguait-il. Apparemment, cela l'a été.
Une BoP pas si favorable au Qatar
Car sur le circuit de Losail début mars, les 963 ont réalisé une démonstration de force, avec la pole de Matt Campbell dans la n°5, et le triplé en course : victoire de la n°6 devant la n°12 de l'écurie cliente Team Jota (Callum Ilott - Norman Nato - Will Stevens) et la n°5. Que s'est-il dont passé pour qu'un outsider devienne un leader ?
Outre un tracé favorable, plat et sans gros vibreur, on pourrait imaginer aussi que la BoP (Balance of Performance) a joué un rôle primordial dans ce soudain gain de performance. Que nenni ! Entre la période post 24 Heures du Mans de la saison dernière, et la première course de cette année au Qatar, les 963 ont à la fois pris du poids (de 1046 à 1048 kg) et perdu de la puissance (de 514 kW à 505 kW). Certes, elles n'étaient pas les Hypercars les plus lourdes ou les moins puissantes à Losail, « privilège » réservé à la Toyota GR010 (1089 kg) et à la Cadillac V-Series R (499 kW), mais c'est donc aussi ailleurs qu'il faut chercher ce qui se cache derrière cette performance.
« La fiabilité est meilleure, nous pouvons désormais nous concentrer plus sur la performance »
Roger Penske
Travail et efforts, c'est ainsi qu'a résumé Thomas Laudenbach, le vice-président de Porsche Motorsport, les raisons qui expliquent ce triplé pour le moins inattendu : « Nous avons travaillé extrêmement dur et avons été récompensés. Tous les gens impliqués dans le programme ont tout donné et les pilotes ont été exceptionnels. »
Roger Pense, le patron de l'équipe américaine partenaire de Porsche sur ce projet, s'est montré un peu plus précis : « Nous avons amélioré notre compréhension de la voiture, comme le système de freinage. Et Porsche a travaillé sur la transmission, le groupe motopropulseur. La fiabilité est meilleure également, et nous pouvons désormais nous concentrer plus sur la performance. »
Reste maintenant à confirmer ce résultat dès ce week-end à Imola - sur un circuit moins lisse et plus bosselé que Losail, qui correspondait bien aux qualités de la 963 -, où le trafic sera très compliqué à gérer et où Toyota et Ferrari ont une meilleure BoP, et surtout au Mans, dans deux mois (15-16 juin), où Porsche sera en quête d'un 20e succès.