L'ÉQUIPE

Grégory Havret : « la pression du résultat ne sera pas la même »

Grégory Havret ne sait pas s'il pourra avoir accès aux tournois de reprise. (A. Alcalde/AFP)
Grégory Havret ne sait pas s'il pourra avoir accès aux tournois de reprise. (A. Alcalde/AFP)

Grégory Havret a appris la reprise du Tour européen avec bonheur. Pour autant, l'ancien numéro 1 français estime que la saison 2020 aura une saveur très différente, voire amère.

ma liste
commenter
réagir

Êtes-vous satisfait de ce retour aux affaires en juillet ?
Grégory Havret : « Oui, sans aucun doute. C'était important que le Tour européen propose des opportunités de jeu. Les joueurs ont de nouveau un travail, c'est l'essentiel. O.K., ce sont des tournois plutôt petits niveau dotation. Mais est-ce qu'il ne va pas falloir s'habituer à cette nouvelle réalité dans les prochaines saisons ? D'autant que c'est un peu sauve-qui-peut pour tout le monde en ce moment. Je trouve d'autant plus remarquable que le Tour ait réussi à "réquisitionner" des golfs qui avaient pour la plupart laissé tomber l'organisation de tournois depuis quelques années, dont le Celtic Manor ou le Belfry. Ce sont de grands parcours et c'est fort de les voir solidaires avec le Tour européen, d'une certaine manière.

L'ÉQUIPE

Pensez-vous disputer les six tournois de reprise ?
Pas tous, non. J'aimerais pouvoir jouer le British Masters, pour lequel j'ai demandé une invitation, et le dernier au Belfry. Mais je n'irai pas jouer tous ces tournois. Il y a plusieurs raisons à ce choix. D'abord, une raison familiale : j'ai tout simplement envie de passer du temps avec les miens. Et puis, le fait de jouer ou non ayant très peu d'incidence sur les catégories, je ne vais pas courir dans tous les sens. Je ne me sens en plus pas prêt, après deux mois de confinement, à repartir pour six tournois à bloc comme ça. Je me doute que beaucoup penseront autrement. Mais pas moi.

« Cette situation est tellement incertaine et volatile qu'il est d'autant plus important que la saison soit blanche. »

Grégory Havret

La quarantaine imposée avant l'entrée sur le sol britannique est-elle un frein ?
Bien sûr. Même si j'ai cru comprendre qu'entre la France et la Grande-Bretagne, cette mesure était, si ce n'est levée, au moins assouplie (la quarantaine est à ce jour toujours en vigueur). Mais au-delà de cette quarantaine, c'est la question de qui va concrètement pouvoir se rendre sur les tournois, qui va avoir peur d'attraper le virus etc., qui se pose... Cette situation est tellement incertaine et volatile qu'il est d'autant plus important que la saison soit blanche.

L'ÉQUIPE

Quel regard portez-vous justement sur cette saison figée, niveau statut sportif ?
De ce que j'ai compris, le comité des joueurs a été très partagé à ce propos, en tout cas au niveau des catégories de jeu. L'idée de certains était de compter, malgré tout, le début de saison et de dérouler les choses comme d'habitude avec des montées et des descentes sur le Tour. Mine de rien, quelques Français comme Adrien Saddier ou Antoine Rozner, pour ne citer qu'eux, avaient mis pas mal de points en banque. Et pour eux du coup, ça ne sert presque à rien. De toute façon, dans ce genre de décision, on lèse forcément quelqu'un... Le vote en faveur d'une remise à zéro des droits de jeu pour 2021 est passé, mais de justesse.

N'est-ce pas étrange d'avoir une Race to Dubai active, mais des catégories de jeu figées ?
Je crois que la volonté est tout simplement de couronner un vainqueur de la Race to Dubai 2020. Et qu'à part résultat exceptionnel, les catégories de 2020 seront reconduites telle quelles pour l'an prochain. Un vainqueur de tournoi obtiendra bien sûr la catégorie associée s'il ne l'a pas déjà. Et de ce que j'ai entendu, sur le Challenge Tour, si quelqu'un gagne trois tournois, il accédera au Tour. Mais les évolutions de statuts, que ce soit sur le Tour européen ou le Challenge Tour seront de toute façon minimes.

« On va jouer pour gagner notre vie, mais je pense que cette période de reprise va surtout globalement servir de préparation pour 2021. »

Grégory Havret

Le fait de jouer pour du beurre enlève-t-il une saveur sportive à cette reprise ?
Ce serait délicat de dire le contraire. Tout comme se plaindre de cette reprise ne serait pas non plus bienvenu vu ce qui se passe dans d'autres sports comme le tennis. Mais c'est bien sûr dommage qu'il n'y ait plus le même genre d'enjeux sportifs. On va jouer pour gagner notre vie, mais je pense que cette période de reprise va surtout globalement servir de préparation pour 2021. On pourra rentrer plus en profondeur dans du travail technique et même tenter davantage de choses sur le parcours. Mais la pression du résultat ne sera pas la même. Et je suis certain qu'on verra certains joueurs attaquer bien plus que d'habitude. Le jeu sera sûrement un peu différent.

Le Tour a-t-il bien communiqué auprès des joueurs dans cette période trouble ?
Ça n'a pas été extraordinaire. On a eu quelques mails en provenance du Tour au fil des mois, mais vous avez eu plus d'informations que nous sur la reprise et les tournois qu'on allait pouvoir jouer... Je ne jette pas la pierre au Tour pour autant, vu la période compliquée qu'on a tous vécue.

Est-ce désormais plus simple d'imaginer un calendrier pour la fin d'année ?
Pour un joueur qui a ma catégorie (en provenance des cartes européennes), c'est compliqué. Je ne sais même pas si je pourrai rentrer dans ces tournois de reprise, tant les places vont être chères. Même des tournois peu dotés vont devenir des entonnoirs à joueurs dans un sens. Et puis, on n'a encore aucune idée, au-delà des quelques Rolex Series, du calendrier après cette série de six tournois en Grande-Bretagne. Ce serait un vrai casse-tête si la saison n'avait pas été gelée niveau droit de jeu. »

publié le 28 mai 2020 à 20h08 mis à jour le 28 mai 2020 à 22h03
Les commentaires sont soumis à des règles de modération. lire la charte