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Jeff Goldblum : « Je suis un humble étudiant de mon corps »

Jeff Goldblum (Mark Von Holden/AP/SIPA)
Jeff Goldblum (Mark Von Holden/AP/SIPA)

Jeff Goldblum, 67 ans, acteur et pianiste de jazz, s'est prêté à la rubrique « Fenêtre sur corps » du magazine L'Équipe.

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« Mon corps a toujours contribué à mon enthousiasme mental. Je me souviens de rêves d'enfant, en équilibre sur une balançoire avec un feu en dessous. Sans peur, excité par le risque. Ça se joue dans les tripes. Paradoxalement, je n'éprouve nulle appréhension avant une représentation ou un concert. Au moment d'entrer en scène, je me sens relax, à ma place.

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J'étais un enfant assez physique. Nos parents nous emmenaient au théâtre et j'observais les mouvements des acteurs. J'aimais danser. J'ai suivi des cours de classique, de modern jazz et de claquettes. J'adore la pantomime. J'ai été subjugué par le mime Marceau sur scène. Et quand j'ai vu le film les Enfants du paradis, de Marcel Carné, Jean-Louis Barrault est devenu un modèle. À 17 ans, je voulais aller à Paris étudier dans sa troupe.

J'aimais tous les sports, surtout lancer des balles. Personne ne tenait aussi longtemps que moi devant un geste aussi répétitif. Je passais des journées entières sous un panier de basket. Mon oncle a été à deux doigts de jouer en NBL, la ligue professionnelle de basket qui a précédé la NBA (la NBL a existé de 1937 à 1949). Il était une vedette dans le cinq majeur du Westminster College, en Pennsylvanie. Il a perdu la vie en Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Son avion a été abattu.

Mon père, qui était engagé comme lui, était médecin et officier et il a survécu. Il a même combattu jusqu'en Allemagne. Lorsque je jouais au basket, papa me regardait d'un oeil particulier : il paraît que je ressemblais beaucoup à son frère... On vivait à Pittsburgh. On avait un abonnement annuel pour les matches des Steelers, dont je suis toujours fan même si je vis désormais en Californie.

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« Je n'ai pas la prétention de contrôler mon corps »


Je me couche tôt pour être levé dès 5 heures et travailler mes rôles. On a une salle de sport à la maison. Je connais mon corps et j'alterne entre poids et cardio avec un programme rapide et complet. Puis je termine par une heure de piano. Ensuite, je réveille les enfants, je leur prépare le petit déjeuner et je les conduis à l'école. Depuis dix ans, je vis avec Emilie Livingston, qui a participé aux JO de Sydney en 2000 (pour le Canada) en gymnastique rythmique. À 6 ans, elle avait un coach bulgare et est partie s'entraîner en Russie. Elle a été médaillée d'or des Jeux panaméricains à 16 ans.

J'ai toujours eu de l'appétit pour la performance physique. Demeurer actif permet de rester connecté à soi-même dans un métier à forte dimension psychologique. Je suis un humble étudiant de mon corps. Il est le véhicule de notre jeu, régule l'énergie qu'on transmet. Il faut parfois des centaines d'heures de travail pour qu'une émotion vraie s'offre. Je n'ai pas la prétention de contrôler mon corps. Je cherche même à le décontrôler, à le laisser agir intuitivement afin d'honorer les vibrations, émotions et pulsations qu'il propose. C'est essentiel, en tant qu'acteur autant que lorsque j'improvise au piano dans le jazz. »

Body-data : Jeff Goldblum, c'est...
1,93 m pour 88 kg.
75 longs-métrages pour le cinéma,
11 pièces de théâtre, 24 rôles pour la télévision.
2 albums de jazz comme pianiste, dont « I shouldn't be telling you this », sorti en novembre dernier chez Decca/ Universal.
publié le 27 mars 2020 à 14h00
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