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Mort de George Floyd - Jo-Wilfried Tsonga : « Ça donne envie de crier plus fort »

Jo-Wilfried Tsonga à Melbourne en janvier (P. Lahalle/L'Équipe)
Jo-Wilfried Tsonga à Melbourne en janvier (P. Lahalle/L'Équipe)

Quelques jours après la mort tragique de George Floyd à Minneapolis aux États-Unis, Jo-Wilfried Tsonga évoque le racisme auquel il a lui-même été confronté.

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Lundi, Jo-Wilfried Tsonga participait à la vidéo du joueur américain Frances Tiafoe réagissant à la mort de George Floyd, le 25 mai à Minneapolis aux États-Unis. « En tant que métis, ce genre de comportement m'est insupportable et j'ai l'impression que ça devrait l'être pour tous, explique-t-il dans un entretien accordé à France Info. Le monde entier a été frappé par ce fléau, ça divise les peuples. Et être derrière ce pauvre George (Floyd), ce n'est pas juste être derrière la communauté noire américaine, c'est beaucoup plus que ça pour moi. »

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« J'étais l'un des seuls enfants d'un père immigré dans mon école primaire. Je vous laisse imaginer la suite »

Le Français de 35 ans, qui a « un papa noir, une maman blanche » et se « considère Noir et Blanc », a été confronté au racisme très tôt dans sa vie. « J'étais l'un des seuls enfants d'un père immigré dans mon école primaire. Je vous laisse imaginer la suite. » Les surnoms à l'école puis les insultes. Puis les contrôles d'identité dans la rue, à son arrivée au Centre national d'entraînement (CNE), dans le 16e arrondissement de Paris. « Alors que mes camarades, eux, n'étaient jamais contrôlés. »

« J'ai été refusé dans des établissements alors que mes amis, eux, avaient le droit d'entrer, se souvient le 49e mondial. On me disait : "Toi, tu n'entres pas, mais vous, vous pouvez entrer". J'ai vu mon père qui, parfois, était traité avec mépris ou avec peur. C'était douloureux pour moi. » Et même des gens dans la rue cacher leur sac en le voyant. « Ça, ça me faisait très mal. »

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« On avait déjà "Yannick Noah, le Franco-Camerounais", mais bizarrement on n'entendait jamais "Cédric Pioline, le Franco-Roumain". Pas besoin d'être un génie pour trouver l'erreur »

Au début de sa carrière, Tsonga ne comprenait pas pourquoi on le ramenait si souvent, notamment dans les médias, aux origines congolaises de son père. « On avait déjà "Yannick Noah, le Franco-Camerounais", mais bizarrement on n'entendait jamais "Cédric Pioline, le Franco-Roumain." Pas besoin d'être un génie pour trouver l'erreur. »

« Noir français » en France, « Blanc africain » en Afrique, l'ancien 5e mondial a mis du temps à trouver sa place. Aujourd'hui, il combat le racisme à travers son fils, « originaire de six pays. J'espère qu'il parlera plusieurs langues. »

« Il m'a été inculqué de ne jamais mettre ça en avant pour en faire une revendication, de ne pas donner du grain à moudre aux ignorants, explique-t-il. C'est vrai que je n'en parle jamais, mais je ne suis pas naïf à ce sujet. Cette tragédie (la mort de George Floyd), c'est juste une de trop. Forcément, ça donne envie de crier plus fort, de crier ma peine. »

publié le 2 juin 2020 à 14h08
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