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Le Français Ibrahim Ghanem champion du monde de lutte gréco-romaine en -72 kg

Prometteur chez les jeunes sous les couleurs égyptiennes, Ibrahim Ghanem est devenu samedi, à 28 ans, le quatrième français champion du monde en gréco-romaine. Sacré en -72 kg, il devra néanmoins changer de catégorie s'il veut récidiver aux Jeux de Paris l'été prochain.

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La voix cassée mais le verbe rempli de fierté, Yvon Riemer ne cachait pas sa joie d'avoir accueilli samedi à Belgrade (Serbie) un nouveau venu dans le cercle très fermé des lutteurs français champions du monde en gréco-romaine. Directeur des équipes de France, celui qui a été sacré en 1995 chez les -74 kg était aux premières loges samedi pour assister au triomphe d'Ibrahim Ghanem, impérial pour décrocher le titre en -72 kg et rejoindre ainsi Patrice Mourier (1987 en -57 kg) et Mélonin Noumonvi (2014 en -85 kg) dans ce qui est désormais le club des quatre.

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« Ibrahim n'a jamais douté une seule seconde, c'était très impressionnant, raconte Riemer. Rien n'est jamais parfait mais là il n'en était vraiment pas loin. Il a survolé les débats. » Exempté du tour de qualification, pas inquiété en huitièmes puis en quarts de finale, Ghanem est allé chercher l'or grâce à deux victoires de prestige contre des adversaires qu'il n'avait jamais battus. D'abord vendredi en demi-finales face au Turc Selcuk Can (4-0), médaillé de bronze mondial en 2022. Puis hier soir contre le Hongrois Robert Fritsch (3-0), champion d'Europe en 2022. « J'avais perdu deux fois contre les deux, c'était impossible que je perde une troisième fois, dans ma tête c'était la guerre, assure Ghanem. Je suis vraiment fier de ce titre, ça récompense mon travail mais aussi celui de toute l'équipe, 2014 ça commençait à remonter ! »

Pas passé loin du podium mondial l'année dernière (5e), déjà à Belgrade, Ghanem s'avançait cette fois-ci avec un statut de candidat très sérieux au titre, grâce notamment à sa médaille d'argent européenne décrochée en avril à Zagreb (Croatie). « Ce podium l'a libéré, appuie Riemer. Ça l'a délesté d'un poids, il avait beaucoup moins de pression. Il s'est prouvé qu'il était capable de faire de grandes choses. »

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De l'Egypte à la France

Lutteur très physique, de ceux qui agressent l'adversaire sans répit jusqu'à l'usure, Ghanem a toujours été destiné à faire de grandes choses. Mais sous les couleurs de l'Égypte, son pays de naissance, avec lequel il obtient une médaille de bronze aux Mondiaux juniors en 2014 et deux titres de champion d'Afrique séniors (2015 en -66 kg et 2017 en -71 kg). Le destin en a ensuite voulu autrement. Après les Mondiaux 2017, disputés à Paris, Ghanem décide de rester en France et de tenter sa chance avec le club d'Aulnay-sous-Bois.

« Si je voulais avoir un avenir en lutte, c'était en France. Le club d'Aulnay-sous-Bois m'a fait confiance, puis la Fédération avec l'Insep, et maintenant je suis champion du monde. »

Ibrahim Ghanem

« Je ne pouvais pas rester en Égypte, la fédération faisait n'importe quoi, confie celui qui a obtenu la nationalité sportive française fin 2019. Si je voulais avoir un avenir en lutte, c'était en France. Le club d'Aulnay-sous-Bois m'a fait confiance, puis la fédération avec l'Insep, et maintenant je suis champion du monde. Merci la France ! »

Surmotivé à l'idée de représenter son pays d'adoption aux Jeux de Paris 2024, Ghanem est encore loin du Champs-de-Mars. La catégorie des -72 kg n'étant pas olympique, son titre mondial ne lui garantit en rien une place pour l'été prochain. Il devra soit descendre chez les -67 kg, soit monter en -77 kg. Et ses crédits ne seront pas illimités : le TQO européen de Bakou (Azerbaïdjan) en avril et, si nécessaire, le TQO mondial à Istanbul (Turquie) en mai. « On va voir avec le staff, la décision n'est pas encore prise », avoue Ghanem. « Les deux options sont sur la table, explique Riemer. Il y a une très grosse concurrence en -67 kg, c'est notre catégorie la plus dense. Dans les deux cas, le choix ne sera pas évident. L'avenir nous le dira. » Pour ce qui est du présent, il est doré.

publié le 23 septembre 2023 à 19h19 mis à jour le 23 septembre 2023 à 23h55
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