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Les tops et les flops du 88e Masters d'Augusta

Ludvig Aberg termine deuxième du Masters 2024 (P. Lahalle/L'Équipe)
Ludvig Aberg termine deuxième du Masters 2024 (P. Lahalle/L'Équipe)

Grandes ou petites histoires, joies immenses et déceptions ont été comme chaque année au menu du Masters. De la confirmation Ludvig Aberg au spleen de Jon Rahm en passant par le gros mot de Zach Johnson, Augusta n'a pas déçu !

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Les tops

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Aberg dis donc !

Et dire qu'avant ce Masters, Ludvig Aberg n'avait jamais joué le moindre tournoi du Grand Chelem. Cela n'a pas empêché le Suédois de 24 ans d'être déjà neuvième joueur mondial à son arrivée en Géorgie. Comme à Rome en septembre dernier au sein de l'équipe européenne, le vainqueur de la dernière Ryder Cup a été encore une fois épatant avec ce statut de débutant sous pression maximale. Le tout sur un tracé particulièrement inamical. Flanquée de son mentor et compatriote Peter Hanson (3e du Masters en 2012), la pépite scandinave n'a eu de cesse d'agir comme s'il venait ici depuis 10 ans.

Choix stratégiques impeccables, coups de longs fers au plafond, pas de boulette majeure sur les greens avec aucun trois-putts en quatre tours. Et surtout, ce langage corporel à peine croyable de détachement. Même après sa tragique balle dans l'eau qui lui coûtera le tournoi le dimanche, au 11, il a su rester de marbre et même souriant, comme si l'importance du tournoi ne l'atteignait pas. Son secret pour rester si imperturbable, « rester dans le présent, j'y pense tout le temps et il ne faut pas s'en détourner. Pourtant, le golf est la seule chose au monde qui me stresse, je suis juste bon pour gérer ça ! » Aberg n'est certes pas devenu le premier rookie à s'imposer ici depuis 1979, mais ce 14 avril, il a définitivement mérité et validé sa place parmi l'élite mondiale.

La folie du nain

La boutique du Masters est une cash machine invraisemblable, ramenant 10 millions de dollars par jour à l'ANCG, soit 70 millions de revenus annuels garantis, rien que pour la semaine du tournoi. La demi-heure de queue parfois nécessaire pour y accéder n'effraie pas les patrons, les spectateurs comme on les appelle là-bas, tous désirant ramener à la maison un morceau d'Histoire. Au point qu'une limite de panier quotidien à 1 000 dollars serait imposée aux visiteurs.

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Une somme qui, croyez-nous, file beaucoup plus vite qu'on ne le croit vu l'alléchante devanture du shop (drapeaux, mugs, balles, marqueurs, textiles, ou même gamelle pour chien). L'objet culte ? Le nain de jardin, proposé depuis 2016 en modèle unique. Un gnome de céramique sold out tous les jours, dès la première heure d'ouverture et qui se monnaiera vite autour de 500 billets sur le web. Soit déjà 10 fois sa valeur...

Les fers bombés de Bryson

Coleader après deux tours et finalement 6e, le « scientifique » du golf Bryson DeChambeau a joué ce 88e Masters avec une toute nouvelle série de fers. Du matériel jugé conforme seulement trois jours avant le début du premier Majeur de la saison, à cause de stries jugées trop profondes.

Conçues à l'aide d'une imprimante 3D, ces lames de marque Avoda (tiré de l'hébreu signifiant « précision ») sont dotées d'une face courbée et non plate, à la façon des bois traditionnels. Le but, corriger les effets de frappes décentrées. Ces clubs, disponibles en longueur unique ou traditionnelle, devraient sortir sur le marché en mai prochain.

20 millions sur la table

La surenchère de dotation ne semble pas ralentir dans le golf professionnel. Doté à 18 millions de dollars en 2023, le Masters est cette année passé à 20 millions de billets verts (18,8 millions d'euros), dont 3,6 millions pour le vainqueur. Soit une rémunération à hauteur de la plupart des nouveaux Elevated Events du PGA Tour.

Quand Norman trolle McIlroy

Depuis la naissance du LIV, le clivant Greg Norman n'est plus le bienvenu au Masters. Au point que pour venir faire un tour sur les fairways géorgiens, l'ancien champion australien a même dû s'acheter des tickets, comme le péquin lambda, en se dégotant des pass au marché noir sur Washington Road.

Jamais avare de taquineries contre ses ennemis du PGA Tour, le boss du circuit dissident s'est même permis d'aller suivre la partie d'entraînement de Rory McIlroy, sans doute le joueur qui le déteste le plus au monde. On dit même que le Nord-Irlandais n'a pas levé un ballon durant la présence de l'autrefois surnommé Great White Shark, immanquable avec son chapeau iconique.

Les flops

Rory McIllroy n'a encore une fois pas gagné le Masters. (Eloisa Lopez/Reuters)
Rory McIllroy n'a encore une fois pas gagné le Masters. (Eloisa Lopez/Reuters)

Pas classe, Zach

Durant un deuxième tour exceptionnellement éprouvant pour les joueurs (75,08 de moyenne de score), certains esprits ont chauffé et les noms d'oiseau ont parfois fusé dans le ciel géorgien. Habituellement calme et courtois, Zach Johnson, 48 ans, a sans doute franchi la ligne, balançant un « fuck off » guère de bon aloi sur les terres de Bobby Jones.

Surtout s'il s'adressait au public, qui a semblé le railler après le triple-bogey de l'ex-capitaine de Ryder Cup. L'Américain s'est ensuite excusé, expliquant sans convaincre qu'il s'adressait à lui-même.

Il a bien fait de l'ouvrir

Wyndham Clark est un golfeur de très haut niveau, vainqueur de l'US Open, joueur de Ryder Cup et doté d'une frappe de balle à faire rêver la planète entière. Quand il ouvre la bouche, en revanche, le quatrième joueur mondial est parfois moins pertinent, parfois même agaçant d'excès de confiance en soi tant il aime se persuader qu'il est au-dessus du lot.

Jeudi, l'Américain s'est permis une pique gratuite envers le leader d'alors, Bryson DeChambeau, auteur d'un joli 65. Soit huit coups de moins que Clark, qui a lâché ceci, tout fier devant les micros : « Il y a encore trois tours à jouer, ce qui n'est pas évident (pour les joueurs du LIV) qui jouent sur 54 trous. Et si (Bryson) a fait 65, je peux le faire aussi. » W. C. ratera nettement le cut le lendemain. Le karma, sans doute.

Rory, encore raté

L'abonné de cette rubrique malheureusement, puisque comme tout le monde ou presque, on aime Rory McIlroy et on souhaite tout autant que lui de le voir boucler son Grand Chelem personnel en remportant enfin le Masters. Le n° 2 mondial a eu beau engager Butch Harmon, l'ex-coach mythique de Tiger Woods, pour l'aider à débloquer son compteur à Augusta, ça n'a une nouvelle fois pas marché.

Rescapé du cut après deux premiers tours sans réussite, se déclarant « en panne de swing » après avoir tapé des balles jusqu'à la nuit tombée du vendredi, le Nord-Irlandais semble résigné, en tout cas sur ce parcours après une 22e place finale, à 15 coups de Scottie Scheffler. Et plus les années passent et plus la tâche sera rude, pour un joueur qui court après un Majeur depuis août 2014.

Day, le doigt sur la couture

Au Masters, personne ne rigole avec les règles édictées par l'Augusta National Golf Club et les joueurs, qui sont invités plus que qualifiés pour le premier Majeur de la saison, doivent se plier aux codes locaux. Jason Day en a fait l'expérience après s'être vu gentiment intimer l'ordre d'aller se changer, après avoir disputé le premier tour avec un haut criard de son nouvel équipementier.

L'inscription « Malbon Golf Championship » en police XXL n'a pas du tout plu aux membres. Day s'est exécuté, sans discuter : « Respectueusement, j'ai obéi car il s'agit avant tout du tournoi, et je le comprends. Et je respecte l'institution. »

Rahm a perdu son putting. Et un ami

Il a traversé sa semaine de tenant du titre comme une âme en peine, franchissant le cut de justesse, coulant sur les greens qui l'avaient pourtant vêtu de sa première veste verte l'an dernier. Depuis son triomphe de 2023, Jon Rahm a quitté le navire pour le LIV et sa défection ne semble pas l'enchanter tant que cela. Sans jamais se renier verbalement, on a bien senti en lisant entre les lignes et en l'observant que la vie sur les circuits traditionnels lui manquait.

Et si le gain financier est immense pour l'Espagnol, la perte humaine semble majeure. Rahm : « J'ai retrouvé tout le monde cette semaine et comme prévu, mes amis restent mes amis. Et puis quelqu'un avec qui je m'entendais très bien et qui m'apportait beaucoup ne m'a même pas regardé... Et ça, je ne m'y attendais pas. » On ne saura pas qui exactement, mais vu la triste mine de l'ex n° 1 mondial en quittant Augusta, cette amitié semblait valoir tout l'or du monde.

publié le 15 avril 2024 à 17h20 mis à jour le 16 avril 2024 à 01h05
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