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Esport - Rocket League : la surprise Gentle Mates vainqueur du Major à Copenhague

Gentle Mates a remporté un trophée dès son premier tournoi en physique sur Rocket League. (A. Sznajder/Epic Games)
Gentle Mates a remporté un trophée dès son premier tournoi en physique sur Rocket League. (A. Sznajder/Epic Games)

En battant les Américains de G2 en finale (4-2), Gentle Mates a remporté le Major de Copenhague, ce dimanche. Pour le premier tournoi en physique du club sur Rocket League, et alors qu'il était le moins attendu des quatre représentants francophones, l'exploit est immense.

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Le conte de fées ne semble jamais vouloir se terminer pour Gentle Mates. Ce dimanche, le jeune club français, pourtant pas attendu à un tel niveau, a réalisé l'exploit de remporter le Major de Copenhague, au terme d'une journée renversante. Après avoir écarté la Karmine Corp dans un choc fratricide en demi-finales, il a écarté les Américains de G2 (4-2) en finale. Comme ça avait été le cas sur Valorant, il y a de cela six mois, M8 soulève un trophée dès son premier tournoi en physique disputé sur Rocket League.

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Portés par la folie des débuts, Amine « Itachi » Benayachi et ses coéquipiers ont évolué sur un petit nuage tout au long de la dernière journée, suivie par près de 250 000 spectateurs en simultané sur Twitch en France. En finale, ils avaient pourtant la lourde tâche de poursuivre la longue domination des clubs francophones - vainqueurs de quatre des cinq derniers tournois majeurs - sur Rocket League, face au seul club du reste du monde qui avait réussi à se hisser dans le dernier carré.

Juicy nommé MVP

Mais la tâche n'a jamais semblé trop lourde pour eux. Pas inhibés par le stress, ils ont pris le meilleur départ, dominant allégrement les trois premières manches, grâce à une nouvelle excellente performance de Charles « juicy » Sabiani, logiquement sacré MVP du tournoi. Trop tardif, le réveil de G2 leur a uniquement permis de revenir à 3-2. Mais une ouverture du score rapide d'Enzo « Seikoo » Grondein dans la sixième manche a placé ses coéquipiers dans un fauteuil pour aller chercher le trophée... Qui a mis une éternité à être soulevé, tant le trio n'avait en tête que de fêter la victoire avec ses fans.

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Le temps d'une soirée, Copenhague s'était transformé en jardin français. Pendant quatre heures, la salle a été animée par les échanges d'amabilités entre les trois groupes de supporters des clubs francophones encore en lice, les « On va gagner » succédant aux « On est chez nous », sans que le reste du monde, dépassé ce week-end comme depuis plusieurs années sur Rocket League n'ait trop son mot à dire. Dans cette ambiance bon enfant, les Green Suits - l'association de fans de Gentle Mates - n'a pas manqué de jouer son rôle, fêtant comme il se doit chaque ligne de l'incroyable success story en train de s'écrire sous leurs yeux.

Un destin inespéré

Rares sont ceux, pourtant, qui avaient prévu un tel destin à la jeune équipe, la moins en vue des quatre fantastiques francophones avant le tournoi. Qualifié de justesse pour le Major, pas toujours convaincant dans le jeu depuis le début de la saison, Gentle Mates s'est trouvé un nouveau style, plus collectif et défensif, au Danemark. Il a payé dès le premier tour, que l'équipe a survolé sans essuyer la moindre défaite, avant de confirmer en phase finale.

Dans ce tournoi monté à la va-vite par Epic Games, qui tâtonne avec son circuit compétitif depuis le début de l'année, M8 a jonglé mieux que quiconque avec les aléas. Peu importe qu'elle n'ait de place ni pour s'entraîneur ni pour s'échauffer dans l'enceinte : la jeune structure a gardé sa routine, réalisant ses exercices d'avant-match sur une route goudronnée derrière la salle, malgré la grisaille danoise. Avec en meneur d'hommes Kévin « Brawks » Georges, seul des trois dirigeants emblématiques du club à avoir pu faire le déplacement.

« Je me déplace beaucoup avec les équipes pour m'assurer de leur performance, leur faire de l'entraînement cognitif, confiait avant la demi-finale l'ancien joueur professionnel de Call of Duty, avant d'aller lancer des balles de tennis à ses joueurs pour s'assurer de leurs réflexes. On commence tout juste à se structurer, donc forcément au début d'une entreprise, on fait tous cinq boulots différents. Je suis pas de nature stressée, mais à chaque apparition de mes joueurs, je suis en plein stress, mon coeur bat à 1000, surtout sur Rocket League... Comme je ne connais pas trop le jeu en plus, pour moi chaque action est potentiellement dangereuse, donc ça me procure des émotions folles. »

Une demie irrespirable contre la Karmine

Ces dernières ont, inévitablement, été décuplées lors de la demi-finale face à la Karmine Corp. Face au favori annoncé de ce Major, qui avait remporté tous ses tournois depuis le début de la saison, ses joueurs ont réalisé un exploit monumental (4-3), qui leur a ouvert une voie royale pour le trophée. Pour le coach Benjamin « Eversax » Wagner et Itachi, la tension devait pourtant être élevée, au moment de faire face à leur ancienne équipe pour la première fois sur scène, après une séparation houleuse. Avant-match, le duo a pourtant affiché une concentration impressionnante, qui tranchait avec l'attitude de leurs adversaires, volontairement chambreurs.

L'opposition de styles s'est d'ailleurs poursuivie jusque sur le terrain, où la rigueur collective des Mates s'est frottée au potentiel individuel de la KC. Pour l'emporter, les futurs vainqueurs ont dû subir un scénario dingue, effacer une balle de match après un long overtime, puis gérer la pression lors de la manche décisive après avoir rapidement ouvert le score, jusqu'au soulagement final. Forcément déçu mais sorti la tête haute, Axel « Vatira » Touret, star de la Karmine, n'a alors pas manqué de donner à Itachi, son ancien capitaine, une accolade aux allures de réconciliation.

Fin de série pour Zen

Troisième club francophone toujours en lice pour ce Championship Sunday, Team Vitality s'était aussi arrêtée en demi-finales un peu plus tôt dans la journée. Le champion du monde en titre a pourtant souvent semblé en maitrise face à G2, mais a subi une remontée terrible dans la deuxième partie, qui a déstabilisé le trio. Dans le coup jusqu'au bout, le club s'est finalement incliné dans une septième partie irrespirable, qui a laissé Alexis « Zen » Bernier le souffle coupé et les yeux embués pendant une longue minute au pied des tribunes de la K.B. Hallen Arena.

Aussi folle que la statistique puisse paraître, cette élimination était en effet la première du prodige français, dont l'éclosion en 2023 a été supersonique, dans une LAN du circuit officiel. « Il a été abattu par la défaite, comme tout le monde, confiait Victor "Fairy Peak !" Locquet, son coach, venu le réconforter immédiatement après-match. Il est jeune, c'est sa première défaite en LAN. C'est mon rôle de le canaliser, de faire en sorte qu'il soit le moins déçu possible et ne prenne pas la défaite pour lui. »

Pour revenir encore plus fort pour la suite de la saison, qui s'annonce peut-être plus tendue que prévu. Alors que la France - et l'Europe par extension - semblait un ton au-dessus des autres régions, ce Major a prouvé que le niveau, plus haut que jamais, s'était aussi considérablement resserré. Pour l'emporter aux Mondiaux, qui ont été annoncés avant la finale à Fort Worth (Texas) pour la mi-septembre, le niveau d'exigence sera inévitablement élevé. Et Gentle Mates a pris de l'avance.

publié le 31 mars 2024 à 23h19 mis à jour le 9 avril 2024 à 11h57
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