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Esport - Rocket League : à Copenhague, le titre peut-il échapper aux Français ?

Champion du monde en titre, le trio français de Vitality sera l'une des équipes à battre à Copenhague, où les Tricolores sont très attendus. (Psyonix)
Champion du monde en titre, le trio français de Vitality sera l'une des équipes à battre à Copenhague, où les Tricolores sont très attendus. (Psyonix)

Le premier Major de Rocket League de la saison aura lieu de jeudi à dimanche à Copenhague. La France y sera très bien représentée, avec huit joueurs et trois clubs en lice. Mais les meilleures équipes des ligues américaines ou du Moyen-Orient veulent éteindre l'hégémonie de l'Hexagone sur le jeu.

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C'est la fin d'une longue attente. Plus de sept mois après la finale des Mondiaux 2023, les RLCS, le circuit compétitif de Rocket League, pose dès ce jeudi ses valises à Copenhague pour un Major, premier tournoi intercontinental de la saison. Seize équipes se disputeront le trophée au Danemark, et le titre honorifique de « meilleure région du moment ». Parmi elles, les quatre représentants de l'Europe sont particulièrement attendus : les deux derniers tournois de cette ampleur mais aussi les Mondiaux ont été remportés par des formations du Vieux Continent, qui semble aujourd'hui être la région la plus forte de la planète. De loin.

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Et si l'Europe est considérée comme le navire amiral des RLCS, sa figure de proue est Tricolore. Derrière les États-Unis (neuf joueurs), la France sera le pays le plus représenté au Major avec huit unités, répartis dans quatre équipes : la Karmine Corp, Vitality, Gentle Mates, trois clubs français, et BDS, structure suisse francophone. Vainqueur des trois tournois continentaux qualificatifs pour ce rendez-vous danois, la KC débarque ainsi avec une étiquette de grand favori... dont les principaux concurrents semblent être ses rivaux hexagonaux. C'est en tout cas le sentiment partagé par beaucoup.

Mais Rocket League est un jeu capricieux, indécis, sur lequel plusieurs trios de différentes régions du monde peuvent en réalité prétendre aux titres s'ils répondent présents au bon moment. Et les adversaires de l'Europe alignent cette année quelques effectifs taillés spécialement pour la faire chuter de son piédestal. Des « super-équipes ».

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La question se pose donc : le titre pourrait-il échapper aux Français à Copenhague ? « Oui », affirme Robin « LifeIsCool » Pachot-Giroux, commentateur et analyste chez Rocket Baguette, le diffuseur des compétitions en français, particulièrement attentif à ce qui se passe dans les autres ligues majeures. « Certaines équipes sont suffisamment fortes pour mettre en danger nos représentants », poursuit-il. Elles sont au moins trois, selon lui. Une par région.

G2, principal adversaire de l'Europe

G2, d'abord, en Amérique du Nord : « Ils ont roulé sur leur ligue, explique LifeIsCool. S'ils ne gagnent pas les trois tournois chez eux, c'est parce qu'ils s'amusent, tentent des choses lors du dernier, ça se voit. Et ils sont quand même allés jusqu'en finale. Ils ont rempli leur premier objectif : dominer leur région. L'autre moitié du chemin, c'est le monde. »

Titré en Major et finaliste des Mondiaux en 2022, G2 a connu une année 2023 décevante. Si Atomic (Massimo Franceschi, présent depuis deux ans) a été conservé, le management a décidé de l'entourer de deux des plus gros talents américains de la saison dernière : Daniel (Daniel Piecenski) et BeastMode (Landon Konerman), déjà coéquipiers chez Version1.

« Cette équipe a été construite pour abattre l'Europe, ajoute LifeIsCool. Leur style est proche de ce que montrait Team Liquid l'an dernier. Ils ont deux joueurs assez haut sur le terrain, Atomic et BeastMode, qui pressent, empêchent les relances. Daniel joue un cran derrière et décide si G2 joue de façon hyperagressive à trois, ou plus défensivement. C'est la différence avec Liquid, qui avait constamment un élément en retrait. Cette équipe peut mettre énormément de pression sur le terrain. Le souci de ce plan de jeu c'est qu'il peut ouvrir des espaces derrière... » Pour le commentateur de Rocket Baguette, aucun doute : G2 est la plus grande menace de l'Europe, un cran derrière la Karmine, mais au niveau de BDS ou Vitality.

Lors des derniers Mondiaux, à Düsseldorf, aucune équipe nord-américaine n'avait atteint le dernier carré, dominé par l'Europe. (Michal Konkol/Psyonix)
Lors des derniers Mondiaux, à Düsseldorf, aucune équipe nord-américaine n'avait atteint le dernier carré, dominé par l'Europe. (Michal Konkol/Psyonix)

Derrière G2, les Saoudiens de Falcons, dont la formation est composée des trois plus gros talents de la région, sont une autre « super-équipe » qui peut bousculer les Français. Comme la Karmine Corp, cette équipe a remporté trois titres sur trois possibles à domicile, sur la route du Major.

« Ils ont l'une des meilleures défenses du monde, c'est dur de jouer contre eux parce que tu peux te casser les dents, décrit LifeIsCool. Face à Falcons, tu attaques beaucoup, mais tu mets peu de buts. Ça peut te frustrer. Ils jouent beaucoup en blocs, défensif ou offensif. Individuellement, c'est très fort. C'est l'équipe la plus jeune du Major (deux des joueurs ont 16 ans, le troisième 18), on est sur le symbole même des joueurs de la nouvelle génération : ils savent tout faire et vont très vite. »

Furia, l'autre menace

Enfin, les Brésiliens de Furia viennent compléter le trio des principaux dangers pour l'Europe. Au sein de la ligue sud-américaine, ils ont commencé par une finale avant de remporter les deux tournois suivants. « C'est une équipe agressive, qui aime avoir le contrôle du ballon au milieu, explique Robin Pachot-Giroux. S'ils ont pu avoir du mal à se comprendre et se marchaient dessus, ils sont plus sages aujourd'hui, ils se laissent de l'espace les uns les autres. Ce sont des joueurs qui aiment faire la différence mécaniquement, individuellement. Là aussi, c'est une "super-équipe", ils ont été alignés ensemble dans cette idée. »

Même si des tendances se dégagent, ce Major étant la première opportunité de voir s'opposer les différentes régions cette saison il est de fait entouré d'incertitudes. La Karmine parviendra-t-elle à répondre à l'agressivité de G2 ? Zen et Vitality réussiront-ils à contourner le bloc de Falcons ?

« Je ne pense pas que la différence se fera sur les styles de jeu, intervient LifeIsCool. En Europe, on a la chance d'avoir beaucoup de diversité, énormément de façons de jouer. Je ne pense pas que nos représentants seront surpris. C'est mentalement qu'on peut se faire dépasser : en dehors de la Karmine, BDS, Vitality et Gentle Mates ont été inconstants et ont montré qu'ils pouvaient douter, l'un après l'autre. Falcons, G2 et Furia ont tous dominé leurs régions. Ils arrivent en confiance et motivés. » Avec une cible bien définie dans le viseur : l'Europe et les Français.

Ferra : « G2, pas G2... »
Victor « Ferra » Francal (coach de la Karmine Corp) : « Avec ce qu'on a montré, on arrive en confiance. G2, pas G2... On a suffisamment d'adversaires de taille en Europe pour se sentir prêts. Les Américains, on les connaît, l'an dernier ce n'était pas dingue, ils n'ont pas réinventé l'eau chaude en six mois. Ils ont pu réorganiser leurs équipes, avec de nouveaux talents, il ne faut pas les sous-estimer, mais je ne suis pas inquiet.

Maintenant, j'ai le souvenir de BDS qui dominait l'Europe entre 2020 et 2022, et les Américains doutaient d'eux parce qu'il n'y avait pas de tournois intercontinentaux à cause de la pandémie. "Ils sont forts dans une région nulle". On a vu ce que ça a donné (BDS a gagné un Major fin 2021, avant de remporter les Mondiaux quelques mois plus tard). On retrouve un peu ce schéma avec G2. Peut-être qu'ils sont forts dans une région faible, mais s'ils ont été capables de dominer autant l'Amérique du Nord, ils sont sans doute au moins au niveau des meilleures équipes européennes. Il faut les respecter. »
publié le 27 mars 2024 à 19h28
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