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Les Bleus peinent à se faire une place dans les grands meetings d'athlétisme

Romain Barras, responsable du haut niveau à la FFA, ici avec Kevin Mayer lors des Championnats du monde à Eugene l'été dernier. (F. Faugère/L'Équipe)
Romain Barras, responsable du haut niveau à la FFA, ici avec Kevin Mayer lors des Championnats du monde à Eugene l'été dernier. (F. Faugère/L'Équipe)

Wilfried Happio est le seul Bleu présent à Doha. Avec les rankings, il est de moins en moins facile d'engager des Français dans des gros meetings.

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Un et puis c'est tout. Wilfried Happio doit se sentir isolé à Doha où il est l'unique Français engagé dans la première Ligue de diamant de la saison. D'accord, l'immuable rythme de préparation et le calendrier des Bleus s'adaptent rarement à une compétition aussi précoce, mais cette situation est symbolique du niveau actuel de l'athlétisme tricolore. À de rares exceptions, les Français n'ont pas le niveau et il devient de plus en plus difficile de les engager dans les meetings. « D'autant, comme le souligne l'organisateur de Lausanne Jacky Delapierre, qu'il y a certains organisateurs qui constituent leur plateau essentiellement en fonction du ranking », ce classement par points basé sur celui de l'ATP, qui entre de plus en plus en compte pour les sélections aux Mondiaux et JO.

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Inviter des athlètes bien notés leur vaut de marquer plus de points au classement des meetings. Or, les Français ne sont pas nombreux à être bien placés dans leur discipline : il y en a huit dans le top 8 (Mayer et Schrub 1er ; Happio et Lavillenie 4e ; Bigot 5e ; Robert et Lamote 7e ; Tual 8e) et dix-sept dans le top 16. Pas de bon classement, donc pas d'invitation dans les épreuves qui fournissent le plus de points, donc peu d'opportunités d'avancer rapidement dans le classement et de rentrer dans les gros meetings pour se frotter aux meilleurs mondiaux. Le serpent qui se mord la queue. Heureusement qu'il y a quelques échappatoires. Un meeting comme Lausanne (30 juin), qui se disputera juste avant les sélections américaines et jamaïquaines, aura nombre de couloirs à offrir.

Le patron du haut niveau à la fédération française (FFA), Romain Barras, est conscient du problème. L'homme n'est pas fan des rankings. Il estime que « le système n'est pas équitable ». « Ça renforce les grandes nations, les gros groupes d'entraînement ou les gros agents », dit-il. Vrai. Mais cela a toujours été le cas.

Muscler les compétitions nationales et s'appuyer sur un circuit hivernal fort pour limiter la casse

Pour essayer de limiter la casse à défaut de renverser la vapeur, il a mis en place une stratégie qui vise à compenser autant que possible ces difficultés. À commencer par ouvrir en grand les portes du meeting de Ligue de diamant de Paris (9 juin). L'an passé, ils étaient quarante et un Français à Charléty. Selon la FFA, seuls les Britanniques font mieux pour leurs nationaux. La France fait aussi en sorte de muscler les compétitions nationales. « Aujourd'hui, relève Barras, on a un circuit hivernal qui est un des meilleurs du monde et on a plus de meetings "Silver" (qui comptent plus de points) que l'an passé ». Trois (Montreuil, Sotteville et Nancy), contre un en 2022.

Just Kwaou-Mathey et Pascal Martinot-Lagarde, lors du meeting de Liévin en février dernier. (F. Faugère/L'Équipe)
Just Kwaou-Mathey et Pascal Martinot-Lagarde, lors du meeting de Liévin en février dernier. (F. Faugère/L'Équipe)
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Le patron du haut niveau a également fait appel à l'intelligence artificielle et à celle de Sébastien Homo. L'ancien perchiste a pour tâche de développer deux algorithmes qui doivent permettre aux athlètes et à leurs entraîneurs d'optimiser le choix de leurs compétitions. Le premier, qui devrait être opérationnel dans les prochains jours, permet par un simple clic d'aller chercher les compétitions en fonction de ce qu'on cherche. En un instant, un perchiste pourra savoir où et quand sont organisées les compétitions de perche, quel est leur statut (et le nombre de points que cela permet de glaner), les coordonnées de la compétition, etc...

Le deuxième algorithme est une projection des rankings à une date donnée dans le futur. L'objectif est de donner aux athlètes une meilleure vision de leur classement au moment où seront arrêtées les sélections pour les Mondiaux ou les Jeux, et éviter de se disperser dans une quête effrénée de points s'ils savent déjà qu'ils ont la possibilité d'être bien classés. Seul hic, cela ne présage pas des performances que feront les athlètes. Et on sait que sur les années olympiques ou pré-olympiques, cela va toujours plus vite, plus haut et plus loin. Ce qui est le propre de l'athlétisme et qu'on attend de tous. Y compris des Français.

publié le 5 mai 2023 à 11h46
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