Roxana Maracineanu l'a répété mercredi : « Il est de notre responsabilité commune, dirigeants, sportifs, éducateurs, élus locaux, parents, agents publics, de reconnaître nos défaillances face aux drames personnels et aux crimes parfois vécus pendant des années. » La ministre des Sports n'est pas entrée dans le détail de ces défaillances, mais en ce qui concerne son ministère, elle aurait pu citer le très médiatique cas de Gilles Beyer, aujourd'hui accusé de viols par deux anciennes patineuses dont la championne Sarah Abitbol.
Révélé par L'Équipe fin janvier, le cas de cet ancien entraîneur national maintenu dans le circuit du patinage artistique français malgré des signalements pour ses « attitudes ambiguës » avec des patineuses mineures a grandement participé à la démission, en février, du président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet, sous la pression de Roxana Maracineanu.
Un rapport de l'Inspection générale est en cours
Depuis, dans cette affaire, Didier Gailhaguet n'a de cesse de pointer les propres manquements du ministère des Sports, qu'il a par ailleurs attaqué au tribunal administratif pour l'avoir traité en « bouc émissaire ». Aujourd'hui, les documents recueillis par L'Équipe permettent de mettre en lumière certains de ces manquements. De 2011 à 2019, le ministère des Sports, à travers ses services déconcentrés au sein de la Direction départementale de la cohésion sociale, a signé des récépissés de déclarations de stage d'été du club des Français Volants, auxquels ont participé des dizaines de patineurs mineurs. Des stages qui étaient menés « sous la direction de Gilles Beyer », comme on peut le lire sur les différentes brochures réalisées par le club, alors même qu'un rapport de l'Inspection générale du ministère avait préconisé, en juin 2000, qu'il n'ait plus de fonctions d'encadrement de jeunes.
Interrogée par L'Équipe à ce sujet mercredi, Roxana Maracineanu a rappelé qu'un « rapport de l'Inspection générale est en cours » sur les nombreuses accusations de violences sexuelles qui ont fait trembler la FFSG ces derniers mois, rapport qu'elle a elle-même initié. « Nous reparlerons des responsabilités de la Fédération française des sports de glace et éventuellement du ministère des Sports » quand les résultats de l'inspection seront connus, a-t-elle poursuivi. « On voit bien qu'on doit mieux travailler la question de la circulation de l'information au sein du ministère, entre l'échelon national et territorial », a pour sa part reconnu Fabienne Bourdais, déléguée ministérielle à la lutte contre les violences dans le sport.