De Louboutin aux terrains, avec Séverine Parlakou, il n'y a qu'un pas. Celui franchi à l'été 2020 par cette accro au sport et à la mode pour se lancer dans le journalisme. En quatre ans de présence dans les médias, la Bruxelloise de 32 ans a rapidement été remarquée dans le paysage audiovisuel belge et désormais français. Elle multiplie cette saison les collaborations avec Eleven en Belgique, diffuseur de la Pro League, la chaîne L'Équipe en France en qualité de chroniqueuse de L'Équipe de Choc, et DAZN comme créatrice de contenus digitaux autour de la L1 et du MMA... tout en développant sa propre chaîne Twitch. « Je n'ai pas le temps, je fonce », sourit-elle.
Née de parents belges d'origine albanaise, Séverine Parlakou a d'abord foncé sur les courts de tennis dès 4 ans. « Cela a été une grande partie de ma vie, j'aimais tellement cela que, de 16 à 24 ans, l'été je donnais des leçons à des pioupious plutôt que de partir en vacances. J'ai aussi fait du hockey, du judo, de l'escalade, du volley », ajoute-t-elle avec un débit mitraillette.
« J'habitais Anderlecht. Quand mon père m'a emmenée voir mon premier match, j'avais 7 ans. Je suis tombée folle amoureuse. De l'atmosphère du stade, du jeu, de tout ! En plus, il y avait eu 4-0, j'avais vu du spectacle et des buts ! »
Séverine Parlakou
Avant de poursuivre : « Puis j'habitais Anderlecht, une vraie ville de foot. Quand mon père m'a emmenée voir mon premier match, j'avais 7 ans. Je suis tombée folle amoureuse. De l'atmosphère du stade, du jeu, de tout ! En plus, il y avait eu 4-0, j'avais vu du spectacle et des buts ! »
Fan du Real, comme son idole Rafael Nadal, l'étudiante en communication choisit Madrid comme destination pour son programme Erasmus en 2016. « J'ai vécu six mois de folie, avec des matches de dingue à Bernabeu et la première Ligue des champions de Zizou comme entraîneur. »
En rentrant à Bruxelles, elle débute à la communication de RTL. « J'étais de l'autre côté, je vendais les programmes de la chaîne et de la radio. Je savais que je voulais travailler dans le sport mais dans les médias belges, c'est extrêmement fermé, on retrouve les mêmes personnalités depuis vingt ans. Je tournais un peu en rond à RTL et un jour, L'Oréal m'a proposé de devenir porte-parole du groupe pour le Benelux. »
La jeune femme accepte mais elle conserve son « job du samedi » débuté à 22 ans : vendeuse chez Louboutin. « Je l'ai gardé parce que je suis passionnée. J'étais meilleure vendeuse "part time" au monde, je recevais des tonnes de cadeaux. Aujourd'hui, j'ai plus de 80 paires de Louboutin, même des bottes pour aller sur les pelouses », conclut la pitch-reporter des affiches du Championnat belge.
En 2020, tout bascule. « Pendant l'été, un ami m'envoie un message pour me dire que la chaîne d'info en continu LN24 cherche quelqu'un pour présenter une chronique sport deux fois par semaine. Je passe un casting le jeudi et le lundi je suis à l'antenne. J'avais zéro expérience. Cela dure dix-huit mois et je quitte tout à cause d'un rédacteur en chef bien macho. »
Mais aussi avec l'idée de se lancer déjà à son compte. Elle produit alors Entre les lignes, un podcast coanimé avec l'international belge de foot Marvin Ogunjimi, et commence à se construire un réseau. Persuadée d'être faite pour cela, en janvier 2022, la Bruxelloise démissionne de L'Oréal et Louboutin.
L'été suivant, encore au culot après de longues semaines sans avancées, « sans le soutien financier de mes parents je n'y serais jamais arrivée », la trentenaire contacte sur LinkedIn le « big boss » d'Eleven. « J'aimais leur approche digitale, je les sentais beaucoup plus modernes que RTL et la RTBF. »
« Rester moi-même, c'est une force. Je parle de sport à l'antenne comme avec mes potes. Quitte à parfois faire des petites gaffes et à en sourire »
Séverine Parlakou
Après un nouveau casting, elle est lancée en décembre, micro en main en bord terrain. « Peu de gens étaient contents de ma venue, se souvient-elle. C'était très compliqué au début. On disait que j'étais là seulement grâce à mon physique, que je couchais avec la terre entière, tous les entraîneurs, tous les joueurs. Il y a même un coach qui a dû démentir ! Un jour, j'ai pris entre quatre yeux le commentateur qui faisait circuler ces rumeurs et je lui ai dit : "Maintenant, tu arrêtes !" Ce sont des personnes installées depuis longtemps et je suis très différente, très connectée, je m'habille comme je veux. Oui, je porte des crop tops et alors ? »
Le harcèlement, la journaliste le subit aussi parfois en ligne sur les réseaux sociaux, au point de le dénoncer cette saison dans un clip de sensibilisation. Inspirée par le travail de Marie Portolano sur le sujet, elle se reconnaît aussi en sa consoeur dans « la spontanéité ». Et cite également la présentatrice anglaise Kate Abdo comme modèle, « la Queen du Game ». « Rester moi-même, c'est une force. Je parle de sport à l'antenne comme avec mes potes. Quitte à parfois faire des petites gaffes et à en sourire. »
Tout ce qui colle à l'esprit de L'Équipe de choc, le talk de la chaîne L'Équipe lancé cette saison. Une fierté pour la Belge et une arrivée remarquée par l'animatrice France Pierron : « Quand une fille débarque dans une bande, tu te demandes toujours comment elle va s'en sortir. T'es en minorité, il y a les clichés, ce n'est pas facile. Mais, dès la première, elle nous a tous bluffés par son audace, son bagou, ses connaissances et, surtout, la façon de les présenter. Elle est toute mince mais on dirait qu'elle a 250 kg d'énergie ! J'aime qu'elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Ce petit côté insolent pour se faire sa place tout en apportant son immense sourire, cela lui réussit parfaitement. »
Présente une fois par semaine, la chroniqueuse a déjà marqué les esprits. Journaliste dans l'exercice et déjà sollicitée en vue de la saison prochaine, Séverine Parlakou conserve néanmoins la gestion d'une société de com digitale et n'est pas encore titulaire d'une carte de presse.
Un statut qui ne gêne par Marc Las, rédacteur en chef de la chaîne : « Le plus important est d'être crédible et légitime et, avec elle, aucun doute là-dessus. Ce sont des émissions de personnalités et elle en a une. Un personnage qu'on aime ou qu'on déteste dans ses prises de position mais qui ne laisse pas insensible. » Au moment de lui trouver un défaut, ses collègues français se creusent la tête et, tout d'un coup, France Pierron balance : « Elle pense vraiment que la Belgique va gagner l'Euro ! »