Ce lundi 17 heures, Nathanaël Mbuku a toqué à la porte de la salle de presse du centre d'entraînement de Betheny avant d'y pénétrer. Cette rare marque de politesse a fait marrer les médias présents pour sa première expression publique. Pas ceux qui fréquentent le jeune attaquant de 17 ans, bien éduqué, qui entonne un « Bonjour Monsieur » après s'être saisi du téléphone.
Natif de Villeneuve-St-Georges (Val-de-Marne), cadet d'une famille d'origine congolaise de quatre garçons domiciliée en région parisienne, Nathanaël était titulaire samedi face à Bordeaux (1-1) en soutien de Boulaye Dia pour la deuxième fois de la saison après une heure de jeu au Parc des princes (2-0, 25 septembre). Indiscutable titulaire en sélection, le gaucher a étrenné avec culot sa médaille de bronze en Coupe du monde U17 au Brésil où il a inscrit cinq buts (dont un triplé) et offert une passe décisive du 27 octobre au 17 novembre.
« C'était incroyable à vivre, au pays du football, se souvient-il. On a effectué un bon parcours malgré une demi-finale (2-3 face au Brésil, 15 novembre) qui nous reste en travers de la gorge. On est une bande de pote qui se connaissait avant la sélection. Tout le monde s'est senti à l'aise. »
« Je suis un peu le chouchou, la mascotte »
Lui aussi excelle dans les vestiaires de l'équipe de France de Jean-Claude Guintini qui l'utilise sur le flanc gauche tel un ailier de débordement au registre élargi, Adil Aouchiche (PSG) occupant l'axe offensif. « C'est un garçon très attachant, dit le sélectionneur des Bleuets, toujours d'humeur égale et avec le sourire. Il est déterminé et passe d'une forme de déconcentration avant les matches à une attitude très professionnelle pendant la compétition. Il est devenu un pilier qui a gagné en confiance et en maturité au sein du groupe. »
Un joueur très puissant sur ses jambes, difficile à déstabiliser, qui n'hésite pas à dribbler et à tenter sa chance. Il ne s'est pas non plus mis la moindre pression au sein du groupe champenois maintenant qu'il a été bizuté pour en assurer le cri de victoire après les matches. « Je suis un peu le chouchou, la mascotte, rigole-t-il. Jusqu'à présent (depuis la victoire à Marseille, 2-0 le 10 août), c'est moi qui gère. »
Sous contrat jusqu'en 2023
Avant Bordeaux, Boulaye Dia, qui partage sa chambre lors des mises au vert, lui avait dit de montrer qu'il n'était pas titulaire pour rien. « J'ai tout fait pour prouver que le jeune âge n'est qu'une étape, admet l'attaquant repéré par David Guion, puis préformé à Clairefontaine à l'âge de 14 ans avant d'intégrer le centre de formation de Reims il y a deux saisons. Je suis plus ou moins satisfait. J'ai eu quelques occasions que je pouvais concrétiser mais dans le jeu collectif et l'état esprit, j'ai été présent. »
Premier mineur à commencer une rencontre sous l'ère du président Jean-Pierre Caillot, Nathanaël Mbuku a paraphé, la saison passée, son premier contrat pro jusqu'en juin 2023. Régulièrement surclassé, il a jusqu'à présent digéré sans difficulté toutes les étapes de sa progression (U17 nationaux, U19, Nationale 2, L1). Et fait souffler un vent de fraîcheur sur l'effectif marnais.
« J'ai envie de l'utiliser pour ça aussi, confirme l'entraîneur de Reims qui avait exigé de recevoir le joueur en priorité à son retour d'Amérique du Sud pour le protéger de sa nouvelle notoriété. Il ne se cache pas, sert de relais et fait jouer les autres. Il fait ce qu'il réussit à l'entraînement. Il tente, amène des coups francs. C'est un très jeune garçon bien entouré qui a beaucoup de choses à apprendre. Et qui doit réussir son baccalauréat, l'été prochain. Cela soldera une saison 2019-2020 magnifique. »