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Habib Beye sur la gestion du ramadan : « J'appelle ça de la discrimination religieuse »

Habib Beye a tenu à défendre ses joueurs qui pratiquent leur foi, vendredi en conférence de presse. (E. Garnier/L'Équipe)
Habib Beye a tenu à défendre ses joueurs qui pratiquent leur foi, vendredi en conférence de presse. (E. Garnier/L'Équipe)

Après le cadre général établi par la FFF concernant la pratique du jeûne en mois de ramadan, l'entraîneur du Red Star Habib Beye a dénoncé une « discrimination religieuse » contre les musulmans, à l'issue de la rencontre entre le Red Star et Nancy, ce vendredi.

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Alors que la FFF a établi cette année un « cadre général » réglementant la pratique du jeûne durant le mois de ramadan au sein des sélections nationales, l'entraîneur du Red Star Habib Beye a donné sa position sur l'intrusion de la pratique religieuse dans le football, évoquant notamment le ramadan, à l'issue de la rencontre entre le Red Star et Nancy ce vendredi (1-1).

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« Ma position, c'est que je respecte vraiment la foi de mes joueurs, quelle qu'elle soit, a affirmé l'ancien joueur de l'OM. J'ai des joueurs qui font le carême en ce moment, c'est 46 jours, c'est différent dans l'approche de cette religion. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on ne voit que les inconvénients. Moi, je ne vois que les avantages. Ça crée de la cohésion, des discussions, une solidarité que, peut-être, les gens ne voient pas sur un terrain de football. Quand on a recruté nos joueurs on savait qui ils étaient humainement, quelle religion ils pratiquaient, on ne s'est pas réveillé la veille du ramadan. Notre job, c'est de les accompagner. »

« Ma prise de position est celle d'un coach qui soutient ses joueurs dans tout ce qu'ils font, surtout lorsqu'ils pratiquent une foi qui leur est propre. »

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Le consultant de Canal + a également dénoncé une « discrimination religieuse » et une « stigmatisation » à l'encontre des musulmans.

« Ce que je vois, c'est très dur à lire et à entendre. J'appelle ça de la discrimination religieuse (...) parce que si on le fait sur une religion, il faut le faire sur toutes les religions, et ce n'est pas le cas aujourd'hui (...) On stigmatise cette religion et on met les gens dans des cases, on est en train de diviser, alors qu'on devrait unir autour de cette logique de religion et de partage. Ce que je vois, ce sont mes joueurs qui jeûnent, à côté de joueurs qui ne jeûnent pas, il y a un échange, ça rigole, ils partagent les mêmes moments et ça, j'appelle ça de la cohésion (...) Je suis très fier que mes joueurs se retrouvent dans leur foi, quelle qu'elle soit. »

« En aucun cas, mon équipe est impactée par le ramadan ou une autre religion »

Le technicien de 46 ans a également tenu à démonter la théorie selon laquelle des joueurs qui jeûnent seraient moins performants.

« Ce qui me dérange, c'est de penser que des joueurs ne sont pas performants parce qu'ils font le ramadan. Quand vous regardez mon équipe, aujourd'hui, j'en ai 14 [qui font le ramadan] et 5 qui font le carême. Sur un groupe de 26 joueurs, j'ai 19 joueurs qui sont impliqués dans une religion qui amène à jeûner (...) Ce dont on ne se rend pas compte, c'est qu'à ce moment-là ils se retrouvent avec eux-mêmes, c'est une force supplémentaire pour eux. En aucun cas, mon équipe est impactée par le ramadan ou une autre religion et vous l'avez vu ce soir. J'ai 14 joueurs qui font le ramadan, 6 étaient sur le terrain, qui ont jeûné et coupé le jeûne à 19h10, le match étant à 19h30. Vous avez vu le match de Merwan (Ifnaoui, joueur du Red Star) ? Ça vous donne la réponse à la problématique que tout le monde expose aujourd'hui. »

publié le 23 mars 2024 à 16h32 mis à jour le 23 mars 2024 à 17h21