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Le procès de Kevin Staut et de son ex-compagne dans une affaire de « violences volontaires » va se tenir jeudi

Kevin Staut, lors du Saut Hermès 2022. (E. Knoll/Images Inn/Presse Sports)
Kevin Staut, lors du Saut Hermès 2022. (E. Knoll/Images Inn/Presse Sports)

Le cavalier français Kevin Staut et son ex-compagne Marie Valdar Longem, elle aussi cavalière, se retrouvent jeudi au tribunal de Lisieux, quatre mois après la date initiale de leur procès, pour une affaire dans laquelle ils s'accusent mutuellement de « violences volontaires ».

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Un collectif, « NousToutes Rhône », avait bruyamment exigé, début novembre, en marge d'Equita Lyon 2023, que le cavalier Kevin Staut (43 ans), se désengage des concours, car « le silence dont profite cette affaire est un scandale. » L'affaire, des coups ayant entraîné des ITT, dont s'accusent mutuellement l'ancien champion olympique par équipes de saut d'obstacles (2016, à Rio), et sa partenaire d'alors, Marie Valdar Longem, une cavalière norvégienne, remonte à la nuit du 2 au 3 février 2023, en marge d'un autre rendez-vous français coté, le Jumping international de Bordeaux.

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Que s'est-il passé dans la chambre que partageaient Staut et Longem ? Ni les caméras, ni le personnel n'ont permis de dégager une vérité. Le tribunal de Lisieux, saisi en raison de la domiciliation du cavalier français, proche de Dives-sur-Mer, va essayer jeudi après-midi - si la neige attendue en Normandie ne contrarie pas les plans - de déterminer qui a agressé qui et qui est éventuellement coupable « de violences volontaires ».

La lumière aurait pu venir dès le 14 septembre, ce qui aurait été bien pratique à moins de 200 jours des Jeux Olympiques vers lesquels les deux accusés se projettent. Mais les deux parties avaient obtenu le renvoi au 18 janvier, le dossier ne leur ayant été communiqué que quelques heures plus tôt...

« Il y a une seule et unique victime »

Antonin Lévy, l'avocat français de Marie Valdar Longem

Aucune investigation supplémentaire n'a été menée par la gendarmerie de Deauville chargée de l'enquête. Aucune demande de conciliation n'a été déposée. Et l'ambiance n'est pas au rabibochage. « Il y a une seule et unique victime », martèle Antonin Lévy, l'avocat français de Longem. Il produira notamment une photo du visage ensanglanté de sa cliente, qui sera présente.

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Marie Valdar Longem, lors du Jumping international de Bordeaux, en 2019. (E. Knoll/FEI/Presse Sports)
Marie Valdar Longem, lors du Jumping international de Bordeaux, en 2019. (E. Knoll/FEI/Presse Sports)

Le téléphone portable de Staut, dont son ex-compagne se serait emparée, et qu'il aurait voulu récupérer, est à l'origine du conflit. Longem décrit un coup de tête violent à son égard et un placage au sol. Staut raconte qu'il dormait sur le canapé, qu'il a brutalement été réveillé par sa compagne qui s'est fortement appuyée sur son genou gauche, très fragile, qu'elle s'est blessée le nez en tapant contre son front. Son genou a nécessité des soins pour qu'il puisse disputer les concours prévus à Bordeaux, avant qu'une nouvelle auscultation, conclue à quinze jours d'ITT. « Nous plaiderons la relaxe », prévient Fanny Colin, son avocate.

Les Jeux sont aussi un enjeu. Marie Valdar Longem, actuellement 320e mondiale et qui évolue principalement sur le circuit américain, avait demandé à la Fédération internationale d'équitation d'écarter Kevin Staut des concours pour éviter d'éventuelles rencontres impromptues. La FEI, qui sait parfois sanctionner fortement, s'en est tenue à sa règle de non-intervention « afin de garantir l'intégrité du processus ». La Fédération Française s'est alignée sur cette neutralité pour certains, passivité pour d'autres.

Staut « humainement affecté » par cet affrontement judiciaire

Derrière Julien Epaillard, 5e mondial, et Simon Delestre, 7e mondial, Kevin Staut, 20e mondial, postule clairement à la troisième place accordée à chaque nation qualifiée pour les JO à Versailles, sur ses qualités unanimement reconnues de pilote, son ambition sportive jamais démentie et son expérience.

Sa saison 2023 a été chaotique, avec notamment un Championnat d'Europe quelconque. Mais son valeureux cheval de tête de quinze ans d'âge, Visconti du Telman, semble avoir retrouvé de la vigueur, témoin leur victoire la semaine dernière à Bâle sur un Grand Prix, qui en confirmait une autre à Stuttgart, en novembre. Ils sont même passés plus près d'une performance encore plus significative, fin novembre à Madrid, en lice pour le barrage d'un Grand Prix de Coupe du monde, avant une inhabituelle erreur de parcours sur le tout dernier obstacle. Mais Staut a déjà assuré sa qualification pour la grande finale de Riyad, en Arabie saoudite, mi-avril.

Il ne souhaite pas épiloguer publiquement sur cet affrontement judiciaire qui l'a « humainement affecté » et se veut très combatif en terre familiale. Une éventuelle condamnation ne remettrait pas forcément en cause une possible qualification olympique. Au vu de l'engorgement du calendrier judiciaire, un appel n'interviendrait pas avant de nombreux mois.

publié le 18 janvier 2024 à 08h30 mis à jour le 18 janvier 2024 à 09h06
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