Si l'équipe Jumbo-Visma a régné sur la saison 2023 en raflant notamment les classements généraux des trois Grands Tours avec trois coureurs différents, les Monuments lui ont tous échappé : après avoir laissé filer Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège, l'armada néerlandaise a en effet échoué à remporter le Tour de Lombardie ce samedi, après avoir pourtant roulé en tête de peloton une majeure partie de la journée.
Pour son dernier jour en jaune et noir, Primoz Roglic a laissé l'autre grand favori du jour, son compatriote Tadej Pogacar, partir dans la descende du Passo di Ganda et remporter l'épreuve pour la troisième année d'affilée.
Le Slovène, déjà lauréat d'un Ronde époustouflant au printemps, a donc achevé sa saison de la plus belle des manières. Discret jusqu'à l'ascension principale de la course, marqué de près par son rival de Jumbo-Visma, le leader d'UAE-Emirates a placé trois accélérations décisives dans le Passo di Ganda. Une première lui a permis de raccrocher un petit groupe d'outsiders qui venait de se détacher et de mettre en lumière les faiblesses de Roglic.
Une deuxième l'a propulsé seul en tête pendant quelques instants, avant qu'Aleksandr Vlasov ne le rejoigne. La troisième, la plus inattendue, l'a vu réattaquer dès l'entame de la longue descente vers Bergame. Ses rivaux, surpris, l'ont laissé prendre quelques longueurs d'avance... et ne l'ont plus jamais revu.
Pogacar, après Binda et Coppi
Pris de contractures musculaires dans la longue portion plate finale menant les coureurs vers l'arrivée dans la ville lombarde, Pogacar, grimaçant, a profité de la mésentente des six coureurs qui le poursuivaient (Adam et Simon Yates, Carlos Rodriguez, Primoz Roglic, Andrea Bagioli et Aleksandr Vlasov) pour maintenir sa minute d'avance et s'imposer en solitaire.
Il est devenu le troisième coureur de l'histoire à remporter le Tour de Lombardie trois fois d'affilée, après Alberto Binda dans les années 1920 et Fausto Coppi dans les années 1940, et achève ainsi une nouvelle saison extraordinaire, jalonnée de 17 succès dont deux Monuments, une Flèche Wallonne et l'Amstel Gold Race, deux étapes sur le Tour de France ou encore le général de Paris-Nice...
« Gagner ici trois fois de suite, c'est fantastique, a réagi Pogacar. Je me sentais très fort aujourd'hui (samedi) et je connaissais bien le final donc j'étais obligé d'attaquer loin de l'arrivée. J'aurais préféré partir avec Vlasov et collaborer avec lui jusqu'à l'arrivée mais c'est vite revenu derrière, donc à l'instinct, j'ai accéléré au début de la descente, j'ai pris un peu d'avance et ça a suffi. C'était encore une journée de course très, très dure. J'étais au bord des crampes dans le final. Un instant, j'ai cru que c'était fini. »
Evenepoel a chuté, Pinot a fait ses adieux
Pogacar, qui a finalement devancé Bagioli (2e) et Roglic (3e), n'aura pas eu à lutter contre Remco Evenepoel, victime d'une chute après seulement 20 km de course. Le champion de Belgique, reparti avec le coude ensanglanté, n'a jamais été en mesure de rivaliser avec les autres favoris. Dans l'ascension décisive de l'épreuve, le phénomène a lâché prise dès la première accélération des favoris. Il s'est néanmoins accroché et a coupé la ligne en neuvième position, à la tête du troisième échelon de course où figurait aussi Romain Bardet (11e).
Aucun autre Français n'a vraiment pesé sur la course, même s'ils sont plusieurs à se glisser dans le top 30 - Clément Berthet (16e), Warren Barguil (24e), Clément Champoussin (26e) et Valentin Madouas (27e) -.
La journée a tout de même été marquée par les superbes adieux offerts à Thibaut Pinot, qui n'avait pas les jambes pour viser haut ce samedi, mais a été accueilli en héros à Bergame par plusieurs centaines de supporters français, à l'image de l'hommage qu'il avait reçu lors de l'étape vosgienne l'été dernier sur le Tour de France. Le grimpeur tricolore achève ainsi sa carrière sur sa course favorite, où il avait obtenu en 2018 sa plus belle victoire.