Comment ça se passait jusque là ?
Depuis 1968, c'était simple : il y avait une compétition internationale par an. Les Jeux Olympiques les années paires bissextiles. Le Championnat du monde (devenu Coupe du monde en 2014) les années paires non bissextiles. Les différents championnats continentaux les années impaires. Ces derniers délivraient les billets pour le tournoi intercontinental de l'année suivante.
2014 : Coupe du monde
2015 : Euro (les deux premiers qualifiés pour les JO, les cinq suivants qualifiés pour un TQO)
2016 : JO
Quel était le problème ?
Ça dépend de quel point de vue on se place. En tant qu'observateur extérieur, on pouvait se dire que le système fonctionnait bien. Pour la NBA et la Fiba, ce n'était pas aussi clair. Pour la NBA, le problème c'était d'avoir ses joueurs accaparés chaque été par leurs équipes nationales. Elle a donc fait pression pour qu'il y ait au moins une année sur quatre sans compétition. Du côté de la Fiba, le souci c'était la relative dévalorisation de la Coupe du monde, son produit phare puisqu'elle n'a pas la main sur les JO. Nombre de stars profitaient du fait qu'elle ne qualifiait pour rien pour prendre un été de repos et la zapper.
Qu'est-ce qui a changé ?
Pour régler son problème, la Fiba a trouvé une solution miracle : faire de la Coupe du monde la porte d'entrée du tournoi olympique en la déplaçant l'année qui précède les JO. Comme ça, pas de possibilité de l'éviter. Ça lui permettait aussi de régler le problème de la NBA car elle en a profité pour supprimer le championnat continental qui avait lieu justement l'année précédent les JO. Résultat : un été sans «compet» les années paires non bissextiles.
2018 : -
2019 : Coupe du monde (qualifiera 7 équipes pour les JO, la 1re de chaque continent plus 1 américaine et 1 européenne, plus 16 autres pour des TQO)
2020 : Jeux Olympiques
Alors les «fenêtres», c'est quoi ?
En fait, la Fiba est allée plus loin que ça. Pour faire de la Coupe du monde un grand événement, elle l'a fait précéder d'une grande campagne de qualifications, longue de deux ans, une sorte de teasing géant. C'est le retour des «fenêtres internationales», ces matches qui ont lieu pendant la saison des clubs, d'octobre à juin. Elles avaient été supprimées après 2003 à cause de l'impossibilité des joueurs NBA, de plus en plus nombreux à être non-américains, à les disputer. La Fiba a aussi justifié leur retour par le fait que justement, depuis 2003, les équipes nationales ne jouaient plus de matches officiels devant leur public, et que dix mois consécutifs sans équipe nationale, c'était trop.
Quel est le (nouveau) problème ?
Il est évident : la NBA ne libère pas plus ses joueurs aujourd'hui qu'avant. Donc de nombreux pays partent dans ces fenêtres avec un bras en moins. Et même sans l'autre bras puisqu'ils doivent en plus se passer de l'immense majorité des joueurs d'Euroligue. Car la Fiba est en froid avec l'ECA, la structure privée qui lui a piqué l'organisation des deux principales Coupes d'Europe (Euroligue et Eurocoupe) au début du siècle. Dans un conflit aux allures de bataille de cours d'école, mais avec de gros intérêts financiers, l'Euroligue a programmé une journée en même temps que le début des qualifs pour la Coupe du monde.
Comment le régler ?
Hum... en revenant en arrière, au système «un été un tournoi» ? Ça n'arrivera pas, d'ailleurs la Fiba est en train de décider qui organisera la Coupe du monde 2023. Beaucoup plus modestement, il faudrait déjà que la Fiba et l'Euroligue trouvent un accord. On ne parle pas de faire la paix, on n'en est pas là, mais au moins que les joueurs qui évoluent en Europe soient toujours tous dispos. Et encore, ça laisse intact le problème de disputer des matches officiels sans les stars NBA. En plus, il existe un risque que les championnats continentaux soient dévalués car les joueurs qui auront été sur le pont deux étés de suite, lors de la Coupe du monde et les JO, auront la tentation (énorme) de se reposer.
Quel serait le calendrier idéal ?
A notre humble avis, quitte à garder la Coupe du monde comme porte d'entrée des JO, autant aller au bout de la logique et faire des championnats continentaux la porte d'entrée de la Coupe du monde.
2022 : Euro (qualifie pour la Coupe du monde)
2023 : Coupe du monde (qualifie pour les JO)
2024 : JO
On en profiterait pour supprimer les fenêtres de qualification. Pour autant, il serait possible de garder des matches officiels durant la saison de clubs. Ils seraient juste regroupés sous une nouveau vocable, pourquoi pas Ligue Mondiale comme au volley. On pourrait même donner une carrotte en les faisant compter pour un ranking Fiba qui serait pris en compte pour les tirages au sort des grands tournois. Mais au moins, on éviterait de prendre le risque de sabrer les chances de qualification des grands pays par manque d'équité. Chiche ?