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Velogames, le «Mon Petit Gazon» du peloton

Chaque coureur se voit attribuer à la fin de l'étape des points, selon sa place dans les différents classements distinctifs. (DR)
Chaque coureur se voit attribuer à la fin de l'étape des points, selon sa place dans les différents classements distinctifs. (DR)

À chaque Grand Tour, le jeu rassemble plus de 30 000 directeurs sportifs virtuels. Lancé en 1997 par George Chapman, Velogames est la référence des jeux de fantasy dans le cyclisme.

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S'il était francophone, il aurait peut-être songé à renommer son site «Mon Petit Guidon», une allusion à «Mon Petit Gazon», le n°1 dans l'Hexagone en termes de fantasy football. Mais George Chapman est bien trop attaché au nom de «Velogames», le jeu de paris sur Internet qu'il a lancé dans sa chambre d'étudiant londonienne en 1997 et qui est devenu au gré des étés un incontournable de la saison cycliste.

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Il n'y avait pas de raison que le vélo échappe à la frénésie fantasy, qui agite le monde du sport depuis le lancement des premières ligues dans les années 60. Avec Velogames, le Britannique n'a pas inventé la roue. Comme sur la plupart des jeux du genre, les participants se muent en présidents de club : disposant d'un budget fixe par course, ils composent une équipe de neuf coureurs, qui se voient chacun attribuer des points en fonction de leur performance dans la vraie vie. Celui qui a accumulé le plus gros total à la fin de la course l'emporte.

Un pic à 50 000 joueurs en 2017

«Pour moi, il y a deux raisons pour lesquelles le jeu est aussi populaire auprès des fans, détaille George Chapman. La principale, c'est qu'il permet aux joueurs de suivre le sport plus en détail que ce qu'ils feraient normalement, en s'intéressant à des petits coureurs. L'autre, c'est que ça permet aux gens de s'affronter et de comparer leurs connaissances, sans avoir à parier de l'argent, avec les inconvénients que ça implique».

L'équipe de neuf coureurs ayant gagné la fantasy Vuelta 2019. (DR)
L'équipe de neuf coureurs ayant gagné la fantasy Vuelta 2019. (DR)
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Au début du Tour 1997, remporté par Jan Ullrich, ils étaient une soixantaine à vouloir «prouver qu'ils étaient plus malins que leurs amis». La communauté a progressivement grandi, tandis que son créateur ajoutait des courses à son catalogue : les classiques de printemps d'abord, au début des années 2000, puis certaines épreuves mineures par la suite, comme le Tour du Portugal ou de Grande-Bretagne. Vingt ans plus tard, ils étaient plus de 50 000 à tenter d'anticiper la quatrième victoire de Christopher Froome sur la Grande Boucle.

Depuis, la fréquentation du site a quelque peu ralenti, la faute à l'arrivée de la concurrence. En 2017, ASO, l'organisateur du Tour de France, a lancé son propre jeu pour l'été, forçant Velogames à faire une croix sur sa course la plus populaire. Malgré cette perte, le site enregistre quand même des pointes au-dessus de 30 000 utilisateurs pour chaque Grand Tour. Il a même acquis une certaine réputation au sein du peloton. «Il y a plusieurs coureurs qui parlent du jeu sur Twitter, confirme Chapman. L'an passé, Elizabeth Banks a gagné la fantasy du Giro Rosa, alors qu'elle courait en même temps.»

«L'affaire d'un seul homme»

Au moment de lancer le projet, seul dans sa chambre d'étudiant londonienne, George Chapman était bien loin de se douter de l'ampleur qu'il prendrait. «C'était les débuts de l'Internet, j'en avais surtout parlé sur des forums de fans. Les gens m'envoyaient leur liste de coureurs par mail, je tenais les comptes sur une feuille chez moi», se remémore le Britannique. «Même avec la croissance du site, c'est resté l'affaire d'un seul homme. Je continue à la faire parce que j'aime ça et que les gens me disent qu'ils adorent jouer.»

George Chapman gère seul Velogames, sur l'ordinateur fixe de son salon. (DR)
George Chapman gère seul Velogames, sur l'ordinateur fixe de son salon. (DR)

Ce qui était initialement un simple hobby a néanmoins changé la vie du père de famille, lui permettant notamment de trouver un travail. «Pendant huit ans, j'ai organisé les plus grandes fantasy leagues de football au Royaume-Uni... J'ai eu le poste grâce à Velogames». Dans le même temps, son jeu lui permet de mettre des sous de côté, via la publicité et les abonnements premium. «C'est de l'argent sympa pour l'été, s'esclaffe-t-il pour conclure. Ça aide à développer le site. Et ça me permet surtout de justifier ma passion auprès de ma femme». Une passion qui, avec le départ du Tour Down Under le 21 janvier dernier, vient juste de fêter son 23e anniversaire.

publié le 19 février 2020 à 13h41
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