Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ? Rien n'est moins sûr, tant les cadres en acier reviennent à la mode et avec eux, la célèbre étiquette à la colombe, gage de distinction et de qualité. Longtemps les cyclistes se vantèrent de leur cadre « tout Columbus », comme de leur vélo « tout Campa ».
Derrière l'emblème, le nom de la marque en réfère d'abord à celui de son créateur : M. Angelo Luigi Colombo, qui créa la société en 1919, sans privilégier ni présager la destinée cycliste de ses tubes.
Car les tubes acier ont d'autres applications que la fabrication de cadres de vélos. Il existe toutes sortes de structures à base de tubes : celles liées aux industries les plus lourdes ou les plus techniques (automobile et aéronautique), aussi bien que de plus légères. Ainsi, par exemple, la production de mobilier d'avant-garde dès les années 1930, qui plaça d'emblée Columbus sur la frontière parfois ténue entre art et industrie (le peintre Francis Bacon lui-même ne commença-t-il pas par designer des meubles ?). Au fil du XXème siècle, l'histoire de Columbus s'articule donc aussi bien avec celle de l'industrie métallurgique qu'avec celle du design italien, dont elle est partie prenante.
Aujourd'hui à la tête de l'entreprise, Antonio Colombo, fils d'Angelo Luigi, revendique une hauteur de vue inhabituelle, lui qui pense qu'« un bon design ne bénéficie pas uniquement à la marque qui propose le produit, mais à la société tout entière. »
Ce féru d'art contemporain a ouvert sa propre galerie à Milan, en 1998 (http://colomboarte.com/). Le fameux vélo plongeant décoré par Keith Haring, c'est lui. Et c'est là que se tiendra sous l'intitulé général Columbus Continuum, une série de quatre expositions, réalisée à partir des archives de la société : objets (meubles, vélos bien sûr, structures tubulaires diverses), dessins originaux, publicités et catalogues d'époque, etc.
Flessibili splendori : Columbus and the tubular furniture, le lien entre tube d'acier et mobilier
La première exposition ouvrira ses portes dès le 25 septembre. Intitulée Flessibili splendori : Columbus and the tubular furniture. Couvrant la période de 1933 à l'immédiat après-guerre, elle témoigne de la première vogue des tubes métalliques dans la conception de mobilier.
En 1933 en effet, Columbus fabrique des tubes pour la société suisse Whonbedarf, qui conçoit du mobilier d'avant-garde en collaboration avec de grands noms du design, en tête desquels Marcel Breuer, lié au courant artistique du Bauhaus. Seule une grande expertise métallurgique comme celle de Columbus permet de réaliser ces chaises, fauteuils et autres lampes, aux silhouettes incurvées et aux structures flexibles.
Anima d'acciaio, l'évolution des cadres de vélo en acier
Puis, du 7 novembre au 5 décembre, Anima d'acciaio (Une âme d'acier) mettra en lumière la contribution irremplaçable de Columbus à l'évolution du cyclisme professionnel. Par la création de tubes toujours plus rigides et plus légers, les cadres de vélo sont devenus plus efficaces au fil du temps, faisant le bonheur de Gimondi, Coppi, Anquetil, Ritter, Merckx, Moser. Ajoutons que, si le carbone a désormais l'exclusivité dans le peloton professionnel, l'acier contribue largement à un renouveau artisanal lié au monde du bikepacking et de la longue distance. Nombre de cadreurs emploient les tubes Columbus pour confectionner des gravels, des randonneuses ou des tandems sur-mesure.
Dentro il tubo, allègement et renforcement des tubes destinés à l'industrie
La troisième expo, Dentro il tubo (À l'intérieur du tube) offrira un point de vue plus général et plus technique sur l'histoire de l'entreprise dans l'évolution du paysage industriel et métallurgique. C'est la double quête de l'allégement et du renforcement des tubes qui est ici raconté, toutes applications confondues : structures d'ailes d'avion, de voitures de course, ou vélo d'Eddy Merckx.
Traguardo Volante, le lien entre vélo et création artistique
Enfin, à partir du 27 février 2020 Traguardo Volante (Ligne d'arrivée volante) s'adressera plus expressément aux cyclistes amateurs d'art (et inversement), qui, à travers les relations unissant Columbus et Cinelli, mettra en évidence le lien génétique entre vélo et création artistique.
À travers les productions de créateurs très divers interprétant « la chose cycliste » selon leur sensibilité propre, il s'agira cette fois de célébrer l'inépuisable potentiel imaginaire et esthétique du vélo.