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L'Équipe : toutes les unes de l'année 2019

(L'Equipe)
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Comme en 2018, nous avons revu toutes les unes de l'année 2019. À l'honneur : Poupou, le Tour et les Bleues.

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De là-haut, il a dû goûter l'ironie. Éternel deuxième de cordée, perdant à jamais magnifié, recordman du nombre de podiums (8) sur le Tour de France sans aucune victoire finale ni même un seul jour en jaune, Raymond Poulidor a cette fois-ci largué tout le monde. Des trente-trois unes que nous avions présélectionnées sur notre site du 19 au 25 décembre, celle dédiée, le 14 novembre, à la mort de « Poupou » s'impose largement comme votre préférée avec 3 181 suffrages.

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Dans votre classement, même Julian Alaphilippe doit se contenter de sabler au Champagne ! sa troisième place (1 117 voix), tandis que les unes consacrées au PSG (25e), à l'OL (28e) ou à l'OM (32e) se traînent lamentablement au fond du gruppetto, à la limite du hors délai. À l'heure du foot soi-disant tout-puissant (on y reviendra), de l'émotion instantanée et instagramée, votre vote représente un hommage supplémentaire à la « poupoularité » d'un champion qui « incarnait une France laborieuse et consciencieuse, souvent rattrapée par une dure réalité, mais finalement contente de son sort », comme l'écrivait Philippe Bouvet au verso de votre une préférée. Cette victoire posthume de Raymond Poulidor est aussi celle de l'ancien patron des photographes de L'Équipe, Robert Legros, auteur de ce magnifique portrait en noir et blanc, pris lors du Tour d'Espagne 1965.

Le titre, un pourtant très sobre Poupou, fut paradoxalement plus difficile à trouver. Nous avions hélas ! commencé à y penser, dès le 9 octobre, quand Gisèle Poulidor, la femme de Raymond, nous avait prévenus, en sortant de l'hôpital, que les nouvelles concernant son mari n'étaient « pas très bonnes ». Même s'il y a toujours une forme de mauvaise conscience à préparer la nécrologie d'un homme que l'on a tant admiré et qui se bat vaillamment contre la mort, que penseraient nos lecteurs si le décès d'un immense champion n'était salué que par un papier bricolé à la hâte sous prétexte que sa dernière heure était trop proche de celle du bouclage ?

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Le 13 novembre, «Poupou» s'était imposé en manchette

Dès le 10 octobre, treize pages étaient donc prêtes, dont le portrait de une signé Robert Legros. Comme titre en forme d'épitaphe, À jamais le deuxième fut d'abord envisagé et encore plus vite recalé car pas assez respectueux, avant que Chialez Poupou, contraction du fameux « Allez Poupou » et de la très grande peine qui nous étreignait, fut jugé au choix trop familier ou pas assez compréhensible. Le 13 novembre, quand la mort de Raymond Poulidor fut officiellement annoncée, Poupou s'était imposé en manchette, précédé d'un « C'était » qui nous parut finalement inutile. Exceptionnellement, la une définitive fut exposée dès 17 h 16 sur notre compte Twitter, où elle s'attira ce premier commentaire, par un certain @John_y_cash : « Sobre, efficace... pour une fois je dis bravo ! » C'est dire combien notre hommage a fait l'unanimité.

Sauf s'il s'agit de conserver religieusement le souvenir d'un héros disparu ou de célébrer pour l'éternité la victoire de son équipe préférée, garder la une d'un journal possède à peine plus d'intérêt que de collectionner des boîtes de chocolats vides. Une fois les pralines dégustées, le papier qui les emballe cesse rapidement de briller. Alors pourquoi se fader, comme l'an dernier (voir L'Équipe du 1er janvier 2019), l'intégrale de nos oeuvres sans que la fatuité nous empêche d'ignorer que sur nos 364 dernières unes (pas de publication le 1er mai), au moins 300 (hypothèse basse) ont déjà été complètement oubliées ? Parce qu'il y a d'abord le plaisir un peu (beaucoup) pervers d'exhumer quelques perles nacrées d'amertume, comme ce « Juninho, ma meilleure garantie », prononcé par Sylvinho, à la une du 31 juillet, soit trois mois et six jours avant que l'entraîneur de l'OL ne soit limogé par le même Juninho. Dans l'affaire, « Juni », l'idole des Gones a lui aussi laissé quelques poils de sa crinière, puisque intronisé Roi Lyon le 16 août, il n'était plus que Le roi lionceau le 21 décembre.

« Pendant un torride mois d'été, le sport roi s'est fait rouler dessus par une petite reine »

Au-delà de ces manchettes plus ou moins bien emmanchées, feuilleter l'album des unes 2019 permet surtout de redonner, peut-être pas une logique, encore moins une ligne du parti, mais quand même un début de sens à 364 tentatives consécutives pour vous intéresser. Lorsqu'il eut avant nous (dès 2017) l'idée de compiler nos unes pour son blog sur lemonde.fr, notre confrère Jérôme Latta avait titré Du football et des hommes sans que notre propre recensement 2018 ne vienne réellement corriger cette tendance lourde.

En 2019, le foot a occupé 273 de nos unes, soit sensiblement moins que l'an passé (296), mais pendant un torride mois d'été, le sport roi s'est fait rouler dessus par une petite reine : en juillet, nous avons consacré vingt et une unes au Tour de France cycliste, soit deux fois plus (10) que lors de l'édition 2018. « Il va se passer quelque chose de grand », prédisait Thibaut Pinot, dès le 5, la veille du grand départ de Bruxelles. Le coureur de la FDJ n'a pas eu tort, même si à la fin, comme d'habitude, c'est un Sky-Ineos qui a gagné, en l'occurrence le Jaune premier Egan Bernal, en manchette le 29 juillet.

Chou blanc pour le handball

En plus du vélo et du football, onze autres disciplines se sont glissées en première page de L'Équipe, soit six de moins qu'en 2018, où les sports d'hiver s'étaient imposés dans toute leur diversité (biathlon, ski alpin, ski de bosses, skicross, patinage) grâce aux Jeux de Pyeongchang. Mais c'est le handball qui subit le plus beau gadin : quatre unes pleines et une partagée en 2018, zéro en 2019 puisque ni nos clubs ni nos sélections n'ont brillé sur la scène internationale.

Les Bleues d'Olivier Krumbholz éliminées dès le premier tour d'un Mondial - dont elles étaient tenantes du titre -, celles de Corinne Diacre ont repris le flambeau du sport féminin. Avec dix unes, les footballeuses tricolores ont fait presque aussi bien que les championnes de tous les sports confondus l'an dernier (11,5). Si au lieu d'être éliminées en quarts par les États-Unis (1-2) de Megan Rapinoe, Wendie Renard, Amandine Henry et leurs coéquipières étaient allées jusqu'au bout de leur rêve d'un premier grand titre international, la parité aurait même sûrement été respectée avec les dix-huit manchettes 2018 des champions du monde de Didier Deschamps.

publié le 31 décembre 2019 à 19h48 mis à jour le 1 janvier 2020 à 13h06
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