Désormais posté dans le sud qui me sert de niche l'été venu, et pour fêter la rénovation de la suite parentale maintenant recouverte de miroirs, j'enchaînai hier matin face à moi-même une succession de postures dignes de Mister Universe. Ce fut l'horreur quand je constatai que le galbe de mes mollets s'était distendu façon effilochée de poisson. Plus grand-chose à se mettre sous la main, alors que partout ailleurs, les fruits de mon confinement sportif luisaient et roulaient comme à la foire à Musclor.
Zut quoi ! Que faire alors que se profile la courte période estivale où je me transforme en shampouineur de dancings ? Si je tenais à peigner gueux et gueuses sous les stroboscopes, il me fallait réagir, et vite.
La seule idée qui me vint à l'esprit fut d'emprunter un pédalo pour mouliner longtemps et en forçat sur ces étendues liquides qui se moquent de la distanciation sociale.
Un Andalou sous acide
Je le fis hier soir tandis que la plage avait perdu de son dynamisme. Une fois coupée la chaine qui retenait le troupeau d'engins de plage, j'en poussai un dans l'eau, grimpai dessus et partis comme un avaleur de sabres vers des horizons que j'imaginais débordant de testostérone et de réathlétisation.
La machine à pédales, fruit intemporel de l'imagination humaine, me parut soudain la plus belle des inventions pour redonner de la vigueur au bas de mes jambes. Crapaud enhardi caressant le rêve de redevenir prince, je pédalai vers le sud-ouest tandis qu'un vent léger portait mes derniers espoirs en l'amélioration de ma propre race.
Je filai bientôt comme un Andalou sous acide mais quand la lune se leva pour saluer ma transhumance mystico-physique, je fus contraint de me demander si, malgré mes efforts, j'arriverais à temps au Pacha Club ? En forme certes, mais à l'heure de la réouverture, c'était peu probable : les spots et les mousses d'Ibiza me paraissaient encore bien loin, tandis que, dans mon dos, s'éteignaient à peine les lumières de Palavas-les-Flots...