C'était il y a trente-six ans. Mais pour lui, c'est comme si c'était hier. André Crudo n'a rien oublié de ce 7 juin 1984. Ce jour-là, il officie comme arbitre de ligne sur le court Central de Roland-Garros. Le quart de finale entre Yannick Noah et Mats Wilander a un air de déjà-vu. Un remake de la finale remportée un an plus tôt par le Français, ici même.
Sauf que cette fois, le scénario ne va pas prendre la même tournure. Diminué physiquement à cause d'une pubalgie qu'il traîne depuis des semaines, le 6e mondial rend les armes face au Suédois, alors 4e au classement ATP. Le combat aura duré 3 h 35. Cinq manches âprement disputées (7-6, 2-6, 3-6, 6-3, 6-3).
Le tournant ? Un ace, refusé « pour cinq millimètres » par André Crudo, à la fin du troisième set. Noah perd ses nerfs. Il ne décolère pas. Le commentateur s'emporte. Le public aussi. L'arbitre devient alors la cible des sifflets et des insultes. Son récit vidéo, images à l'appui, dit tout de l'atmosphère électrique qui s'était emparée du Central ce jour-là. Électrique, sur le court comme en dehors.