Cinq minutes, sans prise de paroles : l'Open d'Australie a rendu un hommage a minima lundi à Margaret Court, légende du tennis australien, mais aux positions controversées sur l'apartheid ou l'homosexualité, pour les 50 ans de son Grand chelem calendaire.
Dans une Rod Laver Arena bondée juste avant le duel entre Nick Kyrgios et Rafael Nadal, l'ancienne joueuse de 77 ans, lauréate de 24 tournois du Grand Chelem (le record du circuit féminin), a soulevé une réplique du trophée féminin de l'Open d'Australie. Celui-ci lui a été remis par Rod Laver, l'autre légende du tennis australien, qui, lui, avait été chaleureusement fêté l'an dernier pour le 50e anniversaire de son deuxième Grand Chelem.
Margaret Court, une présence... silencieuse
Dans une cérémonie bien plus sobre, Margaret Court n'a pas pris le micro, les spectateurs n'entendant sa voix que dans une courte vidéo au cours de laquelle elle s'exprimait seulement sur ses victoires. Quand l'ancienne joueuse aborde d'autres sujets, elle provoque presque toujours la polémique : Court avait fait l'éloge du système d'apartheid en Afrique du Sud, déclaré que « le tennis est plein de lesbiennes », décrit les enfants transgenres comme « l'oeuvre du diable », ou que les médias de l'Australie seraient manipulés par le diable.
Ces points de vue « ne correspondent pas à nos valeurs d'égalité, de diversité et d'inclusion », avait déclaré la Fédération australienne dans un communiqué publié fin novembre.
John McEnroe avait, lui, dit dans une vidéo « qu'il y a une seule liste qui soit plus longue que celle des victoires de Margaret Court : c'est celle de ses déclarations offensantes et homophobes. [...] Margaret Court est en fait une ventriloque qui se sert de la Bible comme d'une marionnette pour dire ce qu'elle veut ».
« C'est dommage car je pense que Margaret Court ne se rend pas compte du nombre de personnes qu'elle blesse avec ses propos »
Martina Navratilova
McEnroe a également fait le voeu que Serena Williams, qui compte 23 titres en Grand Chelem à son palmarès, s'empare du record de l'Australienne : « Serena, fais-moi une faveur, gagne deux Grands Chelems de plus cette année pour arriver à 25 et que nous puissions reléguer dans les livres d'histoire Margaret Court et ses opinions offensantes, là où elles devraient être ».
Martina Navratilova, avec ses 18 titres du Grand Chelem à son palmarès, a également critiqué la joueuse australienne, lundi devant la presse : « C'est dommage car je pense que Margaret Court ne se rend pas compte du nombre de personnes qu'elle blesse avec ses propos. »
La semaine dernière, Margaret Court s'était dite « persécutée » pour ses convictions, tout en assurant que de nombreuses personnes lui avaient exprimé leur soutien.