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Mort de George Floyd : « Ça vient de personnes censées nous protéger », réagit Auger-Aliassime

Félix Auger-Aliassime (B. Papon/L'Équipe)
Félix Auger-Aliassime (B. Papon/L'Équipe)

Quelques jours après la mort de George Floyd, le 25 mai à Minneapolis aux États-Unis, le joueur canadien Félix Auger-Aliassime a partagé une histoire vécue par son père pour raconter comment le racisme peut toucher tout le monde.

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Quelques jours après la mort de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis, le 25 mai aux États-Unis, Félix Auger-Aliassime a décidé de s'exprimer. Dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, le joueur canadien de 19 ans raconte une histoire vécue par son père, Sam, d'origine togolaise, à Québec, au Canada.

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« J'ai été élevé par une mère québécoise et un père africain. J'ai pu expérimenter les deux mondes. J'ai grandi dans un quartier très calme à Québec au Canada. On pense toujours que ça arrive aux autres, dans des quartiers pauvres, dans certaines situations. Je crois que ce n'est pas vrai. Il y a plusieurs formes de racisme. Celui que l'on a vu ces derniers temps aux États-Unis, très violent. Mais il y a tout type de racisme et de discrimination.

« Concrètement, la policière dit à mon père que le simple fait qu'il soit un homme noir et qu'il conduise une Mercedes justifie qu'il soit arrêté. »

Mon père possède un immeuble à Québec. Un jour, il revenait à la maison. Il faisait le tour du quartier en voiture. À un moment, il voit une voiture de police derrière lui. C'est bizarre, il a l'impression que la voiture le suit. Il tourne à droite, il tourne à gauche, encore à droite. Il fait le tour, mais la voiture le suit toujours. Il finit par s'arrêter sur le bord de la route et la voiture de police s'arrête derrière lui.

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Une policière allume les phares et frappe à sa vitre. Mon père demande : « pardon, ai-je commis une infraction ? » Elle lui répond que non. « Pourquoi suis-je arrêté ? » Elle lui fait alors comprendre que c'est rare de voir des gens de couleur conduire ce genre de voiture dans le quartier. Concrètement, elle dit à mon père que le simple fait qu'il soit un homme noir et qu'il conduise une Mercedes justifie qu'il soit arrêté. Mon père demande : « Quelqu'un a-t-il signalé une voiture volée dans le quartier ? » Elle répond à nouveau non, que c'est seulement un contrôle.

C'est juste une petite histoire, il n'y a pas eu de violence et ça s'est terminé paisiblement. Mais ce genre d'événements crée une frustration que l'on a observée récemment. Ce genre d'événements crée ce qu'on a vu avec George Floyd. Les gens doivent en avoir conscience. Ils doivent prendre conscience que ça n'arrive pas qu'aux autres, ça peut arriver à leurs amis, à leurs professeurs, à leurs entraîneurs. À tout le monde. On a parcouru du chemin, mais il est encore long pour atteindre l'égalité.

« Ce qui m'attriste, c'est que ça vient d'un lieu et de personnes qui devraient donner l'exemple »

Ce qui m'attriste, c'est que ça vient d'un lieu et de personnes qui devraient donner l'exemple. Les policiers, comme les enseignants et les médecins, devraient donner l'exemple, ne pas avoir d'idées préconçues et de stéréotypes à propos de la couleur de peau. Ils devraient regarder tout le monde de la même manière parce que nous sommes tous des êtres humains. C'est ce qui est le plus difficile : ça vient de personnes censées nous protéger.

J'espère, à la lumière de ce qu'il s'est passé dernièrement aux États-Unis et partout dans le monde, qu'un changement va se produire. Que des lois vont être votées. Et qu'il y aura une sélection plus rigoureuse. Je prie pour que les choses s'améliorent. »

publié le 2 juin 2020 à 19h02 mis à jour le 2 juin 2020 à 19h02
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