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Le coaching très particulier - et gagnant - de Gilles Cervara avec Daniil Medvedev à Marseille

Gilles Cervara et son joueur Daniil Medvedev. (E. Garnier/L'Équipe)
Gilles Cervara et son joueur Daniil Medvedev. (E. Garnier/L'Équipe)

Après un premier set raté de son protégé Daniil Medvedev face à Jannik Sinner, Gilles Cervara est parti regarder le match en coulisses. Un nouvel épisode dans les relations mouvementées de ce duo franco-russe de choc. Et Medvedev a fini par gagner (1-6, 6-1, 6-2). Leçon d'un coaching particulier...

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« Vous avez donc quitté le court à 6-1 pour Sinner...
Quand je vois Daniil avec cette attitude-là, cette énergie-là, pendant le premier set, à pleurer sur tous les points perdus, ça me gonfle. Surtout qu'il ne montre pas l'envie de prendre notre support et nos encouragements. Moi je me dis : ''Il faut que quelqu'un réagisse, soit c'est lui, soit c'est moi''. Cela a été moi. Je n'avais pas envie de cautionner ce comportement à ce moment-là en sachant que s'il continue comme ça, il va dans le mur. A ce moment-là, j'espère secrètement que ça puisse le faire réagir, comme si c'était une cartouche qu'il pouvait utiliser, comme s'il n'arrivait pas à trouver cette réaction par lui-même. Au moins, que quelqu'un le pousse à la déclencher.

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Et il finit par gagner facilement. Vous pensez que ça a été le fameux déclencheur ?
Franchement, je n'en sais rien. Des choses comme ça sont déjà arrivées par le passé et il y avait eu des réactions similaires. Maintenant, ça ne marche pas à chaque fois. En tout cas, j'ai senti que c'était le moment propice. Je n'avais pas envie d'attendre plus longtemps dans ce match.

C'est déjà arrivé, vous dites ?
Là c'était soft. ça a pu être plus chaud. On est en France, je me contiens (sourires). J'ai souvenir d'une fois à Cincinnati où on s'était même engueulés au bord du court. Là, je me suis juste levé. Je ne suis pas du tout en colère.

Ce n'est pas très agréable de regarder un match allongé sur un sofa au sous-sol...
Franchement, je m'en fous. La seule chose qu'il y a dans ma tête à ce moment-là, c'est que je veux que Daniil s'en sorte. Et au final il s'en est sorti. C'est le plus important. ça lui prouve qu'il a des ressources et qu'il suffit qu'il aille les chercher en lui-même. À un moment donné, il y a des choses qui ne se sont plus cohérentes au niveau et à l'âge qu'il a.

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« Il a été surpris que je lui dise bravo »

Et que pensez-vous de ce que vous avez vu devant la télé ?
J'en suis plutôt content. Sur le niveau, il n'y a pas un moment où j'ai été inquiet. Même pendant le match de Rotterdam qu'il a perdu d'entrée face à Pospisil. Je sais très bien que le niveau va être en lien avec l'énergie et l'état d'esprit. Maintenant, si tu laisses traîner cet état d'esprit-là, ensuite le niveau peut descendre, et il faut ramer pour aller le rechercher.

Vous voyez une raison pour que le niveau baisse comme ça sur un set ou un match ?
Il y a des dynamiques descendantes, ascendantes... ça fait partie des aléas du sport. Maintenant, il faut se regarder dans une glace. En se disant : ''Ok, je ne suis pas bien, je n'ai pas beaucoup gagné, je peux peut-être douter, mais je peux affronter ça avec courage.''

Vous l'avez revu à la sortie du court ?
Oui. Je lui ai dit ''bravo, c'est ce qui compte.'' Il a été surpris que je lui dise bravo. »

Medvedev : « Il a eu raison »
« Avec mon comportement sur le terrain, même si tout mon box était parti, j'aurais dit OK. Il a eu raison. J'avais du mal à me calmer. Mais, en même temps, c'est ce qui m'a permis de revenir dans la bonne énergie. Parce qu'après, je n'ai pas dit un mot. Je ne sais pas si c'est parce qu'il est parti ou pas mais, en tout cas, j'ai gagné... Je trouve normal qu'il ne soit pas revenu ensuite quand je gagnais. » J.-B. B.
publié le 20 février 2020 à 19h54 mis à jour le 20 février 2020 à 20h00
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