1/ Pas de polémique sur les têtes de série
C'est chaque année pareil : dès que le All England publie la liste des 32 têtes de série masculines de Wimbledon, il se trouve des commentateurs pour ironiser sur le fait que les Anglais ont encore fait ça à leur sauce, qu'ils ont toujours leurs chouchous, qu'ils « upgradent » ou rétrogradent de façon arbitraire, etc. Faux, puisqu'il s'agit simplement d'un classement spécial gazon, fruit d'un barème précis (coefficient supérieur pour les résultats sur herbe) appliqué exactement de la même façon depuis 18 ans.
2/ Pas d'ouverture immaculée
Depuis le 14 juillet 2019, dans la soirée, Novak Djokovic avait déjà coché sur son agenda : « Lundi 29 juin 2020, 13 heures, match sur le Centre Court. Adversaire à déterminer. » C'est le privilège du vainqueur du tournoi masculin que d'ouvrir l'édition suivante de Wimbledon. D'être le premier à fouler le gazon immaculé du Centre Court et de bénéficier des meilleures conditions de jeu du monde sur gazon, l'espace des premiers points d'un premier tour. Dans son agenda, le numéro un mondial a désormais coché la case « Lundi 28 juin 2021, 13 heures, match sur le Centre Court. Adversaire à déterminer. »
3/ Pas de rhabillage imposé
Sur tous les tournois pros du monde, les officiels sont vigilants à la taille des logos publicitaires qui apparaissent sur les tenues des joueurs. Ils ne doivent pas dépasser certaines dimensions. En cas d'infraction, il faut changer de tenue ou retirer par exemple la casquette illégale. À Wimbledon, on va plus loin : on mesure aussi la colorimétrie des vêtements. Si l'arbitre estime que le col de ce polo n'est pas assez blanc, que cette bande rouge sur ce short est « shocking », il vous renvoie au vestiaire. Si vous n'avez rien d'assez « white », le All England vous fournit l'attirail adéquat, made in Wimbledon. Tant pis pour votre équipementier.
4/ Pas d'annonces météo à rallonge
C'est l'un des délices de Wimbledon, quand la voix officielle du site se met derrière le micro, alors que le jeu est interrompu par la pluie, et qu'elle annonce au public placé sous umbrella quelque chose d'alambiqué qui ressemble à : « Comme vous l'aurez constaté, le ciel est en train de se dégager partiellement et dans l'état actuel de nos connaissances il se pourrait que le jeu reprenne bientôt, à moins bien sûr que l'humidité ne se réinvite dans l'atmosphère londonienne prochainement et empêche cette éventualité d'aboutir aussi vite que nous l'espérerions ». Wait and see, quoi.
5/ Pas de nez dans le gazon
Évidemment le gazon est une surface à nulle autre pareille ; elle est surtout la plus sauvage et Wimbledon est le tournoi du Grand Chelem où l'on assiste chaque année au plus grand nombre de gadins. Des contre-pieds dont on ne revient jamais, des appuis forts qui faiblissent un brin en bout de course, des changements de direction qui se transforment en funambulisme : tous ont au moins une fois goûté l'herbe du All England, mais cette année, c'est tout le tournoi qui est tombé. À l'eau.
6/ Pas de triplé pour Djokovic
Si Wimbledon s'était déroulé normalement, Novak Djokovic aurait concouru pour devenir le quatrième homme, depuis le début de l'ère Open (1968), à remporter trois fois Wimbledon en trois ans, après Björn Borg (5 de suite en 1976 et 1980), Pete Sampras (3 de suite entre 1993 et 1995 puis 4 de suite entre 1997 et 2000) et Roger Federer (5 de suite entre 2003 et 2007).
7/ Pas de 25e jeu
Le dernier match disputé à Wimbledon s'était conclu par le premier tie-break à 12-12 de l'histoire du tournoi en simple. Il s'agissait de la finale messieurs de l'édition 2019 et c'est Novak Djokovic qui l'avait remporté, face à Roger Federer. Le prochain 25e jeu du cinquième set n'aura donc pas lieu avant 2021, au moins.
8/ Pas de : « J'ai dix ans »
On ne saura jamais si les responsables de Wimbledon avaient prévu de célébrer d'une manière ou d'une autre le dixième anniversaire du match le plus long de l'histoire du tennis, qui s'était déroulé sur trois jours, lors de l'édition 2010, et avait mis aux prises John Isner et Nicolas Mahut. 11 h 05 au terme desquelles l'Américain s'était imposé 70-68 au cinquième set. Seront-ils sur le gazon londonien tous les deux l'an prochain, pour les 11 ans des 11 heures ?
9/ Pas de « Sunday closed »
Ce qu'il y a de bien avec Wimbledon, c'est aussi quand il n'y a rien. Comme avec le fameux dimanche du milieu du tournoi, ce « Sunday closed » où on ne joue pas au tennis pour laisser le gazon et le voisinage respirer un peu. Pas de jour off, cette fois, puisque c'est carrément une année off. L'herbe n'en sera-t-elle que plus verte dans quinze mois ?
10/ Pas de course au Grand Chelem
En 1974, en interdisant à Jimmy Connors, engagé par ailleurs sur un circuit parallèle rémunérateur, de disputer Roland-Garros, Philippe Chatrier, alors président de la Fédération française, avait peut-être privé l'Américain, vainqueur cette année-là en Australie, à Wimbledon et à New York, d'un Grand Chelem calendaire. Depuis, Mats Wilander (1988), Roger Federer (2004, 06, 07), Rafael Nadal (2010) et Novak Djokovic (2011, 15) ont aussi réussi le « petit Chelem ». Invaincu depuis début 2020, « Djoko » pouvait encore nourrir l'espoir des quatre à la suite la même saison. C'est cuit.