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Tour de France : des applications dédiées à la performance

Les applis sont devenues incontournables. (Hess Photography)
Les applis sont devenues incontournables. (Hess Photography)

Sur le Tour de France, lorsque les coureurs de l'équipe Jumbo-Visma se mettent à pédaler, ce n'est pas seulement leurs jambes qu'ils actionnent : iPhones, iPads, Macs, c'est toute une série d'écrans et d'applications dédiées à la performance qui s'allument.

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Food Coaching sur l'iPhone

Dans le bus, quelques minutes après avoir passé la ligne, chaque coureur absorbe du sucre pour commencer à re-stocker le glycogène et déclencher la décharge insulinique qui aidera à réparer la fibre musculaire. Le principe est identique pour tous, mais la quantité varie d'un sujet à l'autre et dépend de multiples facteurs. Jusqu'au moindre détail, les nutritionnistes ont tout prévu depuis des mois. Karin Lambrechtse est chargée de préparer les repas des coureurs pendant les trois semaines de course. Dépliant son MacBook, elle ouvre l'application « Jumbo Food Coach », spécialement développée par le team pro.

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Chaque coureur sait ainsi ce qu'il doit absorber au jour le jour, aussi bien à la maison qu'en course. Des menus personnalisés, d'une précision hallucinante, sont patiemment établis plusieurs semaines à l'avance, en fonction du programme prévu : un entraînement d'intensité moyenne ou une étape de montagne du Tour n'impliquent pas les mêmes prises alimentaires. La morphologie et la composition corporelle de chacun sont également prises en compte, ainsi que sa spécialité : le sprinter Dylan Groenewegen ou le grimpeur Steven Kruijswijk n'ont pas le même taux de masse graisseuse idéal, ni les mêmes besoins.

Des tableaux apparaissent sur l'écran de l'iPhone. Non seulement l'apport énergétique adapté à l'étape du jour, mais sa répartition entre glucides, protéines et lipides. Des aliments et des menus définis, qui ne laissent au coureur qu'assez peu de choix : il peut préférer le riz aux pâtes, mais il sait qu'il doit absorber, par exemple, 252 grammes d'hydrates de carbone, 71g de protéines et 38g de lipides. Indiquée aussi pour chaque colonne, une marge de tolérance : 10, parfois 20 %. Enfin, il peut informer l'appli de ses éventuels « écarts » (mettons : il a mangé deux desserts), qui seront corrigés/compensés automatiquement.

Ce qui est consommé pendant la course, sous forme de barres, de gels ou de boisson énergétiques est, évidemment, partie intégrante du programme. Bien sûr, puisque les besoins peuvent varier selon l'état de forme et les circonstances de course (froid, chaleur, étape plus rapide que prévue, présence dans l'échappée, etc), les menus sont susceptibles d'évoluer en permanence. Via la plateforme, le nutritionniste, la cuisinière et les coureurs partagent les corrections imposées par le déroulement de la course.

Veloviewer et Epic Ride Weather

Le parcours de chaque étape est aussi une sorte de « menu », et doit être géré avec la même précision maniaque. Complétant les fichiers GPX fournis par ASO, Grischa Niermann, le coach de l'équipe, cumule patiemment les données sur l'application Veloviewer. Chaque détail du tracé est ainsi consigné : non seulement la carte et le profil sont détaillés en sections parfois très fines, mais aussi les virages délicats, les rétrécissements, l'état de la chaussée. Très souvent ces données infographiques sont complétées par des photos, et parfois même des vidéos, de type Streeview, extrêmement précieuses pour la préparation d'un sprint, par exemple. Les coureurs visualisent à l'avance les passages dangereux et les derniers virages avant la ligne d'arrivée, repèrent les plaques d'égout, les îlots directionnels, les bandes blanches. Seul bémol : ils doivent imaginer la zone après barriérage. Mais là encore, il arrive qu'un éclaireur, envoyé le matin même, partage quelques clichés sur l'appli pour le briefing d'avant-course !

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Pendant la course, Niermann ne quitte pas son iPad des yeux, où il aperçoit (mais pas pendant le Tour, qui n'autorise pas ce point précis) ses coureurs géolocalisés dans le peloton. Pas question de traîner à l'arrière sans se faire repérer. Par l'oreillette, il les renseigne en permanence. Il ne les lâche qu'à quelques kilomètres de l'arrivée, quand le sprint se prépare. Là, toute parole est inutile.

Enfin, Niermann utilise l'appli météo, Epic Ride Weather. On sait que le vent est une donnée cruciale de la course cycliste. Là encore, recoupant les données anémométriques avec les infos collectées sur Veloviewer, il peut repérer les passages abrités ou, au contraire, les plus exposés. Et donner le signal des grandes manoeuvres.

publié le 16 juillet 2019 à 09h05 mis à jour le 21 novembre 2019 à 15h11
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