À guichets fermés, le Stade de France accueille un choc haut en couleur. Le RC Toulon, sacré champion d'Europe une semaine plus tôt face aux Saracens (23-6) à Cardiff, enchaîne dans la foulée une deuxième finale et affronte Castres, remake de l'édition 2013...
Au moment de la présentation des équipes, le président du RCT, Mourad Boudjellal, prend la pause à côté de ses joueurs - Sébastien Tillous-Borde et Juan Martin Fernandez Lobbe, avec une attention toute particulière pour Johnny Wilkinson.
Prise de balle millimétrée du troisième-ligne aile international argentin Juan Martin Fernandez Lobbe, bien soutenu par ses piliers Xavier Chiocci et Carl Hayman. Le flanker castrais Piula Faasalele est nettement battu. Le pack varois domine les airs.
Mais sur la première relance tarnaise, initiée par Brice Dulin dès la onzième minute, l'ailier droit écossais Max Evans feinte six défenseurs et marque après avoir récupéré le ballon au rebond de son coup de pied à suivre. Castres mène 7-3.
Duel aérien entre Johnny Wilkinson et Brice Dulin (n°15). Le jeu au pied tactique est déterminant dans cette rencontre serrée au cours de laquelle Toulon ne parviendra à desserrer le score qu'à sept minutes du coup de sifflet final.
Par un changement d'appuis, le pilier varois Xavier Chiocci cherche à déstabiliser le deuxième-ligne écossais de Castres, Ritchie Gray (n°4) et le troisième-ligne centre Antonie Claassen. Ses coéquipiers Steffon Armitage, Ali Williams et Juan Smith sont au soutien.
Toujours à la relance, l'arrière castrais Brice Dulin tente de perforer la défense toulonnaise. Ici au milieu de six défenseurs, il défie le pilier Xavier Chiocci et le trois-quarts centre Mathieu Bastareaud. Mais aucun autre essai ne sera inscrit.
Avec quatre buts de pénalité et un drop-goal, le demi d'ouverture international anglais Johnny Wilkinson a été le principal artisan du succès toulonnais, concrétisant de son pied gauche les multiples avancées de son pack.
Face à face entre le demi de mêlée varois Sébastien Tillous-Borde et le demi d'ouverture castrais Rémi Talès, deux internationaux aux prises dans une finale équilibrée qui vit les défenses l'emporter sur les attaques.
Maître tacticien, l'ouvreur anglais du RC Toulon montre qu'il sait utiliser les deux pieds quand il s'agit de gagner du terrain et de profiter du meilleur angle de tir. Son expérience fut cruciale dans ce dernier match de la saison. On reconnait à ses côtés l'ailier springbok Bryan Habana.
L'arbitre, M. Berdos, a libéré Toulon, qui décroche son quatrième bouclier de Brennus. Le dernier titre des Varois remonte à 1992. Leur joie est totale et Delon Armitage saute le plus haut pour la manifester.
La remise du bouclier de Brennus est toujours un moment magique : il récompense à la fois la constance d'une équipe qui sut demeurer à la première place au classement du Top 14 pendant neuf journées et remporter ses deux matches de phase finale.
Remplaçant, l'attaquant néo-zélandais Rudi Wulf, debout sur la barre transversale au Stade de France, hisse haut le drapeau rouge et noir du RC Toulon devant la marée des supporteurs varois qui ont fait le déplacement jusqu'à Saint-Denis.
Les quais de la rade sont pris d'assaut, les bateaux se multiplient au loin. Toulon fête ses héros au lendemain du sacre. Après 1931, 1987 et 1992, le RCT démontre qu'il sait traverser les tempêtes pour imposer son style, atypique.
Le président Mourad Boudjellal jubile. Après avoir sorti Toulon des affres de la ProD2, il affiche maintenant une réussite exceptionnelle : Coupe d'Europe et bouclier de Brennus la même saison ! Seul le Stade Toulousain était parvenu en 1996 - autre temps autre moeurs - à réaliser ce doublé historique.