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Louis Picamoles (Montpellier) : « Avec le confinement, on est tous logés à la même enseigne »

Après son opération, Louis Picamoles s'était fixé comme objectif de retrouver les terrains avec le MHR en septembre. (P. Lahalle/L'Équipe)
Après son opération, Louis Picamoles s'était fixé comme objectif de retrouver les terrains avec le MHR en septembre. (P. Lahalle/L'Équipe)

Opéré le 15 janvier d'une rupture des ligaments croisés du genou gauche, Louis Picamoles poursuit sa rééducation, seul, chez lui en raison du confinement. L'ancien troisième-ligne international de Montpellier (34 ans, 82 sélections) raconte son quotidien.

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« Qu'est-ce que les mesures de confinement engendrent pour le suivi de votre rééducation ?
Au club, quand vous êtes blessé, vous avez le médecin et les kinés à disposition. Ils peuvent notamment répondre à de nombreuses interrogations qu'on peut avoir, surtout que, personnellement, c'est ma première grosse blessure au genou. Donc j'en ai pas mal. J'ai la chance d'être suivi par un kiné du club, Rémy (Louis), avec qui j'échange beaucoup. Il m'envoie mes séances quotidiennement. Et le soir, on débriefe et on essaie de réajuster. Il m'a également fourni du matériel. Il est très disponible alors qu'il est au chômage partiel et qu'il n'a aucune obligation. Je m'étais également acheté du matériel de récupération. Je bosse enfin avec une société qui m'a envoyé un kit de remise en forme avec des élastiques et un vélo. Je suis équipé et très bien suivi. C'est une chance.

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Cette rééducation forcée à domicile ne risque-t-elle pas de vous retarder dans votre progression et votre retour sur les terrains ?
Pour le moment, non. La seule chose qui me manque, ce sont les soins. La rééducation, je le répète, ce n'est pas un souci. Mais si, un matin, mon genou est plus douloureux, là je suis coincé. Au club, le kiné te déverrouille tranquillement, il t'enlève quelques tensions et ça permet de passer la séance plus facilement. En ce moment, ce n'est pas possible. Tu fais différemment. Idem après les séances, quand tu te fais masser. L'optimisation n'est pas maximale pour encaisser les séances quotidiennes, mais je ne vais pas perdre de temps.

Quel temps consacrez-vous à la rééducation de votre genou chaque jour ?
Une bonne heure, même un peu plus. Ensuite, je fais d'autres exercices. J'ai un Air Bike, donc je peux faire du cardio avec les bras et, sur mes temps de récupération, je fais tourner mes jambes, tranquillement, pour travailler la flexion de mon genou. J'ai également un tapis de course. Je fais une petite demi-heure de marche rapide en mettant l'inclinaison au maximum. Mais la priorité reste mon genou. Je respecte surtout les préconisations médicales pour lutter contre le virus, qui incitent à ne pas faire une activité physique trop intense. Je me garde enfin une journée complètement off. Pour le moment, tout va bien. Je suis très bien loti.

« Entre la rééducation, la maison, les enfants, je suis très actif. Paradoxalement, je passe moins de temps que d'habitude sur le canapé ! »

Avez-vous un peu d'appréhension ou de crainte de devoir gérer une partie de votre rééducation seul ?
Au début, j'avais beaucoup d'interrogations et d'inquiétude. Mais mon kiné m'a progressivement complètement rassuré. J'espère que je n'aurai pas pris de retard au moment où tout sera rentré dans l'ordre. Mais vu la phase de rééducation dans laquelle je suis, il n'y a pas de raison. Par exemple, je n'ai pas repris la course qui, pour le coup, nécessiterait une présence. Mes sensations sont très bonnes au niveau de mon genou. C'est même un peu dangereux car je n'ai plus de douleurs qui me rappellent ma blessure. Le risque, c'est de faire des gestes que je ne suis pas encore censé pouvoir faire. Il faut rester vigilant.

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N'avez-vous pas imaginé faire venir votre kiné à domicile...
(Il coupe.)
Pas du tout ! Les règles du confinement sont claires. Il faut les respecter. Trop de gens ne les respectent pas encore assez. Je suis en contact avec un médecin qui est sur le terrain et qui me répète que la règle n°1 contre le virus, c'est le confinement. Donc je l'écoute. Pour y remédier, on communique beaucoup par Skype. Mon épouse et mes enfants filment mes séances, ça les occupe un peu (il se marre). Ça permet à mon kiné de rectifier mes mouvements, de savoir si on peut insister sur tel ou tel mouvement, de franchir un nouveau cap, etc.

Outre votre blessure, comment vivez-vous ce confinement ?
Je ne suis pas à plaindre. Souvent, quand vous êtes blessé et que la vie continue au club, que les matches s'enchaînent, c'est dur à vivre d'être à l'écart. Avec le confinement, on est tous logés à la même enseigne. Et surtout, ma famille est en bonne santé. Je relativise. Je profite d'être à la maison, ce qui n'arrive pas si souvent sur une durée aussi longue. J'ai la chance d'avoir un jardin. Il faut positiver.

Blessure et confinement, c'est malheureusement la combinaison idéale pour prendre du poids...
(Il sourit.)
Ma femme est diététicienne, ça m'aide à garder la ligne ! Au-delà du confinement, j'avais cet objectif de ne pas prendre de poids par rapport à mon genou. C'est primordial pour bien récupérer. Je suis habitué à avoir des variations régulières, donc je ne m'inquiète pas trop. Je fais attention, mais ça ne m'obsède pas. Entre la rééducation, la maison, les enfants, je suis très actif. Paradoxalement, je passe moins de temps que d'habitude sur le canapé !

Une date de reprise a-t-elle été arrêtée ?
J'en suis encore loin. Post-opération, je me suis fixé une reprise à neuf mois, soit courant septembre, pour ne prendre aucun risque. Donc je n'y pense pas. Je suis concentré sur ma rééducation. »

publié le 2 avril 2020 à 18h47 mis à jour le 3 avril 2020 à 01h32
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