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Louis Picamoles : « Au moment où l'on fait appel à toi, il ne faut pas se rater »

Louis Picamoles à l'entraînement mercredi. (A.Mounic/L'Equipe)
Louis Picamoles à l'entraînement mercredi. (A.Mounic/L'Equipe)

Louis Picamoles, le troisième-ligne centre des Bleus, reconnaît avoir beaucoup gambergé jusqu'à l'annonce du groupe des 31 pour le Mondial nippon et savoure son bonheur de participer une troisième fois à cette épreuve.

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Un temps, on a pu penser que Louis Picamoles pourrait ne pas monter dans l'avion pour le Japon. Bras, pecs et cuisses saillants comme jamais, le numéro huit tricolore a bien atterri à Fujiyoshida, cette petite ville à la tradition textile millénaire, au campus sportif beaucoup plus récent mais tout aussi raffiné. Le Montpelliérain n'apparaît pas, pour l'heure, comme un titulaire en puissance, mais du haut de son expérience (33 ans, 79 sélections) et avec trois sélections déjà derrière lui, il entend bien jouer un rôle dans la compétition.

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« Après le match contre l'Italie (47-19, le 30 août dernier), sur la pelouse du Stade de France, vous avez pris la parole pour évoquer l'importance des moments vécus pendant les stages d'été...
Je n'avais pas vu les caméras... J'avais besoin d'exprimer tout cela à mes coéquipiers. Je l'ai fait spontanément. Je savais qu'on serait séparé pour l'annonce du groupe qui s'envolerait pour le Japon et que ce serait un moment douloureux.

Craigniez-vous, à cet instant, de ne pas être retenu pour la Coupe du monde ?
Non, mais c'était mon dernier match au Stade de France, donc c'était particulier. Je n'avais pas de certitudes non plus, donc j'ai ressenti ce besoin de parler. Il y a eu beaucoup d'attente et de questions les jours qui ont suivi, ce fut compliqué pour ma famille et surtout pour ma femme. Nous sommes rentrés le samedi et il a fallu patienter jusqu'au lundi soir. Je n'étais pas très impliqué. Mais c'est le jeu. Je lisais ce qui se disait et même si je n'en avais pas envie de le lire, cela venait à moi. Je cogitais, je sais que personne n'est incontournable. Tout peut arriver.

« L'annonce approchait et mon téléphone ne sonnait pas »

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Aviez-vous des informations sur le groupe ?
Je lisais ce qu'il se disait. Et même si je n'en avais pas envie, cela venait à moi. Je cogitais car je sais que personne n'est incontournable. Tout peut se passer. On n'avait aucune info sur les choix. Il y avait une grosse concurrence en troisième-ligne. Je me posais des questions. L'attente a été longue. L'annonce approchait et mon téléphone ne sonnait pas. Puis les copains qui ont appris qu'ils n'y étaient pas ont envoyé un message sur notre groupe WhatsApp (application de messagerie instantanée). Ça sentait bon. J'ai quand même attendu d'entendre mon nom de la bouche du sélectionneur pour être totalement relâché. Au final, ce fut une grande joie, un soulagement.

La météo est plutôt changeante ici, au Japon. Comment le vit-on sur le terrain trois jours seulement après l'atterrissage ?
On s'est préparé dans des conditions de fortes chaleurs, mais pas avec un tel taux d'humidité, donc il faut s'y habituer. Au début, cela fait bizarre. Il fait très beau, mais le ballon est glissant. Il faudra vigilant, parce que l'on fait encore quelques fautes de main. Physiquement aussi on sent un peu plus la fatigue sur les fins de séance. D'autant que, personnellement, je n'ai pas encore récupéré du décalage horaire. Il y a plusieurs réveils dans la nuit. Mais je ne suis pas le seul, donc ça me rassure.

Il reste encore dix jours avant le premier match. Est-ce beaucoup ou peu ?
C'est bien de venir s'imprégner de l'ambiance. On sent qu'il y a beaucoup d'enthousiasme autour de la Coupe du monde. C'est bien car il y a beaucoup de joueurs qui découvrent l'événement. Tu sens le poids de la compétition. C'est bien d'avoir ce temps d'adaptation, notamment pour les plus jeunes du groupe, qu'ils ne soient pas submergés par ce qui pourrait être négatif en vue du premier match.

« Greg Alldritt a été très performant. S'il démarre la compétition, je serai à fond derrière lui pour l'aider »

Y a-t-il déjà de l'excitation en vue du premier match ?
Oui ! Quand tu arrives au Japon, tu sais que ça va bientôt démarrer. Il y a de la pression, mais elle n'est pas négative. On a encore du temps. J'espère cependant que l'on pense tous un peu déjà à l'Argentine.

Depuis la victoire sur l'Italie au Stade de France (47-19, le 30 août dernier), il se sera passé 22 jours. Qu'en pensez-vous ?
On a une opposition contre le Yamaha Jubilo (une équipe du Championnat japonais) vendredi. On sait que ça ne sera pas la même intensité qu'un match international, mais cela va nous permettre de nous remettre dans le bain. Un match de plus aurait-il été utile ? Je ne sais pas. Il y a une grosse coupure, mais certains entraînements sont parfois plus intensifs que des matches. Quand tu fais plus de neuf séquences à plus de deux minutes, ça pique. Aujourd'hui (mercredi) par exemple, on a fait trois fois des séquences de 4, 3 et 2 minutes. En match, c'est rare de retrouver ça. C'est ce qui doit nous permettre d'avoir plus de jus.

Comment vivez-vous le fait de ne plus apparaître comme un titulaire en puissance ?
Nous sommes tous compétiteurs. Nous avons tous envie de démarrer les matches. De mon côté, je donne le maximum. Je ne le vis pas mal. Je sais comment ça se passe. Greg Alldritt a été très performant. S'il démarre la compétition, je serai à fond derrière lui pour l'aider. Si je suis remplaçant, ce sera la même chose. Si je ne suis pas dans le groupe, j'essaierai d'apporter à ma manière. On sait tous qu'avec les trois derniers matches très rapprochés les uns des autres, il n'y aura pas de match plus important que les autres. On parle de l'Argentine, mais si tu gagnes, tu n'es pas qualifié et si tu le perds, tu n'es pas éliminé non plus. Donc il faudra gagner Tonga et États-Unis. On aura tous un rôle à jouer dans ce Tournoi.

Qu'est-ce qui fait qu'on ne lâche pas en compétition quand on n'est plus nécessairement intégré au groupe des 23 qui figurent sur la feuille de match ?
Quand tu vois la préparation que l'on a réalisée, que six mecs ont été laissés sur le carreau, j'ose espérer que personne ne lâchera dans l'équipe. Et par expérience, je sais que tout peut aller très vite. En 2011, certains ont fini la compétition titulaire alors qu'ils n'avaient pas démarré au premier match. Ce serait un piège de penser que c'est terminé car tu ne joues pas au départ. Il faut rester impliqué car au moment où l'on fait appel à toi, il ne faut pas se rater ! »

publié le 11 septembre 2019 à 12h50
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