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Les nouvelles révélations embarrassantes de John McKee sur Françis Kean

L'ancien sélectionneur de l'équipe des Fidji, le Néo-Zélandais John McKee (F. Mons/L'Équipe)
L'ancien sélectionneur de l'équipe des Fidji, le Néo-Zélandais John McKee (F. Mons/L'Équipe)

Selon le Néo-Zélandais John McKee, sélectionneur des Fidji jusqu'en 2019, Francis Kean, le président de la Fédération fidjienne, forcé de démissionner de World Rugby en avril, à la suite d'accusations de violence, faisait régulièrement pression sur de jeunes joueurs de rugby.

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L'ancien sélectionneur de l'équipe des Fidji, le Néo-Zélandais John McKee, qui a occupé ce poste de 2014 à 2019, a dévoilé lors d'une émission diffusée par la radio australienne ABC certaines méthodes du président de la fédération fidjienne (FRU), Francis Kean, qui a dû renoncer à se présenter aux élections pour le comité exécutif de World Rugby, en avril, à la suite d'accusations de violence et d'homophobie.

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« Kean - qui est également le beau-frère du Premier ministre fidjien Frank Bainimarama et responsable du système pénitentiaire aux Fidji - n'est jamais intervenu au niveau de la sélection nationale, a raconté McKee, qui a depuis été remplacé par Vern Cotter, mais, en revanche, il mettait la pression sur les moins de 20 ans ou sur les joueurs de Drua (l'équipe qui participe au Championnat australien NRC) pour qu'ils viennent travailler pour les prisons. En effet, il voulait que les différentes équipes des Wardens (les gardiens de prison en anglais) soient performantes et il faisait venir les meilleurs joueurs de rugby. Plusieurs joueurs de 18 ans ont reçu une lettre d'engagement du service pénitentiaire alors qu'ils n'avaient pas postulé, certains ont refusé et ont par la suite été ostracisés. Ils ont été sortis des programmes de formation, de l'équipe des moins de 20 ans et de l'équipe Drua. »

Un témoignage embarrassant pour World Rugby, un de plus depuis la mi-avril, puisque Francis Kean siégeait au conseil de World Rugby depuis 2018 (il a démissionné le 20 avril et été remplacé par le directeur général de la FRU John O'Connor) et qu'il faisait partie des soutiens de l'Anglais Bill Beaumont (réélu président de l'instance internationale). De plus, Francis Kean était officiellement soutenu par la Fédération française de rugby et Bernard Laporte (devenu depuis vice-président de World Rugby) pour un poste au ComEx.

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World Rugby n'a jamais interrogé John McKee

Semblant tomber des nues quant au passé du personnage de Francis Kean (qui a été condamné à dix-huit mois pour homicide involontaire en 2007) et à ses méthodes pour diriger les prisons (quatre anciens gardiens, qui ont demandé l'asile politique en Australie, ont révélé dans The Guardian qu'il leur demandait de battre les prisonniers), les dirigeants de World Rugby vont désormais devoir expliquer pourquoi ils n'ont jamais pris la peine d'interroger les techniciens étrangers comme John McKee qui aident au développement du rugby fidjien grâce aux subventions de... World Rugby.

Le 21 avril World Rugby avait annoncé qu'une investigation était ouverte, sans en préciser la durée et sans dire à qui elle avait été confiée. Mais il semble bien que ce soit à la Fédération fidjienne d'après ce que nous a déclaré un porte-parole cette semaine : « World Rugby prend très au sérieux toute allégation susceptible de porter préjudice au sport et peut confirmer que la FRU apporte actuellement son aide pour répondre aux questions sur les allégations récentes concernant le président de la FRU, Francis Kean (précisons qu'il n'a pas quitté son poste). Étant donné que les allégations transcendent potentiellement le sport et les questions juridiques nationales, il serait inapproprié de faire d'autre commentaire jusqu'à l'achèvement de ce processus initial. »

Sachant qu'Amnesty International, qui a déjà publié deux rapports sur Kean, sans obtenir le moindre changement sur le fonctionnement des prisons, on imagine mal ce processus initial déboucher sur une sanction, étant donné l'organigramme de la FRU dont le président d'honneur est Frank Bainimarama (beau-frère de Kean et Premier ministre) et le responsable du développement Sale Sorovaki, gendre de Bainimarama.

publié le 3 juin 2020 à 21h02
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