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Jefferson Poirot (Bordeaux-Bègles) : « Je n'ai pas de proposition du club pour l'instant »

Jefferson Poirot est sous contrat jusqu'en 2021 avec l'UBB. (N. Luttiau//L'Équipe)
Jefferson Poirot est sous contrat jusqu'en 2021 avec l'UBB. (N. Luttiau//L'Équipe)

Premier en salle d'interview vendredi après deux heures d'entraînement, le pilier et capitaine de l'UBB, Jefferson Poirot (27 ans, 36 sélections entre 2016 et 2020) s'est penché sur la nouvelle saison de Bordeaux-Bègles, la dernière de son contrat, avant de revenir sur son choix de quitter le XV de France.

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« Nouvelle saison, nouveau projet pour l'UBB après le championnat avorté en mai, et nouvelles résolutions, en particulier ce trait tiré sur le XV de France. Vous avez l'impression de débuter une nouvelle carrière ?
Non, pas une nouvelle carrière. Mais même si c'était le cas avant, je suis encore plus investi dans le club. À deux cents pour cent. J'aborde la saison différemment, en me disant que je vais avoir un trou en novembre, en février, et donc qu'il y aura des moments de récupération.

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Entre mars et mai, vous avez été traversé par de nombreux sentiments : le confinement, la fin prématurée de la saison et l'annonce de votre fin de carrière internationale. Comment avez-vous vécu cela ?
C'est vrai qu'il faut le gérer. Mais ça faisait un petit moment que j'avais envisagé la fin de ma carrière internationale, disons dès la mi-Tournoi. Mais au moment où il faut l'annoncer, ça devient plus difficile (sourire). Beaucoup de choses m'ont traversé l'esprit. L'annoncer, c'était ne plus pouvoir revenir en arrière. Ç'a été une période très intense. Mais j'ai choisi le moment, après cette phase de confinement et le relâchement qui a suivi. Je ne voulais pas être perturbé dans ma préparation physique et la reprise collective de l'entraînement.

« Aujourd'hui, ma décision (de quitter le XV de France) n'est pas ouverte : elle est complètement fermée »

Beaucoup de gens n'ont pas bien compris votre décision de tirer un trait sur l'équipe de France...
Franchement, avec ce que je ressentais au fond de moi, cette décision était plutôt simple à expliquer. C'est un choix fort et logique. Très personnel. À 27 ans, ça paraît difficile à comprendre et je ne suis pas surpris que des personnes s'interrogent.

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Ce choix a été long à mûrir ?
Ça a surtout été long avant de pouvoir l'exprimer. Sans doute parce que c'était très important pour moi. Mon amour pour l'équipe de France, il est intact. Mais j'avais envie de faire les choses à fond. J'ai bien réfléchi. Jusque dans le choix des mots, que j'ai longuement pesés. Après, je suis transparent et aussi assez binaire, c'est zéro ou c'est un. Aujourd'hui, ma décision n'est pas ouverte : elle est complètement fermée.

Vous avez refermé la porte du XV de France mais en avez-vous gardé les clefs ?
Oui. Je les ai avec moi (sourire).

Si en 2023, lors de la Coupe du monde en France, il y a soudain pénurie de piliers, les sélectionneurs du XV de France pourront-ils faire appel à vous ?
2023, c'est loin. Mais s'il y a besoin, je peux dire que oui... Mais on est en 2020. Je ne veux pas rester dans le vague mais si choix il y a, c'est le terrain qui décidera. J'ai envie de vivre les choses à fond avec le club. Prendre le leadership en club ou avoir le capitanat quand on est absent souvent, c'est difficile, ce n'est pas ma façon de faire les choses. J'avais l'impression de m'éparpiller.

« Si je voulais aller plus haut, je devais renoncer à quelque chose »

Le nouveau projet sportif de l'UBB, avec Christophe Urios, a pesé dans votre choix d'arrêter ?
Non, le club n'a rien à voir avec ma décision d'arrêter. Je préfère le préciser. D'autant qu'à l'heure actuelle, je n'ai aucune proposition du club pour prolonger (il est sous contrat jusqu'en 2021)...

En annonçant votre fin de carrière internationale à vingt-sept ans, vous avez brisé une croyance, à savoir que c'est à cet âge que les piliers atteignent leur apogée...
En équipe de France, peut-être, mais je n'arrête pas de jouer (sourire). J'espère pouvoir montrer ce que je vaux sur le terrain. J'ai commencé l'équipe de France à 23 ans, je n'étais même pas encore titulaire à Bordeaux, je dirais même que c'est l'équipe de France qui m'a permis d'être titulaire en club. Il y a beaucoup de domaines techniques et physiques que je n'ai pas pu travailler... J'ai aussi envie de me recentrer sur d'autres choses, de voir autre chose, de m'améliorer, de travailler sereinement, de passer du temps pour améliorer mes performances. Là, je sentais que j'avais atteint un plafond, que je ne pouvais pas aller plus haut. Si je voulais aller plus haut, je devais renoncer à quelque chose. Et renoncer, c'est avancer. Parfois, il faut savoir renoncer à quelque chose pour être plus fort. Et aujourd'hui, j'ai besoin de ça ! »

publié le 3 juillet 2020 à 17h16
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