Il a été l'un des premiers présidents de club à demander la démission de Didier Gailhaguet, en plein scandale lié aux révélations de violences sexuelles dans le patinage artistique. Damien Boyer-Gibaud avait publié une tribune dans Ouest-France pour inciter le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) au départ, écrivant notamment : « Monsieur Gailhaguet, votre défense ne m'a pas ému. Votre indignité, si. » Après la démission de Didier Gailhaguet le 8 février, le jeune président d'Angers danse sur glace s'est déclaré candidat, le 21 février.
Son âge (35 ans) et son arrivée récente dans le milieu (président depuis 2017) pouvaient plaider en sa faveur, au moment où la FFSG a cruellement besoin de renouvellement. Mais dans le milieu du patinage angevin, certains ont des mots très durs pour Boyer-Gibaud. Notamment Pamela Cochard.
Attaqué aux prud'hommes
Entraîneure du club depuis vingt ans, elle a attaqué le dirigeant aux prud'hommes pour faire résilier son contrat de travail. Le jugement, rendu en novembre 2019, a pris en compte la pathologie dépressive de la coach, reconnue comme maladie professionnelle. « La résiliation judiciaire de son contrat de travail a été jugée fondée, ce qui équivaut à la reconnaissance d'un licenciement sans cause réelle ni sérieuse », résume son avocate, Mme Chouquet-Maisonneuve. Pamela Cochard, qui a fait appel en raison du montant jugé trop faible des dommages et intérêts, décrit M. Boyer-Gibaud comme quelqu'un qui l'a « détruite ».
« Petit à petit, l'ambiance se dégradait, je me recroquevillais »
« Il a été élu président en juin 2017. J'étais la seule salariée, explique la coach. Pendant l'été, il a commencé à me solliciter pendant mes vacances. En novembre, il a remis en cause le contrat de travail que j'avais depuis vingt ans. Petit à petit, l'ambiance se dégradait, je me recroquevillais. Mes proches m'ont poussée à aller voir un médecin et là, je me suis effondrée. Ce club, j'y étais depuis toujours, je faisais partie des meubles, j'ai vu passer des présidents, et là j'étais face à quelqu'un qui vous pousse à douter de vos capacités. »
Cinq candidats en lice pour présider la FFSG
La coach n'avait pas parlé jusqu'ici des circonstances de son départ, mais a accepté de nous répondre lundi : « C'est quelqu'un qui a eu des problèmes à gérer une salariée. Qu'il gère une fédération, ça me fait peur ». Plusieurs parents seraient également mécontents de la gestion du président du club de danse d'Angers.
Damien Boyer-Gibaud, qui a notamment proposé de mettre en place, s'il est élu le 14 mars, un comité d'éthique indépendant assure avoir simplement voulu mettre en conformité le contrat de sa salariée : « J'ai hérité d'un club où il y avait nombre d'irrégularités, et j'ai proposé un avenant pour régulariser ce contrat. À ce moment-là, on s'entendait très bien. Pourquoi ça sort aujourd'hui ? Parce que je me suis présenté. C'est une personne qui m'avait demandé de prendre la présidence. Il y a probablement beaucoup d'affect. »
Quatre autres candidats sont également en lice pour la présidence de la FFSG : Hubert Godefroy, Marie-Reine Le Gougne, Nathalie Péchalat, rejoints depuis hier par l'ancien patineur de vitesse Marc Bella.