En ouvrant la porte à une reconnaissance officielle du MMA en France, la ministre des Sports a également ouvert la fenêtre aux réactions les plus diverses. Si les acteurs du MMA français se sont réjouis de cette avancée, le président de la Fédération de judo (FFJDA), Jean-Luc Rougé, fidèle rempart de l'hostilité à la discipline, a gardé intégralement (ou presque) sa ligne de conduite passée.
Des valeurs...
Dans un communiqué publié mercredi - après avoir décliné toutes les sollicitations des médias -, Jean-Luc Rougé a invité le législateur à « interroger sur ce qui est du sport et ce qui ne l'est pas [...] On ne doit pas limiter cette réflexion au MMA, mais y associer certains arts militaires où l'on apprend à tuer et blesser [...] L'impact sur l'éducation, la santé et les valeurs de respect des personnes, tant physiquement que moralement doit être évalué », a commenté le patron du judo. Se disant prêt à accueillir le MMA dans son giron à condition de pouvoir définir les aspects « culturels et éthiques » des compétitions amateurs. Pour les combats professionnels, « il en est tout à fait autrement », insiste Rougé. « Si nous devions intégrer ou accompagner le MMA, nous demanderions la possibilité d'interdire certaines manifestations. »
...et des valeurs
Des propos qui ont fait bondir Kerrith Brown, le président de la Fédération internationale de MMA (IMMAF), qui a répondu via un communiqué. « Nous nous félicitons de l'intérêt de M. Rougé pour un éventuel accueil du MMA au sein de la Fédération de judo en France. [...] Ayant personnellement consacré la plus grande partie de ma vie au judo (médaillé de bronze aux JO de 1984 dans la catégorie des poids légers), je porte en très haute estime l'éthique de ce sport. Nous sommes d'accord avec M. Rougé sur l'importance de l'éducation, de la santé et du respect. Nous avons la conviction que la pratique du MMA dans un cadre approprié stimule ces valeurs, et que nous partageons avec le judo une tradition culturelle et des valeurs éthiques communes », écrit Kerrith Brown.
Quant à la volonté de pouvoir faire des ajustements techniques, le président de l'IMMAF rappelle que le MMA est structuré en tant que sport à part entière. « Le MMA possède déjà ses règles propres, appliquées dans tous les pays du monde qui comprennent utilisation d'un ring octogonal (appelé « zone de sécurité ») faisant partie intégrante du jeu pour la haute compétition et garantissant la sécurité des athlètes [...] Nous avons développé des parcours d'enseignement technique et de compétition pour les pratiquants débutants et jeunes à tous les niveaux, qui interdisent notamment les coups portés à la tête pour les moins de 18 ans. »
Enfin, Kerrith Brown souhaite inviter Jean-Luc Rougé « à assister à nos Championnats d'Europe à Rome en juin prochain : il pourra ainsi prendre connaissance de nos processus en matière de contrôle des athlètes, de dispositions médicales avant, pendant et après les combats, d'antidopage, de règles, d'arbitrage, d'inspection, de contrôle de l'hygiène, de contrôle du matériel, de tenue des registres et de tout autre aspect opérationnel [...] Notre porte est ouverte. »