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Affaire Sarlat : l'enquête interne restituée

Le témoignage de Clémentine Sarlat, ancienne journaliste du service des sports de France Télévisions, sur des faits de harcèlements, avait déclenché une enquête interne dont le rapport vient d'être rendu. (A. Martin/L'Équipe)
Le témoignage de Clémentine Sarlat, ancienne journaliste du service des sports de France Télévisions, sur des faits de harcèlements, avait déclenché une enquête interne dont le rapport vient d'être rendu. (A. Martin/L'Équipe)

Suite au témoignage de Clémentine Sarlat dans L'Équipe du 4 avril, rapportant des faits de harcèlement moral et de sexisme au service de sports de France Télévisions, la direction avait lancé une enquête interne dont le résultat a été rendu ce jeudi.

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Après le témoignage de Clémentine Sarlat paru dans L'Équipe le 4 avril dernier, dans lequel la journaliste évoquait des faits de harcèlement moral et de sexisme au service des sports de France Télévisions, la direction du groupe audiovisuel public avait immédiatement diligenté une enquête interne.

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Deux mois et demi plus tard, le résultat est tombé. Le cabinet Interstys, après s'être entretenu avec 115 personnes entre le 14 et le 30 avril, a rendu son rapport écrit à la présidente Delphine Ernotte ces derniers jours. Ce jeudi, une consultante du cabinet spécialisé en a effectué une présentation orale, sans citer de noms, mais pour exposer une situation « objective » de la situation.

Les témoignages évoquent « un entre-soi masculin », « une ambiance de vestiaire à l'humour graveleux permanent »

De 10 à 13 heures, l'enquête a donc été présentée en visioconférence à une centaine de personnes, des journalistes et techniciens de la rédaction des sports actuelle en passant par quelques anciens membres du service ayant témoigné. « Une culture masculine de la rédaction », « un entre-soi masculin », « des clichés très présents sur les femmes qui ne connaissent pas assez bien le sport », « une ambiance de vestiaire à l'humour graveleux permanent », « des propos en réunion à propos d'une nouvelle stagiaire : ''celle-là, je la baiserais bien'' », « des propos sur les tenues ou infantilisant : choupette, chérie », voici le type de témoignages récoltés et rapportés par le cabinet.

Jeudi après-midi, le site Mediapart a également publié une longue enquête intitulée À France Télévisions, le service des sports est un bastion sexiste, et dévoilé une partie du rapport.

« Tout le côté obscur de la rédaction est ressorti d'un coup, c'était un concentré très dur à encaisser », rapporte un journaliste présent à la conférence. « C'était assez violent, confirme Antoine Chuzeville, délégué syndical au SNJ. Avec cette enquête, on a rattrapé 30 ans de boulot qui n'avait pas été fait jusqu'ici. Là, on paye l'addition, c'est dur. Pour autant, je n'ai pas l'impression de travailler dans une rédaction de sales types. Mais tout a été permis pendant trop longtemps et cela a dérapé trop souvent. » Un autre journaliste du service des sports conclut : « La consultante a résumé la chose ainsi : ''vous êtes avec des potes dans un vestiaire ou au bistrot mais pas dans une situation de travail dans une entreprise'' ».

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Mise en place d'un plan d'action

Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, nous a fait savoir qu'un « plan d'action est mis en place sans délais ». Il consiste notamment en des formations obligatoires pour tous les collaborateurs de la direction des sports sur la prévention des comportements inappropriés en entreprise à compter de juillet jusqu'à octobre 2020. Delphine Ernotte ajoute être « totalement engagée dans la lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel », tout en précisant « suivre le dossier depuis le premier jour avec le principe de tolérance zéro ».

« S'il doit y avoir des sanctions, il y en aura. On ne va rien laisser passer ! »

Laurent-Eric Le Lay, directeur des sports de France Télévisions

Laurent-Éric Le Lay, directeur des sports de France Télé, prend également acte des faits graves issus de l'enquête. « Le rapport fait remonter un certain nombre de situations de souffrances, reconnaît-il. Le premier réflexe est de les écouter. Le feed-back ne fonctionne pas toujours, il y aura notamment un travail à effectuer sur ce point. J'aurais voulu aller plus vite (sur la place des femmes au service des sports)... Les choses ont déjà beaucoup évolué mais pas assez. »

Les sanctions éventuelles seront traitées prochainement par le service des ressources humaines de France Télévisions, ce dernier disposant du dossier avec les noms cités par les témoins. « Pour l'instant, je n'ai pas accès à toutes les données, mais s'il doit y avoir des sanctions, il y en aura, assure Laurent-Éric Le Lay. On ne va rien laisser passer ! »

publié le 25 juin 2020 à 21h57
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