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Paris 2024

Parcours, pilotes, accueil du public : Élancourt au crash test avant Paris 2024

Le public était venu en nombre le long du parcours du circuit d'Elancourt, dimanche. (B. Papon/L'Équipe)
Le public était venu en nombre le long du parcours du circuit d'Elancourt, dimanche. (B. Papon/L'Équipe)

L'événement test de VTT olympique, dimanche, était attendu par les sportifs comme par les organisateurs. Le parcours, les aménagements pour le public et les athlètes désignés pour Paris sont parmi les enseignements des trois jours.

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Le public pour une première

Les grilles de la colline d'Élancourt se sont ouvertes à 11h30 sur les premiers spectateurs, dimanche. Face à eux, une armée de bénévoles prêts à répondre à toutes les questions, même celles qu'ils ne se posaient pas. L'enjeu de cette journée était important pour le comité d'organisation des Jeux : pour la première fois, la billetterie et les contrôles allaient être testés « en vrai ».

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Ella et Thomas, 23 ans tous les deux, étaient venus de Paris - à 25 km - pour l'occasion. Leurs places, obtenues par l'inscription d'Ella au club Paris 2024, ravissaient son compagnon, grand amateur de VTT. Et pour accéder jusqu'à l'intérieur de l'enceinte boisée, « c'était très simple et bien fait, tout est bien indiqué » jugeaient les deux Parisiens, venus par les transports en commun.

Pauline Ferrand-Prévôt dans une partie boisée du parcours. (B. Papon/L'Équipe)
Pauline Ferrand-Prévôt dans une partie boisée du parcours. (B. Papon/L'Équipe)

Parmi les 3 000 spectateurs conviés, beaucoup de familles. Gérard Gomis, 59 ans et éducateur à Poissy, avait obtenu des places proposées par sa commune. Il a embarqué sa voisine Emma Danon, la fille de celle-ci Deborah, et un autre ami Alain Nassa. Cette bande de quinquagénaires enthousiastes s'apprêtaient à entamer l'ascension de la colline : « Tout s'est bien passé, témoignait le spectateur régulier des Coupes du monde de VTT. Il n'y avait pas d'attente et tout était clair. » Dans la foule, au milieu des spectateurs, on pouvait même croiser Juliette Labous et Audrey Cordon-Ragot, tout juste revenue du championnat d'Europe la veille.

Autour des passages les plus spectaculaires, le public se massait néanmoins, provoquant quelques ralentissements et bouchons. Dimanche le site de la colline d'Élancourt, qui accueillera cinq fois plus de monde le jour des épreuves olympiques, n'était en fait accessible qu'en partie au grand public, concentrant ainsi les spectateurs le long de quelques corridors afin de juger les flux. Des aménagements seront étudiés et certains passages élargis pour faciliter les passages.

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Un parcours encore sujet à aménagements

Au coeur des questions ce week-end se trouvait le circuit olympique, créé de toutes pièces sur cette colline francilienne qui n'avait accueilli jusqu'alors qu'une course amateur, la Revancharde, au milieu de ses épais taillis et broussailles. « Ç'a été chaud » pour que tout soit prêt, imageait Yohann Vachette, de Bike Solutions. Cet ancien vététiste est chargé d'aménager le parcours imaginé dans les grandes lignes par Nick Floros, le traceur brésilien chéri de l'UCI.

À l'heure du jugement premier, la championne olympique en titre Jolanda Neff faisait la moue samedi, après quelques tours de reconnaissance : « Ça manque un peu de parties naturelles, à part la dernière en forêt. » Mathieu Van der Poel en était ravi, au contraire : « Il me plaît, avec ses multiples montées mais qui ne sont jamais très longues. »

Le Néo-Zélandais Anton Cooper, le Français Jordan Sarrou, le Suisse Nino Schurter et le Français Victor Koretzky (de g. à dr.), dans une des montées du parcours. (B. Papon/L'Équipe)
Le Néo-Zélandais Anton Cooper, le Français Jordan Sarrou, le Suisse Nino Schurter et le Français Victor Koretzky (de g. à dr.), dans une des montées du parcours. (B. Papon/L'Équipe)

« C'est un circuit physiquement exigeant, déchiffrait Pauline Ferrand-Prévôt dès sa première reconnaissance. Il y a deux-trois parties techniques, mais ce n'est pas celui des JO de Tokyo où c'était très, très technique. » « Il n'y a pas de partie ennuyante et du coup, c'est top », jugeait pour sa part Loana Lecomte.

« S'il doit y avoir un changement, c'est le départ qui reste quand même assez dangereux avec la butte »

Loana Lecomte

Du vendredi rincé par les averses au dimanche sous un franc soleil, on aura vu le circuit sous plusieurs formes. Et loin de simples considérations météorologiques, cela a son importance. Le gravier, qui tapisse notamment une bonne partie de la piste, a suscité beaucoup de questionnements à ce sujet : utile pour éviter que la glaise rende le circuit impraticable sous la pluie, atténuant le caractère technique en couvrant les racines, un peu trop meuble le premier jour de reconnaissance, favorisant les coureurs puissants aux dépens des purs techniciens... « Ça a été un gros gros débat », glissait Vachette. Notons néanmoins, afin de brouiller encore davantage la perception du circuit, que les deux vainqueurs dimanche, Loana Lecomte et Victor Koretzky, sont parmi les pilotes les plus techniques du plateau.

Après ces trois jours, des aménagements seront apportés au circuit. Dès vendredi, les pilotes évoquaient la réception un peu trop dure d'un saut depuis une passerelle au sommet de la colline. « Je le savais même avant, reconnaît Vachette. On sait déjà qu'on devra le modifier mais ce ne sera pas très long. »

Loana Lecomte dans la première montée du circuit. (B. Papon/L'Équipe)
Loana Lecomte dans la première montée du circuit. (B. Papon/L'Équipe)

« Il n'y a pas de gros changements à faire. Il y a peut-être deux ou trois petits trucs à modifier. S'il doit y en avoir un, c'est le départ qui reste quand même assez dangereux avec la butte (au premier virage en dévers, à droite). Mais ils ont dit que ça allait changer pour l'année prochaine », pointait Lecomte dimanche après-midi. « S'il y avait une partie où tu peux vraiment doubler, c'est vrai que ce serait peut-être un peu mieux », ajoutait Ferrand-Prévôt à la liste de courses. « On va faire part de nos ressentis et Yvan (Clolus, manager des Bleus) fera le nécessaire pour remonter au comité d'organisation », résumait Sarrou.

Ensuite, le circuit ne sera plus accessible, même aux Français. « Je pense qu'avec l'UCI et le COJO seront imaginés des jours d'entraînements. Par exemple, fin mai, une ou deux journées pour l'ensemble des nations, pour venir rouler pendant deux jours. Je pense que c'est ça qui va être imaginé », suppose déjà Yvan Clolus, le manager général des Bleus.

Des quotas olympiques français en partie dévoilés

Yvan Clolus le laissait déjà entendre en aparté depuis un bon moment, Pauline Ferrand-Prévôt et Loana Lecomte étaient les deux Françaises qui seraient, sans surprise, au départ de la course olympique de Paris 2024. Dimanche après le test-event, c'est devenu une confirmation publique : « Chez les femmes, il y a une hiérarchie clairement définie. Loana (Lecomte) et Pauline (Ferrand-Prévôt) cochent tout. La course de l'année, c'était les Mondiaux et elles y font 1 et 2, on ne peut pas faire mieux. Aujourd'hui, elles sont au rendez-vous. Ce n'est pas la peine de leur redemander de nous remontrer je ne sais pas quoi au printemps de l'année prochaine. » Cela vaut validation pour Paris 2024.

Chez les hommes, la tendance de fin de saison fait clairement ressortir Victor Koretzky. « On voit bien qu'il y a quelque chose qui se dégage, notamment avec Victor, qui coche tout aussi. L'expérience, être là le jour J, être là devant son public, ici ou aux Gets, il y a dix jours (doublé sur la short race puis le format olympique). » Fin octobre, une première annonce aura lieu, sans doute sous la forme d'un premier pré-ticket olympique.

Victor Koretzky est sorti vainqueur du test-event masculin. (B. Papon/L'Équipe)
Victor Koretzky est sorti vainqueur du test-event masculin. (B. Papon/L'Équipe)

Plus surprenant, le manager des Bleus a fait entrer l'épatant Adrien Boichis dans l'équation. Jusque-là, Yvan Clolus avait toujours aiguillé les questions à son sujet vers l'objectif de Los Angeles 2028. Dimanche, le vice-champion du monde Espoirs, 20 ans, fut l'auteur d'une course pleine d'assurance, longtemps dans le groupe de tête.

« C'est peut-être le futur Absalon qu'on attend, ose même le patron des Bleus. Et donc comment sera-t-il, lui, dans six, sept mois ? On ne le sait pas. » On y décèle surtout un moyen de piquer l'ego des autres Français dans la quête du deuxième ticket olympique, alors que cela fait plus de trois ans que le manager leur demande de dépasser l'horizon des top 5 pour venir gagner beaucoup plus régulièrement.

publié le 26 septembre 2023 à 10h10 mis à jour le 26 septembre 2023 à 16h34
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