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Paratriathlon : Élise Marc, parcours d'une pionnière française

Élise Marc, championne du monde 2017 de paratriathlon et double championne d'Europe (2016 et 2018). (FFTRI/James Mitchell)
Élise Marc, championne du monde 2017 de paratriathlon et double championne d'Europe (2016 et 2018). (FFTRI/James Mitchell)

Championne du monde 2017 de paratriathlon et pionnière de sa discipline, la Française Élise Marc participera ce dimanche 30 juin au Triathlon de Paris. Avec les Jeux Paralympiques de Paris 2024 comme objectif. Portrait.

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Élise Marc est une championne qui ne cherche pas à en être une. La native d'Échirolles, dans l'Isère, amputée bilatérale au niveau des tibias depuis un accident en 2004, a beau être championne du monde 2017 de paratriathlon et double championne d'Europe (2016 et 2018), elle continue de vivre son sport par les seuls prismes du plaisir et du dépassement de soi.

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Mais en participant au Triathlon de Paris ce dimanche 30 juin, une course qui promeut le paratriathlon, la Française de 31 ans courra avec un objectif en tête : celui de revenir dans cinq ans pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.

(FFTRI/James Mitchell)
(FFTRI/James Mitchell)

Le triathlon, de loisir à temps plein

Pourtant, quand elle découvre le triathlon il y a six ans, c'est avant tout pour le loisir. À l'époque, elle suit des études d'ingénieur à l'Institut national des sciences appliquées de Lyon (INSA) et ne se voit pas sportive de haut niveau. « Bien sûr, jeune, j'avais des rêves, mais je voyais plus le sport comme un loisir, pose-t-elle de sa voix douce. Lors de mes études, il n'y avait plus du tout de sport dans la formation scolaire, ça me manquait. Donc quand j'ai entendu des collègues parler de triathlon, je m'y suis mise et ça m'a tout de suite plu. »

Marc se prend finalement au jeu et ne tarde pas à faire de la compétition. En 2013, elle participe et remporte ses premiers Championnats de France, en catégorie TR3. Un tournant vient d'être pris : des membres de la Direction technique nationale (DTN) la repèrent et, l'année suivante, elle intègre l'Équipe de France de paratriathlon, créée un an plus tôt. Le Ministère de la Défense lui offre ensuite un poste dans l'Armée des champions, lui permettant de se consacrer à plein temps à son sport. Ce qui a d'abord été un loisir vient de devenir son activité principale.

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Une classification des handicaps en mouvement
De 2004 à 2006 il n'existe qu'une unique catégorie pour les paratriathlètes : AWAD (athlète avec un handicap, en français). Avec le développement du paratriathlon, les athlètes sont ensuite classés en six catégories par handicap spécifique, de PC1 à PC6. En 2009, celles-ci subissent quelques affinements et prennent le nom de TR1 à TR6. Durant l'organisation des Jeux Paralympiques, la Fédération internationale de triathlon change à nouveau la classification. De 2014 à 2016, il y a cinq catégories, de PT1 à PT5 (PT pour paratriathlètes). Depuis 2017, la classification met l'accent sur la gravité du handicap plutôt que sur sa spécificité.

Pionnière de sa discipline

Lors de la saison 2014-2015, Élise Marc emménage à Saint-Raphaël et rejoint Nicolas Becker, coach de l'équipe de France, au CREPS (Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive) de Boulouris. Celle qui s'entraîne quinze à vingt heures par semaine remporte alors son deuxième Championnat de France. Mais si l'année 2015 confirme son statut en équipe de France, c'est l'année 2016 qui l'a fait basculer dans une autre dimension.

Après avoir glané les Championnats d'Europe 2016 à Lisbonne, elle participe à la première épreuve de paratriathlon de l'histoire des Jeux Paralympiques, à Rio au Brésil. « Même si les Jeux c'est le rêve de tout sportif, cela a été une expérience mitigée pour moi, regrette-t-elle. On a beau faire toutes les compétitions, tous les Championnats du monde... les Jeux ça n'a rien à voir en termes d'impact médiatique. Je n'ai jamais autant répondu à des interviews et mine de rien, ça m'a pompé beaucoup d'énergie. En arrivant aux Jeux, j'étais cuite. »

Résultat : la Française s'empare de la cinquième place de sa catégorie, sur huit. Peu importe, elle vient d'entrer dans le cercle fermé des pionnières du sport, bien qu'elle ne le voie pas de cet oeil : « Ce n'est pas comme ça que je prends les choses. Je dirais plutôt que quand j'ai un objectif, je m'en donne les moyens. »

(FFTRI/James Mitchell)
(FFTRI/James Mitchell)

Se servir de ses frustrations

Le rebond ne se fait pas attendre et Élise Marc met la main sur la couronne mondiale le 15 septembre 2017 à Rotterdam, aux Pays-Bas. La saison 2018 est également pleine puisqu'elle s'adjuge un nouveau titre européen, ainsi qu'une médaille d'argent aux Championnats du monde de Goald Coast, en Australie. Deux nouvelles lignes qui viennent s'ajouter à un palmarès déjà bien fourni, mais qui sont loin de lui suffire. Le désir d'avoir une revanche sur ses Jeux de Rio est fort. Et le coup de massue n'en est que plus dur quand elle apprend que sa catégorie n'est pas retenue pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020.

De cet échec surgissent de nouvelles possibilités. Privée de préparation olympique, Élise Marc réalise des stages avec l'équipe de France d'aviron et a couru le 12 mai dernier son premier Half Ironman, l'Ironman 70.3 du Pays d'Aix. Un souhait qu'elle entretient depuis longtemps : « La longue distance a toujours été dans un coin de ma tête, sourit la Tricolore. J'ai l'espoir d'un jour faire un Ironman. Mais on ne peut pas tout faire en même temps. Concernant l'aviron, il y a encore trop d'incertitudes, mais si je peux y aller (aux Jeux, ndlr), j'irai. » Et quand on lui pose la question de ses objectifs, la réponse vient du tac au tac : Paris 2024. En paratriathlon ou en aviron.

Le 15 septembre 2017, Élise Marc devient championne du monde.
Le 15 septembre 2017, Élise Marc devient championne du monde.
publié le 27 juin 2019 à 15h43 mis à jour le 27 juin 2019 à 15h44
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