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Marathon de Paris : Jean-Michel Boiron, 73 ans et 243 marathons au compteur

Un profil hors norme. (Colizey)
Un profil hors norme. (Colizey)

Jean-Michel Boiron, dernier lors du Marathon de Paris 2018, va vivre à 73 ans son 244e marathon, ce dimanche. Récit.

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Dans deux jours, Jean-Michel Boiron participera au 244e marathon de sa vie. La performance est d'autant plus notable qu'il ne s'entraîne jamais, hormis lors de ses vacances d'été. Ajoutez à cela quelque 400 courses d'ultrafond (100 km), plusieurs spartathlons (260 km), trente années de football, deux Bordeaux-Paris à vélo et un goût prononcé pour le hard rock, et vous obtenez le cocktail explosif de cette force de la nature née dans La Vienne (Nouvelle Aquitaine) un 23 août 1945. « Les années fastes, lorsque j'avais la quarantaine, j'ai fait jusqu'à 28 000 km en une année », glisse-t-il rieur. Le décor est planté.

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Le faux dernier

Mais si son nom vous dit quelque chose c'est peut-être pour un autre fait d'armes. L'homme de 73 ans a officiellement fini à la dernière position du Marathon de Paris 2018. Déguisé en rockeur et accompagné de deux amies, Jean-Michel Boiron passe la ligne au moment où les barrières se ferment. S'engage alors une négociation avec l'organisation pour permettre à ses partenaires, dont c'est le premier marathon, de finir la course. Durant cette âpre discussion, la puce censée comptabiliser son chrono reste allumée. Résultat, à la réception de sa médaille Jean-Michel a un chrono de 8h14 au lieu de 6h34.

Un mal pour un bien, puisque cette bévue technologique va lui permettre de trouver son sponsor pour l'édition 2019 : la start-up Colizey, une marketplace d'équipements sportifs. Un pari qui pourrait s'avérer gagnant pour la marque puisque Jean-Michel espère finir ce marathon en 4h30. Il réduirait alors son temps de pas moins de 3h43.

Jean-Michel Boiron entouré de ses deux amies. (D.R)
Jean-Michel Boiron entouré de ses deux amies. (D.R)

La découverte du marathon

Il faut dire que son histoire avec les marathons ne date pas d'hier. Il l'a débutée en 1980, déjà à Paris. À cette époque, le Viennois est joueur de football à Lathus, où il dispute une cinquantaine de matches par saison, et décide de se mettre à la course pour rester en forme : « J'ai commencé à courir à 35 ans et pendant 10 ans j'ai fait les deux. En faisant par exemple un 100 km le samedi et un match le dimanche. » Neuf ans plus tard, en 1989, Jean-Michel Boiron établit ses records personnels du semi, du 100 km et donc du marathon (2h51'20'' au marathon de Cierrey, ndlr). Ces performances sont pourtant loin de le laisser à court d'énergie. « Quand j'ai battu mon record au marathon, j'ai fait un 20 km le lendemain et c'était amusant mes temps de passage aux 5, 10 et 15 km étaient exactement les mêmes que la veille », se souvient-il.

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Mais de cette saison il ne garde pas de bons souvenirs. Pour lui, la course est avant tout un voyage et la rencontre avec les autres. Le côté purement compétitif ne l'intéresse pas. En ce sens, son meilleur souvenir de course est un spartathlon, traversant le Japon dans sa largeur, de Nagoya à Kanazawa, appelé la Sakura Michi (la course des cerisiers, en français). « C'était le dépaysement total. Je ne parle pas un mot de japonais et eux ne parlaient pas l'anglais, raconte-t-il émerveillé, mais ça ne m'a pas empêché de bien m'entendre avec tout le monde. D'ailleurs l'organisateur de cette course est venu chez moi à la campagne et nous avons passé une journée ensemble. » Le voyage et les rencontres on vous dit.

Mille vies en une

Même quand il n'a pas de dossard, cet amoureux du sport passe sa vie à courir. Responsable de structure chez Vinci, il travaille 10 à 12 heures par jour durant la semaine et s'occupe des travaux et de l'entretien de la ferme dont il a hérité de ses grands-parents les week-ends. Le peu de temps qui lui reste est consacré à ses nombreuses passions, tel que la musique, la lecture et la pêche. Une énergie folle que lui-même n'explique pas et qui lui permet de vivre mille vies en une. « Cette santé vient peut-être de mon enfance à la campagne. Je ne dors pas et je suis toujours à fond. Quand je fais 100 km au fin fond de l'Espagne, je reprends la voiture dans la foulée. Ce n'est pas facile à vivre car j'ai tout le temps quelque chose à faire », déplore-t-il l'air espiègle.

publié le 13 avril 2019 à 09h07 mis à jour le 13 avril 2019 à 13h34
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