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Pierre-Edouard Bellemare (Colorado Avalanche) : « Le travail paie à un moment donné »

Pierre-Edouard Bellemare, ici face à Pittsburgh, a les yeux rivés sur le palet. (I. J. Downing/USA Today Sports)
Pierre-Edouard Bellemare, ici face à Pittsburgh, a les yeux rivés sur le palet. (I. J. Downing/USA Today Sports)

Auteur d'une assistance jeudi, lors de la victoire de Colorado contre San Jose (4-0), Pierre-Edouard Bellemare vient d'établir un nouveau record personnel de points (17) alors que la mi-saison vient seulement d'être franchie. La conséquence d'un travail de longue haleine pour l'attaquant de 35 ans.

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Il tournait entre douze et seize points inscrits lors de quatre de ses cinq premières saisons en NHL, et semblait promis à des chiffres similaires avec le Colorado Avalanche où il est arrivé à l'intersaison. Mais jeudi soir, à l'occasion de la victoire de son équipe face aux San Jose Sharks (4-0), l'attaquant français Pierre-Edouard Bellemare a enregistré son dix-septième point (une assistance en infériorité numérique) avec encore 35 matches de saison régulière à jouer. Son entraîneur Jared Bednar s'est avoué « un peu surpris, oui » par les performances de Bellemare, qui « a un attachement aux petits détails, qui met beaucoup de fierté et de solidité dans son jeu ». L'intéressé souligne, lui, le travail à long terme qu'il a accompli depuis son arrivée dans la Ligue en 2014.

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« Êtes-vous étonné de battre votre record de points sur une saison aussi tôt ?
Oui et non. Oui parce que j'ai fait cinq saisons à tourner autour du même nombre de points. Donc tu n'imagines pas que la chance du palet te trouve autant. Pour m'installer en NHL, j'ai dû oublier mon côté offensif. Mais j'ai quand même travaillé pour être meilleur offensivement, être là où ça peut faire mal à l'adversaire. Le travail paie à un moment donné. J'évolue aussi avec des joueurs plus offensifs qu'avant sur ma ligne, qui mettent une vingtaine de points par an donc je me retrouve dans des situations différentes des saisons précédentes. Je joue avec des joueurs vraiment bons et c'est si je n'arrivais pas à mettre autant de points qu'il faudrait se poser des questions (sourire).

Est-ce parce que le système de jeu vous correspond mieux au Colorado Avalanche ?
Non, c'est plus la conséquence de choses que le staff m'a dites, sur la façon dont il veut que je joue. Il y a pas mal de travail individuel aussi, une partie mentale pour te dire d'aller à la cage, de faire confiance aux joueurs avec qui tu évolues. Tu peux travailler intelligemment ou stupidement... Moi je le faisais un peu stupidement dans le sens où je voulais aider mes coéquipiers par mon placement. La conséquence, c'est qu'on ne lâchait rien en défense mais qu'on créait peu en attaque.

Maintenant, on crée plus de buts mais on en prend plus aussi. À Colorado, il y a aussi un coach individuel qui vient te voir après chaque match. Si tu as envie de l'entendre, il va te dire ce qu'il pense de ton match dans les moindres détails, jusqu'à te dire que sur une action, au lieu de freiner puis de faire telle courbe qui te fait perdre de la vitesse, à la place, tu devrais essayer de rester sur tes angles... 82 matches, ça passe quand même assez vite et tu peux te retrouver, vu que tu gagnes de l'argent, à te dire que tu as la belle vie et perdre l'appétit de progresser. Si quelqu'un vient à chaque fois te dire ce que tu n'as pas fait de bien, ça t'empêche de te sentir trop satisfait.

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« Je sais la vérité derrière les stats. Ce n'est pas tout rose »

Peut-on dire que Bellemare est passé à l'attaque ?
Offensivement, j'ai plus de points et mon plus/minus (différence de buts lorsqu'un joueur est sur la glace) est bien mais je dois faire un gros travail défensivement. Ma ligne, le nombre de buts qu'on a laissé sur les 20 derniers matches... Ça fait dix rencontres où je laisse des buts de merde rentrer mais si ce n'est pas forcément moi qui fais l'erreur. Ça, c'est le genre de chose que les gens ne veulent pas voir mais moi je sais la vérité derrière les stats. Ce n'est pas tout rose, il y a des lacunes à travailler.

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Vous avez connu vos meilleurs matches, dont votre premier doublé en NHL, face à votre ancienne équipe, les Vegas Golden Knights...
C'est vraiment un hasard même si je me sens comme à la maison là-bas. C'est dommage que je vienne juste d'en partir (rire). Je ne sais pas pourquoi, dans ces matches-là, je me retrouve à tout réussir. C'est une vraie coïncidence mais qui est géniale. C'était deux matches incroyables surtout vu les réactions de tout le monde à Vegas, les supporters, les coaches, les joueurs... Ce genre de rencontres me donne envie de progresser tous les jours. Tu quittes une franchise, tu fais un match incroyable qui les fait perdre et après le match, on te félicite, on te dit que tu le mérites, ça veut dire que tu fais quelque chose de bien.

Réaliser votre meilleure saison NHL à 34 ans (35 en mars), c'est tout de même étonnant...
J'ai 35 ans et c'est maintenant que je commence à être un joueur que les gens connaissent dans la Ligue. Ma chance, et peut-être mon plus gros talent, c'est que j'essaie toujours de travailler mes lacunes. Je ne suis pas un lèche-cul avec l'entraîneur mais il me voit travailler quand il n'y a personne, parfois il l'apprend, je ne sais pas comment parce qu'il n'y a vraiment personne au centre d'entraînement (rire). Donc je continue juste à travailler tous les jours.

En France, beaucoup de gens pensent que le travail va payer aussi vite que tu le fais. Mais il faut être prêt à bosser pendant une longue période avant que ça porte ses fruits. Sur le chemin, il faut se satisfaire des petites récompenses pour continuer. C'est ma façon de penser à long terme, c'est peut-être pour ça que ça m'a pris autant de temps pour arriver en NHL. Mais voilà, c'est ma 6e année dans la Ligue - alors qu'on ne m'aurait pas donné un an au départ - et mon temps de jeu augmente et j'ai de plus en plus de points... Donc je continue à faire mon petit boulot tous les jours. Et si ça ne paie pas, au pire, je suis dans une franchise qui me dit qu'elle bosserait bien avec moi après ma carrière de joueur. »

publié le 17 janvier 2020 à 11h39
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