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Ligue des champions : les remontées les plus folles de l'histoire dont le PSG peut s'inspirer

Avec Montpellier, Didier Dinart et Nikola Karabatic avaient remonté un déficit de 8 buts en finale aller contre Pampelune, en 2003, pour remporter la première Ligue des champions du MHB. (Fablet/L'Équipe)
Avec Montpellier, Didier Dinart et Nikola Karabatic avaient remonté un déficit de 8 buts en finale aller contre Pampelune, en 2003, pour remporter la première Ligue des champions du MHB. (Fablet/L'Équipe)

Celje, Berlin, Zagreb, Flensburg ou Montpellier : voici les exemples à suivre pour le Paris-SG, qui va tenter de remonter un retard de dix buts contre Kielce en quarts de finale retour, dimanche (17 heures).

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Seules huit équipes, dans l'histoire de la Ligue des champions (depuis la refonte de la compétition, précédemment nommée Coupe des clubs champions, en 1993-1994), ont remonté un écart de six buts ou plus en match aller retour.

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13 buts de retard

Celje (Slovénie) contre Leon (Espagne) en 2003-2004 (8es de finale)
25-38 à l'aller, 34-21 au retour (59-59, Celje qualifié grâce à la règle des buts marqués à l'extérieur [25 contre 21])

Le record de l'histoire de la compétition. Celje, l'un des plus grands clubs formateurs d'Europe, avait pris la marée à l'aller en Espagne, chez l'un des meilleurs clubs de la Liga Asobal, alors le plus puissant Championnat de la planète, avec notamment neuf buts du jeune Raul Entrerrios. Mais au retour, les Castillans et leur gardien vedette, le Danois Kasper Hvidt, ont explosé d'entrée (17-7 à la pause) sous les coups du Russe Eduard Kokcharov (6 buts), de Renato Vugrinec (9 buts) et surtout du shooteur d'élite biélorusse, future star du Barça, Siarhei Rutenka (8 buts). Le club slovène poursuivra sa marche euphorique jusqu'en finale, dominant les Allemands de Flensburg (34-28, 28-30) pour devenir un vainqueur aussi sensationnel que Montpellier l'année précédente.

11 buts de retard

Berlin (Allemagne) contre Leon (Espagne) en 2011-2012 (quarts de finale)
23-34 à l'aller, 29-18 au retour (52-52, Berlin qualifié grâce à la règle des buts marqués à l'extérieur [23 contre 18])

Le retournement de situation le plus spectaculaire dans l'ère du Final Four, depuis 2010. «On était une jeune équipe, avec huit nouveaux joueurs, dans une situation de crise économique énorme: on n'était plus payés depuis quatre mois, se souvient Adrien Dipanda, qui évoluait alors à Leon. La Ligue des champions était notre bouffée d'oxygène, on n'avait aucune pression à l'aller, après avoir sorti Veszprém en huitièmes (31-28, 25-27), et tout avait fonctionné comme sur des roulettes à l'aller. Un billet inespéré pour le Final Four nous tendait les bras. On est allés à Berlin un peu la fleur au fusil et, dans une salle chauffée à blanc (8900 spectateurs), on s'est retrouvés menés de six buts au bout d'un quart d'heure... Ils avaient fait la moitié du voyage et on a commencé à se dire que c'était en train de nous arriver. C'est juste mental, l'adversaire qui prend confiance et toi qui te mets à douter. Je me souviens d'un sentiment de solitude au milieu de cette salle. S'ils avaient eu quatorze buts à remonter, ils nous en auraient mis quatorze.» L'Espagnol Iker Romero avait marqué six fois pour les Füchse Berlin, à l'appui des neuf buts de l'Islandais Alexander Petersson. «La première chose, c'était de se dire que ce miracle était possible, témoigne-t-il. Soixante minutes de jeu, cela peut être tellement long. Notre entraîneur, Dagur Sigurdsson, nous avait dit qu'il suffisait de rattraper un but toutes les cinq minutes... L'ambiance était incroyable, à chaque attaque, chaque défense, tout a fonctionné, et les dix dernières minutes ont été complètement folles.» Au Final Four de Cologne, les Berlinois s'inclineront en demi-finales contre Kiel (24-25), le futur vainqueur.

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Zagreb (Croatie) contre le CSKA Moscou (Russie) en 1994-1995 (8es de finale)
21-32 à l'aller, 17-33 au retour (54-49)

Décimé par l'exode de ses meilleurs joueurs (Talant Dujshebaev notamment) après l'implosion de l'URSS, le CSKA Moscou n'est plus l'armada qui avait décroché la couronne européenne en 1988. Mais il incarne encore la qualité physique et technique du handball russe, avec dans ses rangs plusieurs champions du monde 1993 (Soukossian, Gorpichine), et ridiculise à l'aller Zagreb, l'un des favoris de la compétition que le club croate a remportée en 1992 et 1993. Mais les vedettes des Balkans (Goluza, Cavar, Smajlagic), vexées, font parler tout leur orgueil au retour: six buts d'écart à la pause (15-9), seize à l'arrivée. Zagreb atteindra la finale, perdue contre les Espagnols d'Irun (27-26, 20-30).

10 buts de retard

Flensburg (Allemagne) contre Celje (Slovénie) en 2006-2007 (8es de finale)
31-41 à l'aller, 36-26 au retour (67-67, Flensburg qualifié grâce à la règle des buts marqués à l'extérieur [31 contre 26])
Celje aura donc vécu les deux faces de la remontada. Trois ans après l'exploit contre Leon, Rutenka n'est plus là mais Kokcharov fait toujours feu: neuf buts lors d'un incroyable festival offensif à l'aller (41-31). L'«Enfer du Nord», surnom officiel de la Flens-Arena, sera pourtant fatal aux Slovènes, qui vacillent face aux contre-attaques allemandes au retour et encaissent vingt buts dès la première période . Le Croate Blazenko Lackovic frappe huit fois pour Flensburg, le Polonais Marcin Lijewski sept fois, le légendaire ailier danois Lars Christiansen cinq fois. Barcelone subira la même correction fatale dans le chaudron allemand en quarts de finale aller (31-21, 29-34 au retour). Flensburg ne cédera qu'au bout d'une finale brûlante contre son voisin de Kiel (28-28, 27-29).

9 buts de retard

Montpellier contre Kolding (Danemark) en 2004-2005 (8es de finale)
29-38 à l'aller, 36-25 au retour (65-63)

Deux ans après la renversante et légendaire finale contre Pampelune (19-27, 31-19, lire ci-dessous), Montpellier refait le coup, avec une unité de plus. « Longtemps, on est restés très friables à l'extérieur, se remémore l'éternel entraîneur héraultais, Patrice Canayer. Mais à domicile, on avait la conviction que l'on pouvait renverser des montagnes. C'était vrai dans nos têtes et dans celles des adversaires. On avait écrit cette histoire.» Punis de leur indiscipline au Danemark (38 buts encaissés, du jamais vu dans l'histoire du club), les Languedociens renversent tout une semaine plus tard à Bougnol, comblant leur retard dès la première période (18-9 à la pause). « Quand je suis entré sur le parquet pour l'échauffement, la salle vibrait comme jamais. J'ai eu des frissons», dira Nikola Karabatic (4 buts). Laurent Puigségur, le capitaine, avait remis son brassard en jeu sur ce match. Il n'aura pas à le rendre après le festival de Thierry Omeyer (20 arrêts) et de Michaël Guigou (11 buts), entre autres. En quarts de finale, les Montpelliérains vivront un autre ascenseur émotionnel invraisemblable contre Flensburg: vainqueurs 36-22 à l'aller, virtuellement éliminés à la sirène finale au retour, avant un miracle signé Grégory Anquetil, un but d'un tir masqué, fusant, sur le coup franc direct de la dernière chance (19-22). Le MHB tombera en demi-finales contre Ciudad Real (24-30, 33-31).

8 buts de retard

Montpellier contre Pampelune (Espagne) en 2002-2003 (finale)
19-27 à l'aller, 31-19 au retour (50-46)

La légende ultime. Le premier titre de champion d'Europe d'un club français, au bout d'un retournement de situation jamais vu à ce stade, face à une armada couronnée deux ans plus tôt, avec Jackson Richardson, Mateo Garralda ou Mikhaïl Iakimovitch. A l'aller, Montpellier avait sombré, sauvé d'un désastre absolu par l'incroyable match de Nikola Karabatic (11 buts), dix-neuf ans. «On s'était plantés car c'était notre première finale et on avait voulu gérer ce match comme les autres, or une finale n'est pas un match comme un autre, raconte Patrice Canayer. On a alors préparé le retour de manière exceptionnelle sur le plan mental, grâce à certains joueurs qui ont tenu un rôle très important.» «Dès le réveil, le matin, dans notre hôtel à la Grande-Motte, en regardant les potes dans les yeux au petit déjeuner, j'ai senti qu'on était prêts, se remémore Grégory Anquetil. C'était une question de fierté car à l'aller, on n'avait pas joué. Mourir, d'accord, mais pas gratuitement. Les cinq premières minutes à Bougnol, c'était plus du catch que du handball. En un quart d'heure, on avait remonté sept buts (11-4).» Quand Michaël Guigou s'envole, à trois minutes du terme, pour marquer son dixième but d'un tir dans le dos en total déséquilibre (29-18, 57e), le miracle est accompli. Avec parmi ses héros, trois futur Parisiens, Thierry Omeyer, Nikola Karabatic et Bruno Martini (aujourd'hui manager général du club de la capitale), qui sauront s'en souvenir à l'heure d'écrire l'histoire dimanche contre Kielce.

7 buts de retard

FC Barcelone (Espagne) contre Rhein-Neckar (Allemagne) en 2013-2014 (quarts de finale)
31-38 à l'aller, 31-24 au retour (62-62, le Barça qualifié grâce à la règle des buts marqués à l'extérieur [31 contre 24])

Trois ans avant le foot, voici la grande «remontada» des handballeurs du Barça. « On avait commencé à utiliser le terme un an plus tôt, lorsqu'on avait éliminé l'Atletico Madrid (ex-Ciudad Real) en quarts de finale en remontant déjà un gros écart (20-25, 32-24), rappelle le Nantais et ancien Blaugrana Eduardo Gurbindo. On savait qu'on pouvait le faire, mais on avait vécu une semaine compliquée après le match aller (31-38, avec 14 buts du futur Parisien Uwe Gensheimer pour Rhein-Neckar). Xavi Pascual, notre entraîneur, était très énervé et on était très déçus car on avait une super équipe, manquer le Final Four aurait été une catastrophe. Mais Niko (Karabatic), Danijel Saric et Victor Tomas nous avaient particulièrement mobilisés et, alors que l'ambiance est vraiment moyenne le reste de la saison dans notre salle, là, c'était exceptionnel, je n'avais jamais vu le Palau comme ça.» C'est l'un des matches qui ont écrit la légende de Karabatic en Catalogne (7 buts, meilleur marqueur de la partie). Trois autres actuels Parisiens ont vécu ce retournement mémorable, Viran Morros côté barcelonais, Gensheimer et Kim Ekdahl du Rietz chez les Löwen. Le Barça s'était ensuite incliné en demi-finales contre le futur champion, Flensburg (36-36, 3-5 aux t.a.b.).

6 buts de retard

Vardar Skopje (Macédoine) contre Plock (Pologne) en 2014-2015 (8es de finale)
26-32 à l'aller, 31-20 au retour (57-52)

Raul Gonzalez, l'entraîneur parisien, a lui aussi réussi à redresser une situation fortement compromise, en mars 2015 avec le Vardar Skopje, qu'il avait rejoint un an plus tôt. Malmenée en Pologne par Plock, dirigé par son compatriote Manuel Cadenas, son équipe réussit un coup de force au retour avec le soutien du bouillant public de la salle Jane-Sandanski, où elle s'impose par onze buts d'écart. L'actuel joueur de Kielce Alex Dujshebaev y a tenu un rôle majeur, meilleur buteur du match avec neuf buts inscrits. Le souvenir est en revanche plus douloureux pour son coéquipier Marius Jurkiewicz et pour le gardien parisien Rodrigo Corrales, qui portaient alors les couleurs de Plock. Le Vardar s'était ensuite incliné en quarts de finale contre Kielce (20-22, 31-33) mais confirmait son installation dans le Top 8 continental, prélude à son triomphe au Final Four deux ans plus tard.

publié le 5 mai 2019 à 11h00
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