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Olivier Krumbholz, sélectionneur des Bleues : « On va remettre sérieusement de l'ordre dans la maison »

Olivier Krumbholz espère aider ses joueuses à se remettre d'aplomb. (S. Boué/L'Équipe)
Olivier Krumbholz espère aider ses joueuses à se remettre d'aplomb. (S. Boué/L'Équipe)

Déçu par le début de Mondial de l'équipe de France, le sélectionneur espère aider ses joueuses à « retrouver la clé » pour ne pas connaître la désillusion d'une élimination prématurée.

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Il s'est assis et, comme à son habitude, s'est lancé pour un petit mot sans question préalable. En incipit : « On n'est toujours pas guéris. » C'est que les joueuses d'Olivier Krumbholz n'ont gagné aucun de leurs deux premiers matchs, pourtant à leur portée. Déjà tourné vers la suite, le sélectionneur tire la sonnette d'alarme avant le match contre la faible Australie, pas si anecdotique que ça, mardi (11 heures).

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« Comment expliquez-vous les difficultés actuelles, en attaque notamment ?
Déjà, il y a interaction entre difficultés individuelles et collectives, une interaction négative. Le manque de discipline dans le jeu n'aide pas les individus à briller. J'espère qu'on va enfin prendre conscience que les clés, on les connaît et on ne les a toujours pas mises en oeuvre. On est clairement en difficultés dans le domaine du mental. Je pense que c'est un mélange de stress, lié peut-être - ce qui peut paraître paradoxal mais ne l'est pas quand on connaît le sport de haut niveau - à une situation confortable qu'on gère mal.

C'est-à-dire ?
L'équipe de France a toujours les meilleures performances dans les Mondiaux pré-olympiques, qu'on a toujours joués avec une rage folle car on n'était pas qualifiés pour les Jeux. Aujourd'hui, malheureusement et même si les joueuses s'en défendent, on gère mal le fait qu'on est déjà ''olympique''. D'autant plus que c'est peut-être doublé, chez certaines, d'une peur de ne pas y être sélectionnées. Donc ça devient très compliqué dans les têtes. J'ai bon espoir qu'enfin on va se mettre en ordre de bataille. En ce sens, le match de demain (mardi) peut faire sourire mais il est extrêmement important, car on doit à la fois faire preuve de rigueur mais aussi d'initiative. Aujourd'hui, on n'est pas au pied du mur mais au bord de la falaise. Il n'y a plus de questions, il faut tout gagner.

« Pour rester chasseur, il aurait fallu qu'on travaille le double. On est la proie aujourd'hui »

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Ce manque de ''rage folle'' vous surprend-il ?
Ce n'est pas une surprise totale. Il y avait des signes avant-coureurs, c'est vrai. Depuis la finale de l'Euro (gagnée 24-21 face à la Russie), on a été médiocres en Golden League en mars, médiocres en septembre où on gagne péniblement en Islande (23-17). Malheureusement, on ne se voit pas souvent et quand on se voit, on ne travaille pas avec assez de rigueur et de discipline. On va remettre sérieusement de l'ordre dans la maison, car dans leurs têtes, il y a confusion. Plus l'art est travaillé, plus il est maîtrisé et il est libre. Et elles veulent tout faire sur le terrain, mais n'importe comment, donc le jeu devient un cafouillis.

L'équipe de France travaille moins qu'avant ? Ou moins bien ?
Pour rester chasseur, il aurait fallu qu'on travaille le double. On est la proie aujourd'hui. La proie des arbitres aussi, clairement, depuis deux matches nous sommes extrêmement sanctionnés, l'arbitrage est impitoyable avec ceux qui ne dominent pas dans cette compétition. Donc on était devenus la proie et on va redevenir chasseurs.

Les joueuses ont-elles conscience du danger d'une élimination ?
J'espère, mais ça fait deux mois qu'on leur dit ! Bien sûr qu'on peut être éliminés. Je pense que la compétition a été mal abordée dans pas mal de têtes. [...] Cela fait deux ans qu'on travaille dans le bonheur de réussir. Aujourd'hui, il faut qu'on se remette en cause, tous, les coachs aussi (je ne parle pas du staff qui fait un boulot extraordinaire). Il y a peut-être une forme de confort, j'en sais rien. Mais on est avec elles, il faut qu'on trouve les clés. »

Un avenir pas forcément compromis
Huit victoires et elles seront championnes du monde. Vu comme ça - surtout quand on n'a battu ni la Corée ni un petit Brésil - cela semble ambitieux, mais les Françaises gardent leur destin en main dans ce Mondial. Elles peuvent même, avec un concours de circonstances, rallier le tour principal avec le maximum de points (4), ce qui constituerait une voie royale inespérée aujourd'hui.
Évidemment, après la victoire prévue face à la très faible Australie mardi, il faudra battre l'Allemagne (mercredi) et le Danemark (vendredi), si possible en creusant des écarts pour être mieux classé en cas d'égalité à plusieurs équipes. Il s'agira également de surveiller les affrontements directs dans ce groupe B très homogène, comme Corée-Brésil, Danemark-Allemagne (mardi tous les deux), Danemark-Brésil (mercredi) et Allemagne-Corée (vendredi). Chaque point comptera pour accrocher l'une des trois premières places qualificatives. P. Me.
publié le 2 décembre 2019 à 10h49
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