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Pauline Roussin-Bouchard : « Travailler, c'est dans mon caractère »

Pauline Roussin-Bouchard lors de l'Evian Championship en 2019. (S. Franklin/Getty images/AFP)
Pauline Roussin-Bouchard lors de l'Evian Championship en 2019. (S. Franklin/Getty images/AFP)

Cinq mois après son entrée à l'université de Caroline du Sud, Pauline Roussin-Bouchard est devenue n°1 mondiale amateur. L'élève d'Alain Alberti disputera l'Augusta National Women's Amateur début avril.

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« Vous êtes la nouvelle n°1 mondiale amateur depuis le 13 janvier. Quelle a été votre réaction en le découvrant ?
De la surprise ! Je ne m'attendais pas à passer devant Atthaya Thitikul (la Thaïlandaise, n° 2 désormais), du moins avant qu'elle ne passe professionnelle. Un de mes coachs universitaire m'a envoyé un message disant : "Regarde qui est devenue n°1 mondiale ! ". Je ne m'y attendais pas du tout. C'est en partie grâce à la réforme du ranking, qui met en valeur les derniers résultats.

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Mais c'est aussi grâce à vos très bons résultats tout au long de l'année, avec notamment quatre victoires...
C'est surtout le résultat de beaucoup de travail, et d'une certaine osmose dans mon équipe : Alain Alberti, mon entraîneur, Patricia Meunier-Lebouc, qui fait le relais, Amélie Cazé, ma préparatrice mentale, Frédéric Lambertin, mon préparateur physique et David Ames, mon coach de putting. Cet encadrement me permet de bosser dur, d'avoir toujours envie de faire mieux. C'est dans mon caractère aussi, de beaucoup travailler et de ne pas rester sur mes acquis. J'ai juste eu un petit passage à vide l'été dernier, puisque j'ai passé un mois à réviser pour mon bac. J'ai tout donné pour Evian (cut manqué) ou les Championnats d'Europe par équipes, je regrette juste de ne pas les avoir préparés comme j'aurais voulu. Mais je n'avais pas vraiment le choix (rires).

En quatre épreuves individuelles disputées depuis votre arrivée aux États-Unis, vous en avez remporté une et signé un Top 3. Comment expliquez-vous cette adaptation si rapide ?
Dès mon premier tournoi en septembre, je me suis rendu compte que la routine d'entraînement exigée n'était pas du tout la même que la mienne. J'ai toujours eu l'habitude de jouer mon parcours et de m'entraîner beaucoup après, de 1 à 4 heures. Aux États-Unis, c'est bien différent : on n'a qu'une seule partie de reconnaissance et pas deux, on joue parfois à cinq sur les recos' et l'après-midi, la coach ne nous donne qu'une heure pour l'entraînement. L'avantage, c'est que ça nous permet de rattraper nos cours, d'étudier et de garder de l'influx. Mais j'ai été obligée de m'adapter, et vite !

Ce système américain est-il mieux que celui que vous aviez avant ?
Non, je ne pense pas. Mais ça ne sert à rien de se battre contre. Je l'ai accepté dès le premier tournoi, j'ai modifié mes routines... Et je gagne le tournoi d'après ! C'était un peu une récompense d'avoir bien analysé cette nouvelle situation et de ne pas s'être agacée. Et puis, l'université américaine me correspond bien : c'est très structuré, on travaille beaucoup et j'ai toujours beaucoup bossé. Amélie et Patricia m'ont aussi aidé à m'acclimater.

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« En soi, les séances de sport sont moins intenses que ce que je faisais à la maison »

Pauline Roussin-Bouchard

Certains golfeurs européens ressentent de l'éloignement et une certaine solitude en arrivant aux États-Unis. Était-ce votre cas ?
Je n'ai pas du tout eu le mal du pays. Pourtant, j'ai passé les cinq dernières années à être tous les jours, tout le temps avec ma maman. Mais je pense que c'est grâce à ce lien familial très fort, avec mes parents, mon frère et ma grand-mère, que je me sens bien ici, à distance. Le reste s'équilibre naturellement. Je suis bien les cours, j'ai des bonnes notes, je m'entends bien avec toutes les filles de l'équipe, ma colocataire est devenue ma meilleure amie, les coachs de la fac sont super... Ce tout a créé un équilibre qui me permet de tout faire à fond.

On sait l'entraînement physique primordial dans les facs américaines...
(Elle coupe) En soi, les séances de sport sont moins intenses que ce que je faisais à la maison. En étudiant via le CNED en France (Centre national d'enseignement à distance), j'avais quasiment la même structure. Le plus dur, c'est plutôt le réveil à 5h45 le mardi et le jeudi (rires). Les séances sont adaptées pour une équipe de sept filles, avec certaines moins physiques que d'autres. Du coup, je me rajoute des séances de cardio que Frédéric m'envoie chaque semaine depuis la France, je me suis lancée dans la natation, et je fais aussi de la muscu avec le préparateur physique de la fac.

Comment se constitue votre nouveau staff là-bas ?
Les coachs américains font partie de mon cercle, mais ils m'aident sur des choses très basiques. Tout ce que je travaille techniquement, ce n'est qu'Alain ou Patricia qui y touchent. Depuis mon arrivée en août, je leur envoie mes swings quasiment tous les jours, et ils me répondent dans la minute. On se voit tous les deux ou trois mois pour une grosse session d'entraînement, qui nous permet de planifier les semaines suivantes.

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Vous avez été invitée à l'Augusta National Women's Amateur, qui se tient la semaine précédant le Masters. Est-ce un rêve de découvrir ce temple sacré du golf ?
C'est clairement un truc de fou ! D'autant que je n'y serai pas la seule Française, puisqu'il y aura Candice Mahé et Lucie Malchirand, dont je suis très proche. Être toutes les trois à Augusta, ça va être dingue. Je connais déjà un peu le parcours du Champions Retreat (celui des 36 premiers trous) mais j'ai la chance de pouvoir y retourner en amont du tournoi. On va essayer d'y aller deux ou trois fois avec ma coach Kalen Anderson, qui sera ma caddy pendant l'épreuve. Ça nous permettra de bien prendre nos marques.

La case "n°1 mondiale amateur "étant cochée, quels sont vos autres objectifs pour l'année 2020 ?
Je vais passer les cartes du LPGA Tour dès cette année. J'espère rester dans le top 5 mondial jusqu'à fin août, ce qui me permettrait d'aller directement à la seconde étape, en octobre. Après, tout dépendra de ma saison, entre Augusta et les tournois nationaux avec la fac... Même si j'ai ma carte, j'hésite à me laisser une deuxième saison amateur et à ne passer professionnelle qu'en juin 2021. »

publié le 23 janvier 2020 à 13h11 mis à jour le 24 janvier 2020 à 10h10
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