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Marc Farry, à l'issue du premier tour du MCB Championship : « C'est inadmissible pour des professionnels »

Marc Farry lors du Scottish Senior Open 2018. (DR)
Marc Farry lors du Scottish Senior Open 2018. (DR)

Chef du clan français à l'issue du premier tour du MCB Championship (par, 11e), Marc Farry n'a que peu goûté la lenteur du jeu ce jeudi aux Seychelles. Explications du co-dessinateur du parcours.

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« Êtes-vous satisfait de votre premier tour ?
Bien sûr, parce qu'il a fait très chaud, très humide. On a parfois eu des lies très bizarres sur le fairway car le parcours a reçu beaucoup d'eau ces dernières semaines. La balle devenait alors mal portée, avec très peu d'herbe dessous. Ça m'est arrivé au trou n°9 : j'avais un coup de 35 mètres à jouer en plein milieu du fairway, et je n'ai pas réussi à me rapprocher à moins de 6 mètres du trou. Et puis il y a eu mon double bogey au 14, où j'ai fait un très mauvais coup avec une balle qui est partie à gauche dans l'obstacle d'eau. Mais dans l'ensemble, cette partie était bonne.

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Les parties se sont disputées en plus de 5 heures, avec pourtant six trous joués en voiturette (13-18). Faites-vous partie des anti-jeu lent ?
Et comment ! Le jeu lent est quelque chose d'horrible, surtout avec l'humidité. Attendre sur tous les coups, avec les mains qui transpirent et très peu d'endroits où l'on peut se mettre à l'ombre... Je le dis : c'est inadmissible pour des professionnels. On a identifié depuis un certain nombre d'années ceux qui sont lents mais ils ne font pas d'efforts. 5h15 pour boucler ma partie... Je suis assommé.

« La véritable solution, ce sont les points de pénalité »

Quelle est la politique du Staysure Tour, le circuit senior européen, en matière de jeu lent ?
Elle est simple : il n'y a aucune pénalité. Mais cela est en train de changer. Je fais partie du comité des joueurs et on en a discuté à plusieurs reprises cette saison. L'an prochain, il devrait y avoir des sanctions pour ceux qui mettent trop de temps à jouer. Le temps donné devrait être aux alentours de 4h15 pour faire 18 trous, ce qui me paraît acceptable. Après, il pourra y avoir des parcours ou conditions compliqués, bien sûr, où l'on accordera quelques minutes de plus.

Cette décision est dans l'ère du temps, à l'image du Tour européen et du PGA Tour qui modifient leur politique...
Je pense que la véritable solution, ce sont les points de pénalité. Ils auront beaucoup plus d'impact qu'une sanction financière. La logique serait la suivante : si un joueur prend deux bad times (chronométré 2 fois par un arbitre et jugé trop lent), un point de pénalité sera infligé ; et si cela se reproduit dans la même journée, le joueur sera disqualifié. En mettant cela en place, ce serait radical. Le jeu lent est un manque de respect pour les autres joueurs mais surtout pour les co-compétiteurs du groupe. On fait tous partie de la même famille, on se connaît depuis 20 ou 30 ans sur ce circuit, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi ce phénomène ne s'arrête pas.

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« C'était un no man's land, une jungle immense »

Revenons à ce parcours du Constance Lemuria, que vous avez co-dessiné il y a 20 ans....
Les progrès de ce golf depuis sont incroyables. Le parcours a été ouvert, élagué, élargi. Il y a 7 ou 8 ans, quand on sortait du fairway, on perdait la balle. Les greens sont aussi beaucoup mieux cette année, avec une balle qui roule plus et tient mieux la ligne. Les équipes font un super travail et je pense qu'accueillir le MCB Championship va continuer de les tirer vers le haut.

À quoi ressemblait le site lorsque vous avez été appelé ?
À tout sauf un golf ! Il faut imaginer que c'était un no man's land, une jungle immense. Rodney Wright, l'architecte américain avec qui j'ai travaillé, a fait un sacré boulot. D'autant que nous n'avions que 40 hectares de site, ce qui est très restreint pour un parcours. Mais dès la première journée de repérage, Rodney savait où serait le club-house, le trou n°1... Ces architectes sont des génies ! Comme ils ne jouent souvent pas au golf, ils s'associent avec un golfeur pour prendre en compte les difficultés éprouvées par les joueurs amateurs. Il faut garder à l'esprit que les gens sont là pour s'amuser, pas pour perdre une balle par trou.

Quel a été votre apport à ce tracé ?
J'ai créé les trous n°9, 14 et 15. À la base, le 14 devait être un par-3, mais j'ai vu la possibilité de s'enfoncer dans la jungle pour le rallonger. Rodney Wright voyait le 15 en bas, entouré d'eau. Je lui ai dit : « Mais non, on peut jouer depuis la colline, il y a une vue incroyable ». En montant sur les rochers, il a immédiatement confirmé cette idée. C'est une fierté puisque ce 15 est devenu le trou carte postale du Lemuria. »

Orr brille aux Seychelles
L'Écossais Gary Orr a pris les commandes du MCB Tour Championship Seychelles grâce à une première carte de 64 (-6). Huit birdies dans la moiteur tropicale pour prendre quatre coups d'avance sur son quatuor de poursuivants : Rafael Gomez, Stephen Dodd, David Frost et Joakim Haeggman (-2). Seuls 10 joueurs ont joué sous le par sur l'étroit tracé du Constance Lemuria. « Je n'ai pas joué depuis des mois donc je ne m'attendais à rien, a expliqué Orr après sa partie. C'est une belle surprise ! Les six derniers trous sur la colline sont un challenge redoutable, avec des greens difficiles et où la chance doit parfois être de votre côté. » Côté Français, Marc Farry (par) dirige la meute devant Jean-François Remésy (+2) et Jean-Pierre Sallat (+10).
publié le 5 décembre 2019 à 18h24 mis à jour le 5 décembre 2019 à 18h33
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