L'ÉQUIPE

Tout seuls

ma liste
commenter
réagir

Si la vie reprend ainsi que chacun l'espère, si cette saloperie de virus s'éteint dans l'été naissant, nous pourrons nous diriger doucement vers les temps d'avant. Les restaurants, les bars vont rouvrir. Nous pourrons désormais voyager dans tout le pays. Nous pourrons même aller nous confiner dans une salle de sport. Mais nous n'aurons toujours pas le droit d'organiser un match de football en plein air. Nous serons le seul pays majeur du football européen à nous tenir à cette décision, et à ne pas l'avoir conditionnée à l'évolution de la pandémie et du déconfinement.

« Une décision politique opaque, et extrêmement contestable »

L'ÉQUIPE

Après l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre et l'Italie ont voté la reprise de la saison du football professionnel, nous laissant seuls avec une décision politique opaque, et extrêmement contestable, en regard des autres orientations du gouvernement. Car l'argument sanitaire ne tient pas plus que pour les autres activités déconfinées. Au-delà de l'ambiguïté des mots d'Édouard Philippe, hier soir, se réfugiant derrière les « décisions des ligues et fédérations », quand la Ligue 1 s'est abritée derrière l'interdit gouvernemental, il faut constater que le sport n'a pas été défendu par ceux dont c'était pourtant la mission.

Cette exception européenne souligne, aussi, la place du sport dans ce pays, son manque de reconnaissance en tant que culture, et la manière dont la classe politique a l'habitude de l'utiliser. Le gouvernement a fait du football un symbole du danger, par-delà le lobby de présidents de club promouvant leur pomme plutôt que l'intérêt général. Ailleurs, il est un symbole de l'optimisme, de la vie à venir, ou à revenir. Mais il a été plus simple d'en faire un exemple. Et il est plus simple, aujourd'hui, de le nier en tant qu'activité économique, à l'heure de faire repartir toute l'économie mais pas celle du sport professionnel, dont les emplois sont menacés et bientôt sacrifiés.

L'ÉQUIPE

« Personne n'a défendu l'intérêt général, personne n'a défendu le sport »

Personne n'a défendu l'intérêt général, personne n'a défendu le sport, dont la ministre même avait estimé qu'il n'était pas prioritaire, et elle a tenu parole. Jean-Michel Aulas a combattu, c'est vrai, mais son discours a été souvent inaudible, affaibli par des positions successives et contradictoires, ainsi que par l'intérêt personnel du messager. Cela ne signifie pas que tous ses arguments étaient stupides. Il est sans doute trop tard, et il va donc falloir constater, si par bonheur la pandémie ne reprend pas son cours funeste, que la vie sera plus belle ailleurs, même à huis clos. La balance entre le risque sanitaire et la nécessité de la reprise, pour atténuer la récession, était la même dans ces cinq pays de football. Seule la France a fait un choix différent. Il ne lui sera peut-être pas facile d'avoir raison toute seule.

publié le 29 mai 2020 à 10h15 mis à jour le 30 mai 2020 à 13h38
Les commentaires sont soumis à des règles de modération. lire la charte