À Madrid, Sergio Ramos est un monument, « un joueur unique » dont l'entraîneur, Zinédine Zidane, n'a de cesse de vanter les mérites ces dernières semaines. Il faut dire que le capitaine espagnol du Real Madrid (34 ans, 170 sélections) n'est pas un défenseur comme les autres : depuis ses débuts chez les professionnels, en 2004, il a marqué 70 buts en Liga, au moins deux fois plus que n'importe quel autre défenseur en activité dans les cinq grands Championnats européens.
Au XXIe siècle, Ramos est même le seul défenseur à avoir dépassé les 50 buts inscrits en Championnat (95 toutes compétitions confondues), loin devant le Brésilien Naldo (46 en Bundesliga avec Brême, Wolfsbourg et Schalke) et l'Anglais John Terry (41 en Premier League avec Chelsea). Il en a déjà marqué 4 depuis la reprise de la Liga le mois dernier, le dernier contre Getafe (1-0) jeudi. Un luxe dans la quête du titre de champion d'Espagne.
Alors c'est vrai, le départ de Cristiano Ronaldo à la Juventus Turin à l'été 2018 lui a permis de gonfler ses statistiques, car c'est désormais lui qui tire les penalties au Real (10/10 en Liga sur les deux dernières saisons). Mais Ramos est un buteur complet, capable de frapper de l'intérieur de la surface (65 buts en Championnat) comme sur coup franc direct (4) ; de la tête (38 buts), un de ses principaux atouts, comme de ses pieds (29 du droit, 3 du gauche). Et à domicile (41) comme à l'extérieur (29).
À lire le défenseur italien de la Juventus Turin Giorgio Chiellini dans son autobiographie, Ramos « pourrait être attaquant ». Ce dont ne doute pas Grégory Arnolin, qui l'a défié plusieurs fois lorsqu'il portait les couleurs du Sporting Gijon (2009-2013). « Quand il a envie et qu'il débarque sur les corners, c'est quelque chose, analysait le défenseur central français dans un entretien accordé à So Foot la semaine passée. Vu ma taille, j'étais au marquage de Cristiano Ronaldo. Mais le danger numéro deux au Real, c'était lui avec Pepe. Il y avait des consignes pour défendre sur lui, ce n'était pas de la tarte ! Contrairement au Portugais, il est super mobile et bouge beaucoup. À côté de ça, il est aussi déterminé que sûr de lui. »
Arnolin avoue même s'être parfois trouvé intimidé devant le défenseur du Real Madrid. « Il est technique, il va vite, renchérissait-il. Et surtout, il en veut tellement... »
Pour Fernando Hierro, une autre ancienne gloire du Real, Ramos est même une « anomalie » dans le football moderne. « Il est absolument remarquable, a récemment applaudi Hierro, lui-même auteur de 102 buts avec les Merengues en Liga. Auparavant, nous, les défenseurs, avions plus d'occasions de marquer, nous jouions souvent au milieu. Mais aujourd'hui, au XXIe siècle et vu son âge (34 ans), Sergio est extraordinaire. »
À Madrid, la question de sa succession devrait bientôt se poser, même si les années qui passent ne semblent pas avoir de prise sur lui. Le défenseur espagnol négocie actuellement la prolongation de son contrat, qui court jusqu'en 2021. Selon la presse locale, il réclamerait une prolongation que ses dirigeants refuseraient de lui accorder. « Il doit prendre sa retraite ici, a lancé Zidane il y a quelques jours. Je le pense et je le dirai toujours. »