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Matthieu Udol (Metz), genou en cristal, mental en titane

Cette saison, Matthieu Udol peut enfin enchaîner les matches. (E. Garnier/L'Équipe)
Cette saison, Matthieu Udol peut enfin enchaîner les matches. (E. Garnier/L'Équipe)

Victime de trois ruptures des ligaments croisés du genou droit en deux ans et demi, Matthieu Udol (23 ans), latéral gauche formé à Metz, s'y est installé comme titulaire. Il aborde le déplacement à Nantes (samedi, 20 heures, 25e journée de Ligue 1) en pleine confiance.

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Le terme de résilience apparaît souvent galvaudé. Mais Matthieu Udol, lui, le symbolise avec force. À sa place, la plupart des joueurs auraient lâché l'affaire. Le latéral gauche formé au FC Metz, où il a débarqué dès l'âge de dix ans, a en effet été victime de trois ruptures des ligaments croisés du genou droit, entre juillet 2016 et fin 2018 !

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De surcroît, la dernière est survenue le jour même de son retour à la compétition, le 1er décembre 2018, à Grenoble (1-1, en L 2), à la suite d'une autre absence de quatre mois en raison d'une distension d'un ligament. Elle aurait donc pu le décourager définitivement.

« Mais c'est la deuxième, que j'ai subie en fin de match à Saint-Étienne (défaite 1-3, le 14 octobre 2017) qui a été la plus violente et la plus difficile à vivre », révèle le natif de Metz, qui a commencé le foot à Marly (à 6 ans), où se trouve le centre d'entraînement du club, sur l'ancienne base aérienne de Frescaty. « À ce moment-là, j'étais en train de m'installer dans l'équipe, en Ligue 1, et cela a été très dur à gérer mentalement. Il a vraiment fallu que je m'accroche ».

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Au final, Udol a pris avec philosophie et un certain recul la troisième, quasi inexorable, survenue sous les yeux de Philippe Hinschberger, l'entraîneur de Grenoble, qui était son coach à Metz lors des deux premières : « J'ai été surpris qu'il joue ce jour-là (le 1er décembre 2018, donc) », confie ce dernier, qui l'avait récupéré en janvier 2016, après un prêt peu concluant de six mois dans le club filiale de Seraing (D 1 belge), « où il s'était retrouvé à jouer milieu droit, pas du tout son poste ».

Prolongé jusqu'en 2022 malgré ses blessures

« Quand ça m'est arrivé pour la troisième fois, je me suis simplement dit qu'il fallait que je change de méthode, raconte Udol. Alors je me suis fait opérer avec une technique différente, par un autre chirurgien et contrairement aux deux premières, je ne me suis pas fixé de calendrier de reprise. Je suis allé suivre deux stages à Clairefontaine, où j'ai été pris en charge individuellement et où je me suis senti moins seul. J'ai pris tout mon temps ». Et ce, en accord avec son club, qui lui a témoigné toute sa confiance, malgré ses multiples déboires, en prolongeant son contrat jusqu'en juin 2022.

En début de saison, il était le numéro trois dans la hiérarchie à son poste, derrière Thomas Delaine et Manuel Cabit (recruté cet été à l'AC Ajaccio, L 2). Mais le deuxième a été victime d'un grave accident de la route le 3 novembre (il est en rééducation à Strasbourg), quatre jours après le retour à la compétition d'Udol (en Coupe de la Ligue, contre Brest, 1-1, 4-5 aux t.a.b., le 30 octobre). Puis grâce à la qualité de ses performances, Udol a délogé le premier à la régulière de sa place de titulaire, étant aligné d'entrée à neuf reprises sur les onze dernières journées, avec une passe décisive à la clé (à Nîmes, 1-1, le 30 novembre).

« Un père rêverait de l'avoir comme fils

Philippe HINSCHBERGER, entraîneur de Grenoble et ex-coach de Metz

« Il a une force mentale extraordinaire et on est admiratifs, confesse son entraîneur, Vincent Hognon. C'est un garçon très intelligent, qui a énormément travaillé et qui en récolte les fruits. Je ne suis pas surpris de la manière dont il a réussi à revenir et à se relancer. Quand tu traverses de tels malheurs, cela te forge. »

Avec ses longues absences, il a peu d'expérience et même s'il fêtera ses 24 ans le 20 mars, « c'est un jeune joueur qui commence un peu sa carrière », estime le coach lorrain. Sur le plan du jeu « il est très complet. Il s'agit d'un excellent défenseur qui dégage beaucoup de puissance et va vite, mais il a aussi un excellent pied gauche », comme le décrit Hognon.

Ainsi, on sent qu'il prend de plus en plus confiance en sa capacité à apporter sur le plan offensif. En garçon posé et réfléchi, qui a poursuivi ses études après le Bac et obtenu un diplôme de management et « qu'un père rêverait d'avoir comme fils », selon l'expression de Philippe Hinschberger, Matthieu Udol possède une rage de vaincre décuplée : « En termes d'expérience, je ne pourrai jamais rattraper les 100 ou 150 matches manqués. Mais j'ai les crocs ! Quand je rentre sur le terrain, j'ai forcément envie d'en profiter et de tout donner. »

publié le 15 février 2020 à 09h00
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