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Les punchlines de Pape Diouf, l'ex-président de l'OM disparu mardi

Pape Diouf était réputé pour son franc-parler. (S.Boué/L'Équipe)
Pape Diouf était réputé pour son franc-parler. (S.Boué/L'Équipe)

L'ancien président marseillais (2005-2009), décédé mardi à 68 ans des suites du coronavirus, était notamment connu pour certaines de ses déclarations. Marquantes et allant droit au but, à l'image de la devise de son club chéri.

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« On naît, on vit, on part, on est tous de passage. On se succède les uns aux autres. C'est la loi de la nature », avait un jour sobrement déclaré Pape Diouf, disparu mardi à l'âge de 68 ans à cause du coronavirus. Pourtant, l'ex-président de l'OM n'avait vraiment « pas sa langue dans la poche », selon l'expression si populaire, comme il l'était à Marseille. Mais même lorsqu'il lâchait une de ses fameuses « punchlines », dont nous mettons en exergue les principales, le discours sous-jacent du Franco-Sénégalais était toujours à son image : solidement charpenté.

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De mémorables passes d'armes avec Aulas

Jean-Michel Aulas, le président de Lyon, a rendu un vibrant hommage à Pape Diouf mardi soir. Alors c'est avec une certaine nostalgie que le boss de l'OL doit se souvenir des mémorables passes d'armes qui l'ont opposé à Diouf, lorsque ce dernier présidait aux destinées de l'OM. La plus « culte » remonte à l'été 2006, au coeur des deux saisons passées par Franck Ribéry à Marseille, où Lyon a tout tenté pour débaucher le milieu offensif international, alors âgé de 23 ans et finaliste de la Coupe du monde.

« Il (Jean-Michel Aulas) est le plus fieffé menteur du football français !

Pape Diouf, en août 2006

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Alors qu'Aulas a lancé une grande opération séduction qui a largement appâté le joueur, Pape Diouf balance deux torpilles à son homologue rhodanien, en assurant que Ribéry ne partira pas. Il le qualifie de « plus fieffé menteur du football français », puis effectue une habile référence à la culture de la capitale des Gaules : « On serait un éléphant aux pattes d'argile si on se laissait déstabiliser par le premier GUIGNOL venu ». Enfin, pour porter l'estocade, il clame : « Il prend ses désirs pour des réalités. Un tel entêtement de sa part finit par nous interpeller. Aulas cherche à manoeuvrer en permanence. Mais cette fois, il est mal tombé. » Ribéry restera bien à Marseille en 2006-2007, avant de s'envoler pour le Bayern Munich.

Quinze mois plus tard, avant le Lyon-Marseille du 11 novembre 2007, Jean-Michel Aulas avait déclaré, dans une forme de chambrage perfide, puisque son équipe était alors première de L1 tandis que l'OM n'était que 19e (après 13 journées) : « J'ai ressorti les coupures de presse au début de la saison. Marseille a la meilleure équipe et a effectué le meilleur recrutement. Donc, pour nous dimanche, cela va être très très difficile... »

Aulas fait ses coups en douce...

Pape Diouf, en novembre 2007

Un chambrage évidemment guère apprécié par Pape Diouf, qui avait répondu du tac-au-tac : « Aulas est dans son rôle quand il fait ce genre de déclarations. [...] On connaît Jean-Michel Aulas. On connaît ses méthodes. S'agissant de la Ligue des champions, on ne l'a récemment entendu parler que de l'UEFA, histoire de préparer sa qualification pour les huitièmes de finale en catimini. Aulas fait ses coups en douce, donc ces déclarations correspondent tout à fait à son personnage. L'OM n'y prêtera pas attention. » Le dimanche suivant, le relégable Marseillais s'est imposé (2-1) chez le leader lyonnais grâce à un doublé de Mamadou Niang.

De tout temps, des piques contre le PSG

Juste après son premier Classique comme président de plein exercice de l'OM, qui avait battu le PSG (1-0) le 16 octobre 2005, Pape Diouf avait taclé (directement) le milieu offensif Jérôme Rothen et (implicitement) l'entraîneur parisien de l'époque, Laurent Fournier.

Jérôme Rothen, ce petit télégraphiste...

Pape Diouf, en octobre 2005

Ces derniers s'étaient plaints de fortes odeurs d'ammoniaque dans leur vestiaire du Vélodrome, ce qui avait donné lieu à une plainte contre l'OM, finalement blanchi par la Ligue. Le président phocéen avait alors lancé : « Je pense qu'on se rend compte du ridicule des déclarations de certains joueurs ou membres du PSG. Un garçon comme Rothen, ce petit télégraphiste, doit se couvrir de ridicule. »

Lors de cette même saison 2005-2006, le match retour avait donné lieu à un psychodrame tragicomique, lié à la sécurité des supporters marseillais au Parc des Princes, qui avait poussé Pape Diouf à envoyer son équipe réserve, alors en CFA 2 (N3). Le président s'était justifié ainsi, la veille de la rencontre : « Que représentent trois points face au drame annoncé que représente ce match ? L'an dernier, nous avons été caillassés sauvagement. Cette année, on s'attendait aussi un accueil de cette sorte. Nous ne serons pas ceux qui devront gérer un drame de type Furiani. Certains dirigeants pensaient comme moi que le report du match était une solution sage. Nous n'avons pas été entendus. La Ligue a fait preuve d'une incompétence absolue ! » Les minots marseillais avaient arraché un nul homérique (0-0).

Trois ans plus tard, avant le OM-PSG du 17 février 2008, gagné (2-1) par son équipe (alors entraînée par Éric Gerets), Pape Diouf lâchait : « Il n'y a pas de public haineux (à Marseille), comme on peut le voir à Paris. On sait qu'il y a là-bas une bande organisée, dont les membres se réclament du "supportérisme", mais qui ne sont que des brigands de stade. »

Le PSG actuel ne m'est pas très sympathique...

Pape Diouf, en février 2013

Puis il avait continué à tancer le PSG, passé sous pavillon qatari, alors qu'il n'était plus président de l'OM depuis déjà près de quatre ans en confiant, en 2013, avant le Classique gagné (2-0) par le PSG, au Parc le 24 février : « Le PSG actuel ne m'est pas très sympathique. C'est une équipe qui a été luxueusement bricolée avec beaucoup d'argent, là où d'autres clubs ont dû cravacher et effectuer un travail en profondeur. Ce PSG est une sorte de fabrication de luxe avec un carnet de chèques illimité. »

Un « consultant » aux crocs acérés


Ces derniers temps, Pape Diouf se comportait un peu comme une sorte de « consultant » indépendant, à même de donner ses avis éclairés sur l'actualité du football, et en particulier bien sûr, au sujet de son OM chéri. Ainsi, en juillet 2019, il n'avait pas épargné l'actuel président délégué, Jacques-Henri Eyraud : « Je ne sais pas s'il connaît le football ou pas. Certains disent qu'il ne connaît pas le foot et qu'il prend des décisions à l'emporte-pièce. Mais j'ai l'impression que pour gérer aujourd'hui l'OM, il faut connaître le milieu, en connaître les subtilités pour s'en sortir. Je ne sais pas si l'OM a les armes pour ça... »

publié le 1 avril 2020 à 19h40 mis à jour le 1 avril 2020 à 23h54
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