«Jeudi soir, pendant l'entraînement, j'étais du côté des Marseillais. J'avais les remplaçants qui faisaient leur toro juste devant moi. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à entendre les petits noms d'oiseaux depuis le parcage des supporters marseillais. Je n'ai pas tout entendu, parce qu'il y a quand même un brouhaha, mais j'ai bien senti que c'était Evra qui était visé.
A partir de ce moment-là, j'ai commencé à me focaliser sur lui. Au début, il a pris cela avec un sourire un petit peu narquois, comme il sait le faire. Mais j'ai bien vu au bout d'un moment que ça le gonflait ; je suis donc resté sur lui. Le toro terminé, je me suis aperçu qu'il se rapprochait de la barrière. A partir de là, je ne l'ai plus lâché.
Au tout début, j'ai pensé qu'il venait essayer de discuter avec un des responsables des supporters. Quand je le vois lever le bras, je me dis qu'il appelle un mec avec qui il veut parler. Mais je me rends compte que ce n'est pas du tout cela en réalité. En fait, il les toise. A ses pieds, il y a un ballon, il le ramasse et le balance vers la tribune. Et parmi les supporters, il y a déjà celui qui se prendra le coup de pied un peu plus tard. Il est déjà chaud et Evra semble l'avoir dans le collimateur dès le début.»
«J'ai envie de dire qu'Evra résiste au marquage de Rolando»
S'ensuit alors une tentative de Florian Thauvin pour calmer l'ex-capitaine des Bleus avant qu'une première altercation ne survienne. Plusieurs joueurs marseillais vont alors au devant des supporters pour tenter de les bloquer, tandis que Rolando écarte Evra de la mêlée. Toujours attentif, Stéphane Mantey explique que l'ambiance était très tendue.
«A un moment donné, je lâche un peu Evra parce que je pense que ça va partir en bagarre générale entre les supporters et tous les joueurs. Et finalement, il revient vite dans mon viseur. Le mec qui était déjà chaud revient sur le côté et doit lancer encore une insulte ou deux. Et là, Tonton Pat' pète un câble. J'ai envie de dire qu'il résiste au marquage de Rolando et il vient mettre le fameux kung fu sur ce mec-là.
Quand ça se produit, je le vois comme un truc très important, faut pas que je rate la photo. Mais sur le coup, je ne réalise pas forcément que ça fera la une du lendemain.
Rolando et Doria prennent Evra et le ramènent (vers le vestiaire) et tout de suite ça se calme. Ce qui m'a étonné, c'est la sécurité : que des supporters puissent rentrer aussi facilement, j'ai trouvé ça très très moyen. Il n'y avait pas beaucoup de stadiers portugais dans le stade, ils ont vite été débordés. J'ai eu le sentiment que si davantage de supporters étaient rentrés sur le terrain, on aurait pu craindre le pire.»
«Evra a le visage gonflé de colère»
L'altercation terminée, Stéphane Mantey continue toutefois d'observer le joueur.
«Je le vois très énervé quand il sort du terrain, c'est visible sur les photos. Quand il est raccompagné par Doria, il a le masque ; je dirais même qu'il a le visage gonflé de colère. A son retour, il est plus calme, il discute sur le banc avec Anguissa. Moi je pense qu'il discute de l'incident à ce moment-là. Mais ça ne dure pas très longtemps, un cadre du club vient le cherche pour le ramener au vestiaire. Je pensais juste que c'était Garcia qui voulait lui parler. »
Le joueur est en fait expulsé par l'arbitre avant même que la rencontre ne débute.