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Jean-Pierre Caillot (président de Reims) : « Une chance sur un million »

Jean-Pierre Caillot, le président de Reims. (Christophe Negrel/L'Équipe)
Jean-Pierre Caillot, le président de Reims. (Christophe Negrel/L'Équipe)

Jean-Pierre Caillot, président de Reims, rêve d'emmener son équipe au stade de France, même s'il ne se fait pas beaucoup d'illusions sur ses chances, ce mercredi soir, face au PSG, en demi-finales de la Coupe de la Ligue.

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Jean-Pierre Caillot avait deux rêves de président à son arrivée, il y a 17 ans. Ramener Reims en L1, ce qu'il a réussi en 2012. Mais aussi connaître une finale au Stade de France avec son équipe, lui qui a perdu une précédente demi-finale de Coupe de la Ligue, le 16 janvier 2007, contre Bordeaux (1-2). À 90 minutes d'une éventuelle dernière marche (Reims affronte le PSG ce mercredi en demi-finales de la Coupe de la Ligue), le président champenois (58 ans) ne cache pas son émotion.

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« Vous avez été pris par les larmes au soir de la qualification en demi-finales, face à Strasbourg (0-0, 4-2 aux tirs au but, le 7 janvier)...
Il y a différentes sortes de présidents de club. Je suis dans celle des passionnés. Je m'investis à fond pour mon club de coeur. On est revenus en L1 33 ans après (Reims n'a pas fréquenté l'élite entre 1979 et 2012). Sur ce match de Strasbourg, il y a eu un ascenseur émotionnel très fort après 35 minutes à dix contre onze (Nathanaël Mbuku avait été expulsé), un tir de Strasbourg sur le poteau à quelques minutes sur la fin et la série de penalties, dont notre premier raté. J'ai craqué de joie. Ça fait partie de mon tempérament. Il y avait un trop lien de bonheur.

Comment se matérialise votre rêve de finale ?
Il y a toujours une petite lumière quelque part. Des années en arrière, je suis allé voir Nantes-Sedan (finale de la Coupe de France 1999, 1-0 pour les Canaris). Sur l'autoroute, j'ai doublé tous ces cars de supporters sedanais avec les écharpes et la joie que cela représente. Ç'a déclenché quelque chose en moi en me disant : « Pourquoi pas offrir ça un jour aux Rémois ? » Chaque saison, comme on se faisait sortir dans les premiers tours des Coupes, on me rappelle que je ne vais pas encore vivre mon rêve.

« Je prends la moitié d'un paquet de chewing-gum en première période et l'autre en seconde. »

Sur ses rituels quand il assiste aux matches

Vivez-vous les résultats de votre équipe avec plus de recul aujourd'hui ?
Heureusement que j'ai réussi à commencer à me raisonner. Sans avoir aucune certitude, je sais le travail de tous mes services. Il permet au sportif de mieux s'exprimer. Ce qui nous conduit vers les résultats que l'on connaît depuis quelques années. J'ai plus confiance car je sais les moyens dont le sportif dispose. On vit beaucoup de bonheur depuis des années et j'appréhende mieux les événements. Mais je vis le match à 300 %. Je ne suis plus dans les périodes où je ne dors pas la veille des matches. J'étais le premier véhicule de stress du club. J'arrive à canaliser.

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Mais vous conservez votre rituel d'arrivée au stade...
Quand je pars de chez moi, je passe devant mon entreprise et je prends l'autoroute au même endroit. Ce qui n'est pas le chemin le plus court. J'arrive au stade 2 h 30 avant le coup d'envoi. Je salue les mêmes personnes, deux petites dames en rouge et blanc que je viens embrasser. Je rentre dans le stade par la même entrée et je passe tout de suite par la pelouse à droite avant d'aller au vestiaire. Ensuite je prends la moitié d'un paquet de chewing-gum en première période et l'autre en seconde.

« Ce n'était même pas une polémique. J'ai juste trouvé ça triste et pathétique »

À propos du refus du PSG d'accepter un jéroboam de champagne pour ses champions du monde

Est-ce le grand moment de la saison de recevoir le PSG ?
C'est un moment important quand c'est Paris, l'OL ou l'OM. Surtout quand on sait qu'on a été sevré de grandes rencontres pendant longtemps. Là, il y a une saveur spéciale car il y aura un vainqueur et un vaincu. On incarne un club de province contre la capitale. Il n'y a aucune similitude entre nous et c'est pour ça que le foot est magique car il permet d'offrir ce type de rencontre. Leur budget est au moins dix fois supérieur. Hors mutations. Les Français aiment quand David affronte Goliath.

Avez-vous digéré le refus du PSG d'accepter un jéroboam de champagne pour ses champions du monde 2018 (Alphonse Areola, Presnel Kimpembe et Kylian Mbappé) ?
Ce n'était même pas une polémique. J'ai juste trouvé ça triste et pathétique que l'on ne comprenne pas le message. Cela n'avait pas d'autre objectif que celui de renouer avec notre tradition d'accueillir les adversaires avec du champagne (c'était ce que faisait le président Henri Germain dans les années 50, 60 et 70).

La joie des Rémois, le 7 janvier, après leur victoire acquise en quarts de finale face à Strasbourg (0-0, 4-2 aux tirs au but). (Sébastien Boué/L'Équipe)
La joie des Rémois, le 7 janvier, après leur victoire acquise en quarts de finale face à Strasbourg (0-0, 4-2 aux tirs au but). (Sébastien Boué/L'Équipe)

Avec son équipe type, Reims a-t-il une chance de passer contre ce PSG ?
Il faut être lucide. Même si chaque fois que je croise un Rémois, il m'explique qu'on doit être la seule équipe au monde à les avoir battus deux fois de suite, série en cours (3-1 le 24 mai à Reims, 2-0 au Parc des Princes le 25 septembre). Le match ne sera pas équilibré. On aura presque en face de nous le onze qui jouera contre Dortmund (en huitièmes de finale de la Ligue des champions, les 18 février et 11 mars) et qui j'espère ira loin en C1. Mais on va jouer le match. La petite chance, peut-être une sur un million, pourra peut-être se révéler. Je ne connais pas la probabilité exacte. Mes joueurs auront à coeur de donner bonne figure. On garde une flamme qui dit : « Et pourquoi pas ? »

Paris est-il une richesse qui tire la compétition française vers le haut ?
C'est une chance extraordinaire. Il y a quatre stars dans le monde du foot. Ronaldo, Messi. Et notre pays en tient deux, Neymar et Mbappé. Tous les supporters me remercient de pouvoir les voir à Delaune. Même si je ne vis pas mon rêve d'aller au Stade de France, on aura fait rêver une ville au moins sur un match.

« On parle très peu des performances de cette équipe. Elle n'est pas traitée comme elle le mérite »

À propos de sa formation, actuellement 8e de Ligue 1

Votre équipe vous plaît-elle et estimez-vous qu'on en parle suffisamment ?
Je suis très content de mon effectif et de ses composantes. Tout le mérite en revient au staff en place, à la cellule de recrutement qui sait choisir les bons éléments et aux anciens qui savent accueillir les nouveaux, car il y a du turnover tous les ans. J'apprécie les belles valeurs que l'on véhicule.

Mais je suis frustré professionnellement en qualité de président. Le monde du foot est très médiatique. On parle très peu des performances de cette équipe. Elle n'est pas traitée comme elle le mérite. On nous reconnaît le mérite de bons résultats contre les gros clubs français et à chaque fois ce sont les adversaires qui ne sont pas en forme. La saison dernière, on bat Lyon (1-0, le 17 août 2018). Ils avaient marqué sur leurs 14 matches précédents. Ensuite ils ont toujours marqué. On a dû faire ce qu'il fallait.

Quand on gagne à Paris (2-0, le 25 septembre 2019), c'est parce qu'ils avaient mis l'équipe B... Mais ils jouaient notamment avec Neymar et Di Maria. Mes joueurs ne sont pas mis en évidence. La saison passée, David Guion, promu, découvrait la L1 et aurait mérité d'être nommé voire élu meilleur entraîneur de France en finissant 8e. Il n'a pas les mêmes moyens que Thomas Tuchel.

Reims, actuellement 8e de Ligue 1, est-il à l'abri aujourd'hui d'une relégation ?
Le penser, ce serait déjà se mettre en danger. Mais il y a un peu de langue de bois. Quand on voit comment a grandi le club, on veut faire plus que se maintenir. Entre la 8e et la 14e place en L1. Dans une ville économiquement moyenne, c'est notre vraie place.

Allez-vous recruter d'ici à fin janvier ?
Beaucoup de travail est fait sur le poste d'attaquant. On essaye d'être malins mais nos pistes étrangères ne vont pas aboutir parce que les clubs ne veulent plus laisser partir les joueurs. On fait le maximum pour essayer d'intégrer l'attaquant supplémentaire souhaité par notre coach. On a déjà fait signer un jeune espoir malien (El Bilal Touré, champion d'Afrique U20). On fera peut-être d'autres recrutements d'anticipation comme on l'avait fait par le passé avec Moreto Cassama et Arber Zeneli. Pour les sorties, on parle de Hassan Kamara, qui a eu plusieurs sollicitations, mais rien n'est contractualisé. »

publié le 22 janvier 2020 à 09h14 mis à jour le 22 janvier 2020 à 14h48
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